VINGT ANS PLUS TARD
LINDA
Claude : tu te rends compte que tu as failli te faire prendre ?
Moi : Bah ce sont les risques du métier...
Elle : je t'ai dit plusieurs fois que ce truc est risqué...
Moi : c'est me p********r qui est mieux peut-être ?
Elle (vexée) : non mais au moins tu ne risques pas la prison ou la mort.
Moi : Hummmm ! Bref j'y vais...
Elle : Linda je sais que tu as été habituée à vivre comme bon te semble et que personne ne s'est vraiment jamais soucié de toi mais moi je m'inquiète pour toi et si quelque chose de mal t'arrive je me sentirais mal.
Moi : hmmmm, j'ai compris. T'inquiète, je serai prudente.
Elle : ok...
Je la laisse planté là et vais m'apprêter pour sortir. Si je veux avoir de quoi manger, il va bien falloir que je me bouge.
Je sais que Claude s'inquiète pour moi mais elle n'en a vraiment pas besoin car toutes ces années, j'ai su prendre soin de moi et ce sera toujours le cas. Je ne suis pas du genre à attendre que la manne tombe du ciel ou encore à attendre le bon samaritain. Avec le temps, j'ai appris que toutes ces histoires n'existent que dans les films.
Je finis de ranger la d****e dans mon sac et puis je sors. Il va falloir que je vide ce stock ce soir car j'ai des dettes à rembourser.
J'arrive au lieu de rdv. J'aime souvent arriver trente minutes avant mon client. Ça me permet d'avoir une longueur d'avance. Hier j'ai failli me faire prendre car la police a débarqué au bar dans lequel j'ai travaillé hier soir pour faire une fouille. Heureusement j'ai su dissimuler ce qu'il me restait.
Aujourd'hui, je suis encore plus sur mes gardes. Je suis là depuis près de cinq minutes déjà et je ne sais pas mais il y a un truc qui cloche. Cette rue est beaucoup trop déserte pour que ce soit normal. Une femme comme cette cliente ne me donnerait pas rdv dans un lieu pareil. Ce genre de femme est du genre plein aux as mais peureuses donc je ne suis pas très rassurée. Je regarde à gauche et aperçois une voiture arriver. Les vitres sont fumées. Ça ne sent vraiment pas bon, je crois qu'il faut que je m'en aille.
Lorsque je fais un pas en arrière, j'entends au loin.
« Arrêtez là ! Elle va s'en fuir »
J'ai démarré un de ces marathon mince. Je n'ai jamais couru ainsi de toute ma vie. Heureusement je maîtrise bien le couloir de ce quartier donc j'ai pu les semer. J'arrive à l'appartement en courant et essoufflée. Claude me regarde sans trop comprendre.
Elle : Qu'est-ce qui se passe Linda ?
Moi : cette femme m'a piégée. La police a failli me prendre.
Elle : tu vois ce que je te dis ? Tu ne peux pas continuer ainsi.
Moi : je sais mais je ne peux pas me p********r.
Elle : mais il y a pleins d'autres choses à faire...
Moi : comme quoi ? Tu sais bien que je n'ai pas de diplôme...
Elle : Oui mais tu ne peux pas continuer à faire ce truc c'est risqué.
Elle n'a pas tout à fait tort mais il y a cette dette que je dois rembourser... Où vais-je pouvoir trouver du travail qui de plus me rapportera autant que ma came.
Au même moment mon téléphone sonne... Je regarde c'est mon fournisseur. Je suis sûre que c'est pour son argent. Je préfère ne pas répondre.
Je réfléchis un bon moment et puis je crois que je n'ai plus vraiment de choix...
Moi : je crois que je vais essayer de faire comme toi. Tu penses qu'il y a de la place pour moi là-bas ?
Elle : tu es sûre de pouvoir le faire ?
Moi : si tu n'es pas morte depuis là c'est que je m'en sortirais également.
Elle : OK... Et tu veux commencer quand ?
Moi : même maintenant si possible.
Elle : Hummmm mais ça ne va pas être possible dans ces vêtements.
