CHAPITRE 1

634 Words
Mei était une étudiante de vingt ans habitant une petite ville du Maine : Portland, situé dans le nord de l'État, longeant la péninsule de la baie de Casco. Au pic de son ascension Portland était un haut lieu du commerce avec les bateaux commerciaux. Les docks étaient connus pour la vente à la criée amenant une ambiance joviale et dynamique. Mais la grande dépression, la crise économique de 2008 et l'exode rural ont fait périr le succès pourtant grandissant de la bourgade du Maine. Résultat, il ne restait plus grand monde dans cette petite ville, et les docks autrefois surpeuplés tous les matins étaient à présent désertés de tous touristes. Seuls, les vieux pêcheurs partaient en mer à l'aube et ne revenaient qu'à la tombée de la nuit, par tout temps, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il y ait des tempêtes. Le même cycle, le même travail jours après jours, pauvres pécheurs, partit à l'assaut de la mer, pour pouvoir espérer vendre la marchandise, nourrir leur famille et rembourser le crédit qu’ils avaient pour réparer leurs bateaux. Mais, la pêche n'était plus aussi prospère qu'avant, étant dans un monde de plus en plus mondialisé la population grandit de seconde en seconde, à l'inverse de la nature, qui elle, s'amenuise vite, très vite. Les nombreuses restrictions se font quant à elles, de plus en plus nombreuses, sur la race, la taille ou la forme des poissons. Il ne faut plus pêcher de Thon rouge, plus de Barbotte brune, plus de Nigro, plus de Tétra aveugle, alors que leur restent-ils ? plus grand-chose. L'hiver était plus froid qu'ailleurs, le soleil semblait avoir fui cette ville, et le brouillard dominait à toute heure de la journée comme de la nuit. C'est dans ce contexte que Mei a décidé d'emménager pour recommencer une nouvelle vie. Sa mère était une célèbre artiste à son époque, mais ayant mal vieilli, le grand Hollywood lui avait tourné le dos pour des adolescentes tout juste sorties des jupons de leur mère. Elle avait sombré dans sa bulle de célébrité, pensant qu'elle était encore à son apogée, mentant sur ses futurs projets de film à qui voulait l'entendre alors que la réalité était tout autre. Elle restait cloîtrée chez elle, enchaînant les paquets de cigarettes et les bouteilles d'alcool dans ses anciennes tenues d'actrices pour le plus grand bonheur des voisins d’en face, qui n’en perdaient pas une miette. Le père de Mei? Elle ne l'avait jamais rencontré, sa mère ne parlait jamais de lui, c’était un de ses sujets que l’on pouvait considérer comme tabou dans la famille. Alors avec quelques économies en poche Mei a fui le nid nocif familial et a cherché la plus petite ville sans intérêt des États-Unis pour recommencer son existence, pour vivre sa vie comme elle l'entendait, et surtout, loin, très loin de sa génitrice. Il était 7h40, Mei avait environ dix minutes de trajet à faire à pied pour se rendre à sa nouvelle Université, le UNP - School. Elle n'était pas stressée comme n'importe quelle fille de son âge dont la seule préoccupation était de se demander si elle allait arriver à se faire des amies, ou alors de quelle manière elle allait se vêtir. Non, Mei n'avait pas eu la chance de pouvoir se préoccuper de ce genre de chose, sa mère avait toujours compté sur elle pour gérer les problèmes et les responsabilités de la famille. Elle était désignée comme la mère quand sa propre mère avait le rôle de l'enfant. Elle avait perdu son innocence, sa naïveté, mais elle avait gagné une grande maturité pour son âge, une maturité certes, forcée. Le téléphone de Mei sonna. Elle regarda l'écran et vu “ O’Connell ” , elle ferma les yeux, prit une bonne et longue inspiration et finit par décrocher :
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