Je la prends une nouvelle fois dans mes bras et une fois de plus je m'y sens bien.

2170 Words
LINDA (Linda Chanel Fouda)   Alors que Sam prend congé de nous, Elodie va me présenter aux filles mais elle également ne tarde pas à partir car elle a du travail. Avant elle me fait faire le tour et m'explique un peu comment ça se passe ici. Dans l'ensemble, je suis contente d'être là. Je ne suis pas très croyante mais je sais que Dieu a un plan pour chacun de nous. Je suis comme une feuille, je n'hésite pas à aller où le vent m'emmène. Pour moi rien ne se fait au hasard. Mais c'est quand même un sacré courage que j'ai eu là... Suivre un inconnu ainsi ; et si ça avait été quelqu'un de mauvais. Je préfère ne plus y penser. L'une des filles, Blanche, me montre la chambre dans laquelle je vais dormir. La maison n'est pas si grande que ça mais elle est mille fois mieux que l'appartement que je partageais avec Claude. En parlant d'elle, ça me ferait plaisir qu'elle me rejoigne ici mais si je lui demande, sera-t-elle prête à abandonner cette vie pour me rejoindre ? Une fois installée dans la chambre, je prends mon téléphone et appelle Claude.   Elle : Merci mon Dieu, tu es encore en vie. Moi : t'avais prévu me tuer ? (Rire) Elle : arrête, ce n'est pas drôle... Je me suis inquiétée. J'ai été idiote de te laisser partir en plus toute seule. Tu imagines s’il t'était arrivé quelque chose ? Je ne me le serais jamais pardonné. Moi : arrête Claude c'est passé et puis il ne m'est rien arrivé de grave au contraire et je voudrais qu'on en parle si tu veux bien. Elle : je t'écoute... Moi : Sam en fait c'est le Frère de Elodie Mbella je ne sais pas si tu as entendu parler d'elle. Elle est maire ici à Yaoundé. Elle : je crois que j'ai dû entendre parler d'elle. Raison de plus pour t'éloigner d'eux. Tu connais ces politiciens avec les crimes rituels. Moi : Ah laaa t'as fait fort mdr.... Je suis sol avec le rire. Non mais façon tu es inspirée là hein. Bref je peux t'assurer que ce sont des bonnes personnes et c'est pourquoi je voulais te proposer de venir ici. Je te raconterai tout dans les détails. Elle : tu veux déjà m'embarquer dans quoi de louche Madame ? Moi : en tout cas, rien avoir avec la d****e ou la p**********n. Elle : hummmm ! Moi : je sais que toi et moi nous ne sommes pas très proches mais fais-moi confiance. Elle : ok, je te fais confiance... Au fait si toi tu estimes que nous ne sommes pas proches, sache que moi je te considère comme ma seule famille. Je prends le bus demain matin. Tu passes une bonne soirée. Moi : Euh merci... Bonne soirée !   Je raccroche mais avec un brin de tristesse car j'ai bien vu au ton de sa voix que je l'ai choqué avec mon "nous ne sommes pas proches" et puis qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ? Depuis que je me suis retrouvée à la rue, elle est la seule qui m'a aidée mais moi j'ai toujours été renfermée et difficile avec elle. Alors que tout ce qu'elle a fait c'est vouloir mon bien. Ce n'est pas pour me défendre mais on ne peut pas me reprocher d'être méfiante et distante. Je n'ai jamais connu l'amour donc pour moi, tous ceux qui s'approchent de moi viennent me faire du mal même si aujourd'hui j'ai la preuve du contraire. Et s’il était temps de changer ma façon de voir les choses ? Pendant que je range mes affaires, Blanche revient me trouver et s'assoit près de moi. Je me sens un peu mal à l'aise.   Elle : tu n'as pas à te méfier de moi. Quand je suis arrivée ici, j'étais comme donc je peux imaginer comment tu te sens. On a toutes une histoire ici mais on se bat pour avancer et j'espère que tu feras pareil. Dans tous les cas, je te souhaite la bienvenue parmi nous. Moi : merci... Euh Blanche ? Elle : Oui ? Moi : comment tu t'es retrouvée ici ?   Elle vient se rasseoir puis soupire avant de commencer à me raconter son histoire.   