I Les deux pensionnaires du monastère des Carmélites à SoissonsLes matines venaient de finir, lorsque deux jeunes filles sortirent de l’église du couvent des Carmélites à Soissons, et, au lieu de se retirer dans leur cellule, se dirigèrent vers un petit bois situé au bout du jardin de la communauté, en face même du corps de logis du monastère. Le soleil qui venait de se lever faisait présager une grande chaleur : on était au 10 juillet de l’année 1200. – Après avoir choisi un endroit frais et agréable, les deux jeunes filles s’assirent sur un banc de gazon, au pied d’un grand sycomore qui étendait sur leur tête un ombrage frais et protecteur. Ces deux jeunes filles différaient autant de visage que de tournure. L’une portait le voile de novice, et l’autre le costume d’une demoiselle de co