Elle va dans sa chambre et m'apporte une robe que je ne me serais jamais vu porter même pas dans mes pires cauchemars tellement c'est court.
Moi : je suis obligée de mettre ça ?
Elle (agacée) : faut te décider Linda, je suis déjà en retard.
Moi : OK... J'y vais !
Je ramasse ce bout de tissu et vais rapidement prendre une douche avant de l'enfiler.
Lorsque je reviens, je trouve la paire de talons qui va avec que je mets aussitôt.
Claude : regarde-toi comment tu es toute belle habillée en femme.
Moi : tsuip. !
Elle : aka viens t'asseoir ici je te maquille vite.
Je m'exécute et une terminé, on s'en va même comme j'ai du mal à marcher avec ces talons.
Lorsqu'on arrive dans la rue où elle travaille, il y a un tas d'autres filles comme elle. Je commence à me demander si je n'ai pas fait une erreur en acceptant de venir ici. Et puis comment me faire du fric de cette façon.... Pfff
Claude : tu vas te placer ici et n'hésite pas à chasser les clients surtout ceux qui ont la voiture eux ils payent bien. Moi j'ai déjà rdv avec un client. On se retrouve ici plus tard. Dans le sac que je t'ai donné il y a des préservatifs et des trucs qui pourront te servir. Reste prudente.
Moi : OK...
Lorsqu'elle s'en va, je suis complètement perdue. Je ne sais même pas où commencer et les autres filles ne font que me dévisager. En voulant avancer, je trébuche mais quelqu'un me retient par derrière.
: vous devriez faire attention...
Moi : Euh désolé !
Il veut partir mais je me rappelle que je suis ici à la chasse et puis il n'est pas mal comme homme. Allez Linda tu peux le faire.
Moi : Euh monsieur...
Lui : Oui !
Je veux faire un pas mais je trébuche et cette fois encore il m'empêche de tomber.
Lui : vous allez finir par vous casser les pieds avec ces choses
Les autres filles à côté n'arrêtent pas de se moquer de moi.
Moi : je voulais juste savoir si vous ne vouliez pas que je vous accompagne enfin que je... Bref, vous voyez...
Je baisse la tête mais je peux sentir son regard interrogateur sur moi.
Lui : pourquoi pas... Un peu de compagnie ne me fera pas de mal.
Lorsqu'il me fait monter dans sa voiture, les autres filles me fusillent du regard alors que moi je jubile de l'intérieur car j'ai eu un client même si j'appréhende énormément.
Ça fait près de cinq minutes qu'on roule et je le trouve silencieux. Ça me stresse un peu ; alors je décide d'engager la conversation.
Moi : vous avez l'habitude de venir à cet endroit ?
Lui : Oui pour acheter du poulet. Le monsieur le fait très bien.
Moi : Ah OK... Et où est-ce qu'on va ?
Lui : vous avez peur ?
Moi : Euh non...
Mais bien sûr que j'ai peur. Finalement je me demande si la police n'était pas mieux.
Lui : pourtant tu devrais...
Cette fois mon cœur commence à battre 100 à l'heure. Il l'a sans doute remarqué puisqu'il éclate de rire.
Lui : je rigole
Moi : hummm !
Il roule un bon moment encore jusqu'à un hôtel. Je crois que c'est maintenant que la compagnie est sensée commencer.
Il descend, alors je le suis toujours autant stressée. Ça va être ma première fois... Et jamais je ne l'aurais imaginé ainsi.
Il fait une réservation puis récupère la clef et monte au premier étage. Je continue de le suivre malgré la peur au ventre. Lorsqu'on arrive dans la chambre, je remarque deux lits et une table sur laquelle il dépose le paquet contenant du poulet et d'autres choses.
Lui : je reviens...
Moi : Euh ok !
Il prend son téléphone et va vers le balcon.
Il revient quelques instants après toujours au téléphone.
Lui : moi aussi je t'aime mon ange. Bonne nuit... T'inquiète tu sais que je suis toujours sage.
Il raccroche enfin alors que moi j'ai du mal à comprendre.
Moi : c'était votre copine ?
Lui : oui !
