Eh ! combien s’est-il vu d’honnêtes dames qui, ayant été surprises sur ce fait, tancées, battues, persuadées et remontrées, tant par force que par douceur, de n’y tourner jamais plus, elles promettent, jurent et protestent de se faire chastes, que puis après pratiquent ce proverbe : Passato il pericolo, gabbato il santo, et retournent encore plus que jamais en l’amoureuse guerre. Voire qu’il s’en est vu plusieurs d’elles, se sentant dans l’âme quelque ver rongeant, qui d’elles-mêmes faisaient des vœux bien saints et fort solennels, mais ne les gardaient guère, et se repentaient d’être repenties, ainsi que dit M. du Bellay des courtisanes repenties ; et telles femmes affirment qu’il est bien malaisé de se défaire pour tout jamais d’une si douce habitude et coutume, puisqu’elles sont si peu