Elle : mon père est mort quand j'avais l'âge de 12 ans. On n’était pas super riche mais on ne se plaignait pas. Ma mère a donc hérité des biens de mon père du coup, on n’a pas eu du mal à s'en sortir. Sauf que trois ans plus tard, ma mère est tombée amoureuse d'un g****o de la pire espère qu'elle n'a pas hésité à ramener à la maison. Ça sautait pourtant aux yeux qu'il n'était avec elle que pour son argent mais comme on dit l'amour rend aveugle. Ma mère était devenue aveugle et quiconque essayait de lui ouvrir les yeux devenait son ennemi. Elle a ensuite épousé cet homme et peu à peu il a commencé à prendre le contrôle de tout. Je ne pouvais pas le supporter alors lui et moi c'était l'eau et le feu. J'ai dit à ma mère qu'elle pouvait partager son argent avec son mari mais que moi mon héritage elle ne devait pas le toucher sinon, je la trainerais en justice une fois que j'aurai 18 ans. J'avais alors 16 ans à ce moment. La situation allait de mal en pis. Je comptais les mois qui me séparaient de la majorité. Sauf qu’un an plus tard, alors que ma mère était allée en voyage pour un deuil, il m'a violé... Je regarde ses yeux qui commencent à briller on dirait qu'elle va pleurer et je peux ressentir toute la colère qu'elle éprouve.   Moi : je suis désolée ! Elle : lorsque je l'ai dit à ma mère, bien évidemment elle ne m'a pas cru. Ma vie dans cette maison est devenue infernale. Il a finalement réussi à convaincre ma mère que j'étais une ennemie et que si elle me laissait faire, j'allais la dépasser plus tard. Alors ma mère m'a mise dehors. Je me suis retrouvée à la rue à 17 ans sans savoir où aller. La première nuit je l'ai passée dans un snack. Dans des commentaires j'ai entendu un gars dire qu'il avait besoin d'une serveuse dans son bar. Je suis allée vers lui pour lui demander s’il pouvait m'offrir cette place. Je n'étais pas mal physiquement alors il a accepté. J'ai essayé de lui expliquer ma situation et il a accepté de m'aider mais à condition que j'accepte travailler pour lui. J'étais étonnée puisque je travaillais déjà pour lui sauf que lui parlait d'une autre sorte de travail. Je devais travailler dans son bar de 18h à minuit et de minuit à 6h, il me trouvait des clients avec qui je devais passer la nuit. C'est lui qui percevait l'argent en échange, il devait me loger et me nourrir. J'ai accepté puisque je n'avais pas d'autres choix. Sauf que trois ans plus tard, mon bilan était nul. Je n'avais rien et je prenais conscience des risques que j'en courrais mais à quel prix ? Vivre dans un appartement luxueux mais rien dans un compte en banque. J'ai suivi une interview d'Elodie où elle parlait de cet endroit alors j'ai dit à mon boss que je ne pouvais plus travailler avec lui. Comme je m'y attendais, il m'a menacé et insulté en disant que sans lui, je ne serai rien. Je m'en foutais... Pour moi, je n'avais plus rien à perdre alors, je suis venue ici. Ça fait un an que je suis là... J'ai passé mon baccalauréat il y a quelques mois que j'ai eu et actuellement je suis une formation dans une université de la place payée par Elodie. Je ne fais pas la publicité mais Linda sache que tu es au bon endroit. Peu à peu je retrouve goût à la vie et même si je ne suis pas encore complètement guérie, je sais que ça viendra.   Moi : tu es si forte... Elle : on l'est toute ici et même toi. Je te l'ai dit, chacune de nous a son histoire. Notre objectif c'est de pouvoir mener ce combat avec Elodie et aider le maximum de jeunes filles. Si tu veux bien mener ce combat avec nous, sache que tu es la bienvenue. Bon je te laisse te reposer... On dîne dans une heure donc sois là. Moi : OK... Blanche ? Elle : Oui ? Moi : Merci ! Elle : c'est à Dieu que tu dois dire merci. Moi : Oui mais à toi aussi... Merci d'avoir partagé ton histoire avec moi et merci parce tu viens de me faire comprendre beaucoup de choses. Elle : cool !   