Je me réveille difficilement.
Je n’avais pas aussi bien dormi depuis si longtemps. Je ne sais plus à quand cela remonte.
Je me sens tellement bien qu’un sourire se dessine aussitôt sur mes lèvres.
Je sais qu’il est là, à côté de moi.
Je me tourne pour me blottir contre lui et venir respirer son odeur.
Je peux sentir ses muscles sur les doigts de ma peau.
Cependant, il ne sait pas comment agir et reste parfaitement immobile.
Elio.
Mon Elio est là.
Je laisse mes doigts glisser entre les poils bouclés de son torse tandis que je passe une jambe autour de sa taille.
Je sais que c’est mal.
Mon corps n’agit qu’à l’instinct.
Du plus loin que je puisse m’en souvenir, j’ai toujours aimé Elio.
C’est pour ça que la photo de l’homme posant ses lèvres sur les miennes n’est rien d’autre qu’une erreur.
Je n’ai jamais pu être intime avec un autre homme. Non pas parce que les opportunités ne se sont jamais présentées, mais parce que aucun ne peut faire battre mon cœur comme le fait Elio.
Il faut que je parte.
Je ne peux pas m’empêcher de pousser des soupirs en sentant ses mains glisser sur ma cuisse et mon dos.
Il teste mes limites. De même qu’il teste ses limites.
Je ne le repousse pas.
J’ai pu le faire durant trois années parce que je me suis enfuie de la maison. Je n’ai jamais pu le repousser face à face. J’en suis incapable.
Elio a eu la noblesse d’âme de me laisser vivre comme je l’entendais durant ces trois années.
J’avais besoin d’être seule. J’avais besoin de me reconstruire et de pardonner.
Je sais qu’il était toujours là.
Je sais qu’il portera ses crimes pour le restant de ses jours, comme je porte les miens.
Pendant ces trois années loin de lui, je pouvais voir son reflet ou sa silhouette de temps à autre. Parfois même, il m'arrivait de sentir son parfum devant ma porte d'entrée.
Il attendait simplement, en me regardant, caché, que j’accepte finalement de lui revenir.
Je sais pertinemment que Santo ne serait jamais venu me chercher si je n’avais pas commis l’erreur de laisser cet homme m’embrasser.
Plus j’y pense et plus je me dis que j’ai quelque part dû faire exprès de laisser faire. Je devais sans nul doute possible vouloir provoquer Elio.
Mais, ce n’est pas lui qui est venu me chercher.
La Famille s’en est chargée à sa place.
Je retire ma jambe de sa taille et je me tourne pour lui faire dos. Je ferme de nouveau les yeux, bercée par l’odeur de son parfum contre ma peau.
Elio m’entoure de ses bras et se met à embrasser ma nuque. Je peux sentir son érection contre le creux de mes reins.
Je laisse ses mains glisser sous le t-shirt qu’il a dû me mettre hier soir. Je ne dis rien non plus lorsque ses doigts explorent entre mes jambes.
«Amore Mio… » il murmure contre ma nuque.
Je frissonne juste au son de sa voix. Je lève un bras derrière moi pour poser la main sur l’arrière de sa tête et le guide vers mes lèvres.
Ah.
Le bonheur sur Terre.
Elio m’embrasse passionnément et je me tourne de nouveau vers lui pour lui faciliter l’accès à mes lèvres.
La lumière passe délicatement à travers les rideaux de la chambre.
Je peux enfin le voir et je sens encore les larmes couler sur mes joues.
Ses yeux bleu marine semblent presque noirs sous l’absence de lumière forte. Il porte une chemise blanche simplement boutonnée sur le bas et un pantalon noir.
« C’est nouveau », je déclare presque en un murmure tout en passant les doigts dans la barbe épaisse qu’il a laissé pousser.
« Ça te plaît ? », murmure-t-il en se penchant pour m’embrasser encore. « Si j’avais su que tu venais, je me serais rasé. »
Je fais non de la tête et je lui rends b****r pour b****r. « Ça me plait », lui dis-je pour toute réponse. Mon corps et mon âme se réveillent sous ses caresses. « Elio… s'il te plaît. »
« Cosa vuoi, Amore mio ? » (que veux-tu, mon Amour ?)
« Voglio Te » (je te veux), je lui avoue à mi-mots. Je pousse un gémissement de plaisir en sentant un de ses doigts en moi. Je suis obligée de fermer les yeux pour apprécier encore plus la sensation de sa présence dans mon ventre. « Si », je me mets presque à chanter alors qu’il en rajoute un second.
