Il devait être aux environs de 11 heures quand Camille ouvrit enfin les yeux.
La couleur de la peinture et l’ameublement la fait revenir vite à la réalité, tout d’un coup la soirée d’hier lui revient en mémoire. Elle se redressa brusquement regardant les quatre murs de la chambre.
Son cœur se serra et la peur l’envahît, elle venait de se rendre compte de l’absurdité de sa soirée et surtout, elle ne savait pas comment réagir face à Abriel, elle ne connaissait que son nom et espérait ne plus jamais le revoir et continuer sa vie comme si de rien était après tout personne ne pouvait deviner son secret.
L’absence de ce dernier eut un effet de coup de couteau, elle se leva pour faire le tour de la pièce et de la salle de bain puis de la maison, tout son corps lui faisait mal, mais elle n’avait pas le temps de s’apitoyer, elle devait savoir, le plateau qu’il avait déposé près d’elle sur le lit lui donna le sourire, mais ce sourire s’effaça bien assez vite.
C’était confirmé, Abriel avait quitté les lieux, la réalité la frappa de plein fouet, c’était un profiteur, il s’était bien moqué d’elle ses pensées se mélangeaient et étaient pires les uns plus que les autres. Elle ne voulait pas le croiser, mais voir qu’il l’avait abandonné, c'était affreux. Elle se dirigea vers le lit le visage crispé au bord des larmes, mais son cœur faillit sortir de sa poitrine quand elle vit le sang sur le drap blanc, c’était la preuve irrévocable que ce n’était pas un rêve.
Elle resta figée comme ça pendant longtemps à réfléchir puis comme prise de fureur, elle commençait à ranger, à tirer les draps et à renverser tout se qui se trouvait sur son passage. Ses poings tapaient le matelas qu’elle avait en face et cette encre désormais indélébile sur ce drap blanc, elle le gravera à jamais dans sa mémoire.
« Que vais-je faire de ce drap ? » c’était sa seule préoccupation du moment. Elle cessa ses caprices respira un bon coup pour mieux réfléchir, son attention fût attirée par cette enveloppe sous son oreiller, elle se leva et l’ouvrît à la hâte pour en extirper les quelques lignes qui s’y trouvaient.
« Bonjour Princesse, j’espère que tu es bien réveillée.
Je m’excuse j’ai dû partir pour une urgence, j’ai laissé la clé de ta voiture dans l’enveloppe, elle est garée devant la maison. Tu peux laisser la clé sous le pot de fleur à l’entrée.
J’ai passé une nuit inoubliable j’espère qu’on se reverra. Bisou A »
Elle soupira ne sachant quoi penser de la lettre, rien n’était précis, juste assez pour ne pas donner de l’espoir et assez pour ne pas offenser. « Quel imbécile ce Katim, tous les mêmes y’en a pas un pour rattraper l’autre, mais c’est ma faute, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même »songea-t-elle.
« Il est trop tard pour se lamenter je dois rentrer et continuer comme si de rien était j’ai assez souffert et qui sait peut-être que je ne le reverrai plus et c’est tant mieux »
Camille se doucha et remis sa robe de la veille, elle scrutait la pièce, mais se disait que c’était trop facile. Elle déposa son sac et d’un pas pressé se dirigea vers une chaise qu’elle saisit avant de commencer à saccager la maison. Les télévisions, les meubles, la vaisselle, les fauteuils tous y sont passés. Enfin soulagé elle souria puis se mord la lèvre inférieure avant de sortir laissant la porte de la maison ouverte, elle démarra sa voiture le cœur moins lourd et se rendit chez sa copine Faby.
……………………
Gnilane : Yaye, je t’avais dit de faire tes valises, Abdel est parti en voyage et Asma n’est pas là, c'est le moment de venir.
Yacine : Ah Gnilane, tu es sûre qu'Abdel est d’accord avec ça ?