Elle s'en va alors que je continue de ranger mes affaires non sans penser à notre conversation. Des fois on pense qu'on vit la pire des situations mais il suffit de regarder autour de nous pour comprendre qu'en fait notre situation est une grâce d'une certaine façon. Son histoire me rappelle un peu celle de Claude mais ce que j'admirais chez Claude et que je trouvais en même temps agaçant c'est le fait qu'elle ne se plaignait jamais et je me demandais comment elle pouvait avoir une vie aussi merdique mais garder le sourire. Aujourd'hui je comprends qu'on peut décider de laisser les situations de la vie nous dépasser ou décider d'avancer avec le sourire en embrassant toutes les opportunités que nous offre la vie. Aujourd'hui, je choisis la deuxième solution. Je ne veux plus vivre dans le passé, je ne veux plus me demander pourquoi moi mais je veux dire "Mon Dieu que ta volonté s'accomplisse".   Je finis de ranger mes affaires et vais retrouver les filles avec qui je passe un super moment. Chacune me parle de son vécu et de ses nouvelles résolutions. Ça me donne énormément de courage pour la suite.   *********   Claude m'a appelée ce matin pour me dire qu'elle avait déjà pris le bus mais je m'inquiète un peu parce que je n'ai pas prévenu Elodie, je me dis que peut-être trouvera-t-elle cela osé et déplacé de ma part. Je demande son numéro à l'une des filles et l'informe de la venue de Claude. Contrairement à ce que je pensais, elle n'est pas en colère au contraire. Elle me fait comprendre qu'elle sera là en soirée avec le pasteur Mardochée. Je finis de parler avec elle et raccroche alors que je n'arrête pas de me demander qui est le pasteur Mardochée et que vient-il faire ici  ? De toutes les façons, ce n'est pas si mal au final un pasteur et puis ça me rassure un peu plus encore sur les intentions de Elodie.   ********   Je tiens Claude dans mes bras et je dois dire que c'est bien la première fois que je me sens ainsi. Je suis si contente de la voir. C'est bizarre car ce n'est que maintenant que je me rends compte de l'impact qu'elle a eu dans ma vie.   Elle : arrête, tu vas m'étrangler Moi : peu importe, je suis contente de te voir...   Elle me regarde, tellement étonnée par ce que je viens de dire j'avoue que moi aussi (rire). Je récupère sa valise et ferme la porte derrière moi. Je l'entraîne vers le salon où sont les filles. Je leur ai dit que Claude arrivait donc elles se sont arrangées à être là pour l'accueillir. Tout comme avec moi, c'est avec amour et joie qu'elles l'accueillent. Elles lui posent un tas de questions sur son voyage et tout. Je sens que Claude est toujours un peu méfiante et je crois que je la comprends un peu.   Une fois qu'on arrive dans la chambre...   Moi : je suis contente que tu sois là ? Elle : hmmmm alors qu'on n’est pas proches ?   Moi : je suis désolée de l'avoir dit et je crois que je ne le pensais vraiment pas. Tu es la première personne dans cette vie à m'avoir tendu la main sauf qu’avec tout ce que j'ai vécu je me suis renfermée... Elle : excuse-moi mais moi aussi j'en ai bavé dans cette vie au cas où tu l'aurais oublié mais moi je t'ai fait confiance et je t'ai raconté ma vie alors que toi, tu n'as fait qu'être distante, méfiante et désagréable. Moi : je te jure que je le regrette vraiment... Laisse-moi une autre chance et je saurai être la sœur que tu as été pour moi...   Laure frappe à la porte puis entre...   Elle : désolée de vous déranger mais Elodie sera là bientôt donc faut vous apprêter. Moi : ok...   Elle sort et je me reconcentre sur Claude qui semble perdu.   Moi : fais-moi confiance... Désormais plus rien ne sera pareil. Elle : ok !   Je la prends une nouvelle fois dans mes bras et une fois de plus je m'y sens bien. 
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