Quelle situation terrible était donc la mienne ! Au dix-huitième siècle j’avais été élevé dans le catholicisme du Moyen Âge ; à vingt-cinq ans j’étais presque aussi ignorant de l’antiquité qu’un moine mendiant du onzième siècle. C’est du sein de ces ténèbres que j’avais voulu tout à coup embrasser d’un coup d’œil et l’avenir et le passé. Je dis l’avenir ; car, étant resté par mon ignorance en arrière de six cents ans, tout ce qui était déjà dans le passé pour les autres hommes se présentait à moi revêtu des clartés éblouissantes de l’inconnu. J’étais dans la position d’un aveugle qui, recouvrant tout à coup la vue un jour, vers midi, voudrait se faire avant le soir et le lendemain une idée du lever et du coucher du soleil. Certes ces spectacles seraient encore pour lui dans l’avenir, bien