Gnilane : Bien sûr Abdel approuve tout ce que je fais
Yacine : Ah là je te reconnais bien tu sais ce que tu veux et comment l’obtenir. J’avais déjà tout rangé j’attendais juste ton appel. Où est Bougouma ? Elle ne vient pas nous aider avec les bagages ? Ta sœur m’étonne
Gnilane : Maman ne me parle pas d’elle c’est mieux de prendre les camions de déménagement je te l’avais déjà dit
Yacine : C’est ce que j’ai pris key
Gnilane : Et Omar ? Il te sert à quoi lui ?
Yacine : Ton frère ne fait absolument rien Gnilane, il ne fait que dépenser de l’argent il refuse de travailler et je n’y peux rien.
Gnilane : Je vais te dire une bonne chose, Abdel ne supporte pas les bons à rien et il a intérêt à changer
Yacine : Ah espérons qu’il puisse le changer
Gnilane : Bahna gawal gneuw nak yaye namnala trop
Yacine : Ne t’inquiète pas et prépare du Yassa au poulet avec les ornements tu sais que c’est mon plat préféré
Gnilane : Je sais maman ne t’inquiète pas viens rek
…………………………
Aita C’était levé très tôt comme de coutume et c’était occupée des tâches ménagères, son mari avait pris le petit déjeuner et s’était posé sur le sofa obnubilé par son téléphone portable. Elle voulait lui parler, essayer de le comprendre, mais elle ne savait plus comment s’y prendre après 10 minutes d’hésitation, elle l’aborda.
Aita : Assalamou a’leycoum Saliou je peux te parler ?
Son mari leva les yeux vers elle, soupira et détourna le regard, mais elle prit place quand même à ses côtés.
Aita : Saliou ? Qu’est-ce que je t’ai fait ? Je t’ai mal parlé ? (En lui caressant la tête)
Saliou : Qu’est-ce que tu crois faire là ?
Aita : Je discute avec mon mari, c'est interdit ?
Saliou : Hum non
Aita : Alors je t’ai fait quelque chose de mal ?
Saliou : Non
Aita : Je t’ai manqué de respect ? Je ne remplie pas mes devoirs en tant qu’épouse ?
Saliou : Non ce n’est pas ça
Aita : Qu'est-ce que c'est alors ? Tu ne m’aimes plus ?
Saliou : Aita si je ne t’aimais plus je n’allais pas te laisser dans ma maison
Aita : Mais alors c’est quoi le problème ?
Saliou : Le problème, c'est que Aita je ne gagne pas une fortune, je me débrouille pour amener de l’argent, mais toi, tu ne réfléchis pas, au lieu de m’aider tu me mets la pression Aita ta famille est extrêmement riche, mais tu ne m’as jamais rien donné, tu trouves ça normal ? Au contraire, tu gaspilles mon argent et j’en ai marre, c'est tout.
Aita : Saliou, tu l’as dit, ma famille est riche, mais pas moi. Tu es mon mari, c'est à toi de me donner et non le contraire.
Saliou : Tu vois ta mentalité ? Je suis ton mari, mais tu ne veux pas que j’avance dans la vie, tu es égoïste.
Aita : Je ne suis pas égoïste Saliou mais j’ai des principes, j’ai mon doctorat en droit et pourtant je ne travaille pas parce que tu me l’as interdit quand nous nous sommes mariés et j’ai accepté d’être mère au foyer pour toi, je fais énormément de sacrifices, mais tu ne le vois pas.
Saliou : Mère au foyer alors que tu n’es même pas capable d’avoir un enfant
Aïta : Saliou tu oses me dire ça ? Après seulement un an de mariage, tu me blâmes parce que je n’ai pas d’enfant ?
Saliou : Aita moi ces discussions me donne des maux de tête s’il te plaît laisse tomber
Aita : Non je ne laisserai pas tomber parce que je ne te comprends pas Saliou, tu as énormément changé
Saliou : Parce que tu ne veux pas le comprendre, moi je ne te dis rien je t’observe seulement pour voir jusqu’où ça ira
Aita : Comment ça ? Saliou si tu ne veux plus de moi dis le moi ne joue pas avec mes sentiments.