Je veux rajouter quelque chose mais je me retiens
Lui : tu peux parler tu sais ? Je ne vais pas te mordre (sourire).
Moi : pourquoi la tromper si vous l'aimez ?
Lui : qui a dit que je vais la tromper ?
Moi : mais euh et moi alors ?
Lui : bah, tu me tiens compagnie.
Je le regarde sans comprendre. Il se dirige vers le paquet et sort le plat de poulet.
Lui : viens manger !
Moi : je n'ai pas faim...
Lui : ce n'était pas une question...
Il me lance un de ses regards qui me glace le corps tout entier alors je m'exécute. Seigneur si tu as dit que c'est aujourd'hui que je meurs, ainsi soit-il...
On commence à manger pendant qu'il zappe les chaînes à la télé.
Lui : comment tu t'appelles ?
Moi : Linda !
Lui : cool moi c'est Samuel mais tu peux m'appeler Sam !
Moi : ok !
Lui : que faisais-tu dans cet endroit ?
Moi : je travaillais...
Il plisse les yeux et me regarde
Lui : hum, Tu es plutôt maladroite pour faire ce genre de travail
Moi : c'est mon premier jour et il fallait bien que je trouve un truc à faire pour éponger mes dettes.
Lui : à combien s'élèvent-elles ?
Moi : 150000 Fcfa !
Lui : hmmmm !
Il se lève et va dans la salle de bain se laver les mains puis revient et prend une sorte de carnet dans son sac et un stylo. Il écrit je ne sais trop quoi puis déchire la page et me donne.
Lui : voilà un chèque de 300000Fcfa... Demain tu rembourses ta dette, tu vas t'acheter des vêtements corrects avec le reste et tu reviendras me trouver ici à 13h avec ta valise.
Il se lève et va se coucher sur l'un des lits dans la pièce.
Lui : quand tu finis éteins la lumière. Bonne nuit !
Moi : Euh ok !
Cet homme ne fait que me surprendre. Alors que je tiens ce chèque en main, je peux m'empêcher de me poser un tas de questions. En tout cas oh, je n'ai pas volé donc...
******
Claude : nooon tu blagues...
Moi : bien-sûr que non !
Elle : pour rien comme ça, Il t'a donné 300000Fcfa !
Moi : c'est comme je te dis là
Elle : il est très louche cet homme.
Moi : il veut qu'on voyage tout à l'heure. Tu devrais venir.
Elle : j'ai encore des choses à faire ici et puis cet homme on ne le connaît pas
Moi : aussi bizarre que ça puisse paraître, je lui fais confiance.
Elle : hmmmm ok... Mais n'oublie pas, reste prudente stp et appelle-moi !
Moi : OK !
Je prends 50000 et lui remets. J'ai remis ma dette et j'ai fait des achats comme il me l'a demandé mais pas avec tout l'argent bien évidemment.
Je tire ma valise et fais un dernier câlin à Claude. Elle va vraiment me manquer. Je ne sais pas où me mènera ce voyage mais je suis prête à saisir cette opportunité que m'offre la vie.
*********
Après 3h de route, nous voici dans la capitale politique. C'est ici que je suis née apparemment mais je n'y ai plus remis les pieds depuis. Ça me fait tout drôle d'être là.
Sam est toujours aussi silencieux même s’il lance quelques blagues de temps en temps. Tout à l'heure encore il a parlé avec sa copine. Il semble beaucoup l'aimer. Ça me confirme juste une chose : je peux lui faire confiance.
On gare devant une maison pas très grande et assez simple mais jolie.
Lorsqu'il sonne, c'est une belle jeune femme qui vient ouvrir. Peut-être bien sa copine.
Elle me prend également dans ses bras avant de me céder le passage. Je ne sais pas pourquoi mais son visage me dit quelque chose.
Sam : Linda voici Elodie ma sœur. C'est elle qui prendra désormais soin de toi
Moi : je vous ai déjà vu à la télé.
Lui : Oui, c'est madame le maire.
Elodie : bienvenue Linda, ici tu es désormais chez toi, je vais te présenter aux autres.