Soufflé par l’insulte, Jean-Philippe serra les poings. Comme il pâlissait sous le coup de l’émotion, la constellation d’étoiles rousses ressortit davantage sur son visage lunaire. Jamais encore, Johan ne s’était permis une remarque désagréable sur son embonpoint. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il était son seul copain. Les autres garçons de la colonie, eux, pouvaient dire ce qu’ils voulaient. Il s’en fichait. Mais pas Johan, son poto, son frangin. Des larmes, venues de très loin, s’échouèrent au rivage de ses paupières. Il les essuya d’un coup de manche à tout faire mais ne put réprimer le hoquet qui dérivait avec les déferlantes. Johan, toujours occupé à jouer à rien dans la poussière, releva la tête, puis la baissa à nouveau. — S’cuse-moi. J’voulais pas dire ça. — Tu m’as tr