Saliou : Aita excuse-moi j’ai juste besoin de temps d’accord ?
Aita : Ok si tu as fini de réfléchir tu viens me chercher chez mes parents je ne resterai pas ici plus si tu ne peux pas me traiter comme je le mérite moi je connais ma valeur.
Saliou : Comment ça tu vas chez tes parents ? Seulement à cause de ce que je t’ai dit ? Aïta ? Yaboma sah si tu sors de la maison je ne viendrai pas te récupérer que ce soit clair pour toi.
Aita ne l’écoutait déjà plus, elle prit un petit sac y rangea quelques affaires et sortie de la maison sans se retour. La belle-mère qui avait tout entendu rejoint son fils au salon.
Bintou : J’ai entendu tout ce que vous vous êtes dit et tu as très bien fait.
Saliou : Maman Aita vient de partir, tu me dis que j’ai bien fait ? Retiens-la s’il te plait
Bintou : Hey écoute-moi bien je n’ai pas donné naissance à un homme qui coure derrière les femmes, c'est clair ? Tu lui dis exactement ce qu’il fallait. Cette gamine est vraiment méchante et avare way son père gère une entreprise mais il faut qu’elle vienne te demander l’argent même pour le petit déjeuner, c'est du jamais vu
Saliou : Maman moi je connais Aita, elle a un caractère bien trempé et elle a parfaitement raison. Je suis son mari je dois pouvoir subvenir à ses besoins et c’est ce que j’ai toujours fait d’ailleurs je ne sais même pas pourquoi je ne lui ai pas dit que j’avais perdu mon travail je t’ai écouté et regarde où ça nous a mené.
Bintou : Thim Saliou, tu es l’ainé de la maison, mais tu es le plus bête et le plus manipulable toi depuis combien de temps, tu es marié à Aita ? Ça fait 12 mois et elle n’a jamais été enceinte, tu trouve ça normal ? Regarde la femme de ton frère, elle a déjà eut deux enfants, elle me rend fière, mais toi, tu t’obstines à vouloir rester avec cette femme.
Saliou : C’est Dieu qui donne les enfants maman et je prie qu’il nous donne le plaisir et le bonheur d’en concevoir Auta le mérite et moi aussi
Bintou : Dieu Dieu Dieu, arrêtez de mêler Dieu à tout même quand vous avez une panne d’oreiller, c'est Dieu, prenez vos responsabilités, c'est toi qui a épousé une stérile
Saliou se leva d’un bond
Saliou : Je ne te permets pas maman, je veux que tu respectes ma femme les enfants, c'est Dieu qui les donne.
Bintou : Ahn vas-y frappe-moi tu me cries dessus, il ne reste plus qu’à me frapper, elle t’a marabouté je le savais regarde-toi mon fils je ne te reconnais plus qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu dis-moi
Bintou se tordait dans tous les sens la tête entre ses deux mains, elle criait presque. Énervé Saliou quitte la pièce sans rien dire, il croise la femme de son mari Siré mais ne répondit pas à sa salutation.
Siré : Que lui arrive t’il ?
Bintou : Cette satanée Aita a détruit ma famille, regarde le il est comme fou, elle vient de quitter la maison pour des broutilles, ce n’est pas une bonne épouse pour lui, mais il ne m’écoute pas, elle l’a marabouté, je suis en train de perdre mon fils
Siré : Ahn maman ne dites pas ça
Bintou : J’ai raison cette femme ne sait pas gérer son ménage, elle ne cherche que les problèmes
Siré : Ah moi, je n’ai jamais eut de problème avec elle maman vraiment, je la trouve très calme
Bintou : C’est normal toi, tu es tout le temps à ton salon de coiffure, mais moi qui passe la journée avec elle, je sais de quoi elle est capable, tu peux me croire c’est un calvaire regarde, c'est pour cela que Saliou ne grossi pas. Maintenant qu’elle est partie personne ne va la récupérer.
Siré : Ne dis pas ça maman
Bintou : Siré cesse de me tenir tête si tu savais ce qu’elle fait subir à tes enfants quand tu n’es pas là, tu ne prendrais sûrement pas sa défense.
