VBeaucoup de princes ont pu vivre sans être doués de courage. Cette qualité ne leur est pas d’un usage journalier ; mais dans l’instant où ils en auraient besoin, si elle vient à manquer, leur réputation se trouve tout à coup ruinée. Gaston d’Orléans était absolument privé de courage ; ses autres vertus ne lui ont jamais servi qu’à dissimuler sa faiblesse. S’il eût voulu se tenir en repos, feindre d’approuver ou du moins de supporter le despotisme du cardinal, s’éloigner des cabales, fermer ses oreilles aux plaintes de ses amis et se renfermer dans sa sphère élevée de fils de France, jamais on n’eût découvert la timidité de son caractère ni la lâcheté de son cœur. Par malheur, la nature lui avait donné le privilège de jouer avec aisance toutes sortes de rôles, et, comme tous les peureux, i