Chapitre VIII Rien ne prépare deux âmes à l’amitié comme la ressemblance des destinées, surtout quand ces destinées ne sont pas heureuses. DE CHATEAUBRIAND. Il serait difficile de peindre les divers sentiments qui remplissaient le cœur d’Emma en s’éloignant ainsi avec l’enfant que la Providence venait de lui confier. Enfin elle ne sera plus seule : un petit être charmant va occuper sa vie ; il l’entendra, lui répondra ; ses émotions, ses peines, ses plaisirs, tout sera partagé. Mais hélas ! quel déchirant souvenir viendra altérer cette douce jouissance ! Cette femme infortunée, cet affreux tableau de la mort qu’il n’est plus possible d’effacer de sa mémoire !… « Pauvre mère ! tu ne la verras plus, cette chère enfant que tu m’as tant recommandée, disait-elle tout bas : tu n’auras plus l