Siré : Mes enfants ? Qu’est-ce qu’elle fait à Bintou et Lamine ?
Bintou : Je ne te dis même pas, cette femme est aigrie, c'est pour cela qu’elle n’a pas d’enfant je te le dis et elle déverse toute sa colère sur mes pauvres petits enfants.
Sirè : Ah moi, je n’accepterai pas que l’on touche à mes enfants je peux les éduquer moi-même si elle veut des enfants à éduquer elle n’a qu’à enfanter, je ne laisserai pas ça se reproduire crois-moi.
Bintou : Je n’en doute pas une seconde
Siré : Je vais régler ça avec elle moi je ne vais pas la laisser s’en tirer si facilement
Bintou : En tout cas ne lui dis pas que c’est moi qui t’ai raconté ça
Siré : Non maman ne t’inquiète pas, je sais comment gérer ça.
………………………….
Camille sonna et attendait devant la maison, après quelques secondes d’hésitation, elle pensa rebrousser chemin, mais la porte s’ouvrit.
… : Asma c’est toi
Camille : Oui tata Naila
Naila : Tu voulais partir ? La bonne est dans la cuisine, c'est pourquoi j’ai mis du temps à venir ouvrir. Tu vas bien ? Tu es ravissante avec ta robe.
Camille : Merci
Naila : Entre… Toi, au moins tu es debout, Faby est dans sa chambre, elle dort depuis je ne sais pas à quelle heure elle est rentrée je ne lui ai encore rien dit j’attends que son père rentre, elle va l’entendre.
Camille : Ah d’accord
Naila : Vas-y tu peux y aller
Camille : Merci
Elle entra dans la chambre de son ami et lui sauta dessus, Faby ouvrit difficilement les yeux, énervée d’être réveillée de la sorte, mais l’expression de son visage changea quand elle reconnu son amie.
Faby : Camille ? C’est toi ?
Camille : Oui tu n’es toujours pas debout ?
Faby : Tu sais à quelle heure je suis rentrée ? Je suis morte de fatigue
Camille : Tu as bu, c'est ça ?
Faby : En quoi ça te regarde ? Et toi, tu as fait quoi hier ? Je ne t’ai pas revu de la soirée
Camille : Tu m’as abandonné non, tu es partie avec ton gars là, vous êtes des défaillantes toutes les deux.
Faby : Ne dis pas ça
Camille : Bah, c'est la vérité
Faby : Oui, c'est vrai excuse-moi vraiment, tu as raison, c'était censé être une soirée entre filles et on n’a pas été à la hauteur je suis désolée
Camille : Ce qui est fait est fait toute façon, c'est la dernière fois
Faby : Ne dis pas ça
Camille : Laisse tomber prête-moi des vêtements, je vais me doucher et me changer
Faby : Attends tu as tes vêtements d’hier ? Il s’est passé quoi Camille ?
Camille : Rien prête-moi des vêtements s’il te plaît
Faby : Non, je veux que tu me dises immédiatement Camille je ne rigole pas, tu as dormi où ?
Camille : Chez une amie à moi
Faby : Quelle amie ? Je les connais toutes
Camille : Et bien non tu ne sais pas tout de moi
Faby : Camille je suis ton amie et tu sais tout de moi alors dis-moi si on t’a fait quelque chose, je le règle tout de suite.
Camille : Faby doul à la fin tu me les casses là je n’ai pas envie de parler de cette f****e soirée tu ne comprends pas ?
Faby : Hey calme toi ok ? Je ne vais rien te demander, mais promets-moi que s’il y’a un problème tu viendras m’en parler
Camille se leva brusquement ses larmes coulaient, Faby pris conscience de l’importance de la situation et la pris dans ces bras en essayant de la rassurer.
Faby : Camille ne pleure pas vas te doucher repose toi et après on se change les idées d’accord ?
Camille hocha la tête Faby les mains de part et d’autres de la tête de son amie la regardait sans savoir quoi dire la colère lui montait à la tête.