– Et moi aussi. Elle prétexta une indisposition, et se retira : – Et moi aussi, j’aime, répéta Juliette dès qu’elle fut seule ; et moi aussi j’aime de toutes les puissances de mon être. Cette découverte lui causa une joie excessive. Elle regardait depuis longtemps avec ennui ce que le monde appelle plaisirs ; son existence lui semblait uniforme et insignifiante, car Juliette avait trop d’esprit, elle était trop grave et trop formée pour trouver une nourriture qui suffit à son imagination, dans les misérables occupations que l’on donne aux jeunes personnes pour endormir leurs pensées et les retenir dans un état de végétation semblable à l’enfance. Son organisation était trop parfaite et trop belle pour que son cœur ne sentît pas le besoin ardent d’une patrie nouvelle ; aussi lorsqu’elle