Je sens l’o*****e monter et je dégage rapidement la main de mon entre-jambe pour le pousser sur le dos.
Elio pose tendrement une main sur le sommet de ma tête. Il sait parfaitement ce que je compte faire et m’aide à retirer son pantalon et le boxer qu’il porte.
Je viens m’agenouiller entre ses jambes, mais je ne peux pas m’empêcher de lancer un regard vers sa jambe droite.
Elio attrape ma mâchoire et se courbe pour venir m’embrasser.
Je saisis son membre à deux mains tandis qu’il continue de m’embrasser et je fais de lents mouvements de haut en bas.
Je quitte enfin ses lèvres pour continuer à déposer des baisers sur son torse. Je suis une ligne invisible sur son ventre.
Elio pousse un râle et serre ses doigts dans mes cheveux au moment où je le prends entièrement en bouche. Il guide ma tête sur son membre en me murmurant des mots d’encouragements.
« Amore Mio… arrête », m’ordonne-t-il au bout d’un moment.
Je me redresse aussitôt et me lèche les doigts, trempés par ma propre salive alors que je prenais soin de lui.
Elio se redresse pour venir s’adosser contre la tête de lit et me tire vers lui.
Je me place tout de suite au-dessus de lui et il me guide, une main sur ma hanche et l’autre sur la base de son membre.
Je ne peux même pas pousser un soupir que déjà, Elio m’embrasse encore à pleine bouche.
« Elio », je le supplie encore. Il sait parfaitement ce que je veux. De même que je sais parfaitement ce qu’il veut.
Slap.
Le bruit d’une claque sonore retentit et je pousse enfin un cri de soulagement.
La brûlure sur ma fesse fait battre mon cœur. Il n’y a qu’Elio qui ait le droit de me toucher ainsi. Il n’y a que lui capable de me faire frissonner ainsi.
Elio soulève le bas de mon t-shirt pour le retirer et mort à pleines dents sur ma poitrine.
« Si », je chante à moitié délirante par le rythme effréné qu’il vient de prendre.
Elio me tient fermement par les hanches et s’enfonce frénétiquement en moi.
Il se crispe un instant et se fige. Aucun de nous n’ose plus bouger à présent.
Ainsi, nous nous regardons, essoufflés, refusant de mettre un terme à nos retrouvailles.
Lentement, Elio me soulève pour sortir de la chaleur de mon ventre et guide mes hanches au-dessus de lui. Il se laisse glisser un peu plus bas sur le lit et me pose délicatement contre sa bouche.
Je dois appuyer mes deux mains à la tête de lit et me mordre les lèvres pour ne pas crier de plaisir. Je peux sentir l’intrusion de ses doigts en moi et les caresses rapides de sa langue. « Elio… » je l’appelle quand je me sens au bord de l’évanouissement.
Il m’entoure de ses bras et m’allonge sur le dos. Je peux le sentir passer la tête de son membre sur mon entrée pour venir la lubrifier de nouveau.
Je ne veux pas de cette position. Je veux qu’il me punisse pour être partie et il le sait.
Je pose rapidement une main sur sa poitrine pour le repousser et me tourne à quatre pattes.
Je sens la main d’Elio exercer une pression entre mes omoplates, puis venir saisir mes cheveux. Je laisse mon visage s’enfoncer dans le matelas duveteux tandis que j’écarte un peu plus les jambes.
Slap.
Je pousse un gémissement de satisfaction.
Slap.
Je jure que je pourrais jouir juste sous les fessées qu’il est en train de me donner.
Slap.
« Elio… » je le supplie « Voglio te. »
Je souris à m’en faire mal aux joues en le sentant enfin commencer d'entrer en moi.
Il s’enfonce avec tant de force en moi que je dois m’accrocher aux draps. Je me sens enfin vivante.
J’inspire bruyamment sous chacune de ses intrusions. Je respire. Elio est en train de me ramener à la vie.
C’est comme si mon cœur se remettait enfin à battre au bout de trois ans de gel.
Je le sens en moi. La peau me picote là où il m’a fessée. Mon cuir chevelu me brûle et me donne des frissons supplémentaires.
Il se retire subitement et je pousse un gémissement de déception.
Elio me tire par le bras et me guide vers la table en chêne de notre chambre. Celle qui fait face à la fenêtre.
Je ne peux pas m’empêcher de lui lancer un regard inquiet, et je m’appuie contre lui pour le soutenir.
Elio dépose un b****r au sommet de ma tête.
D’un geste sec, il envoie valser la nappe en dentelle fine et brise le vase qui s’y trouvait désespérément vide sans moi pour y mettre des fleurs fraîches.
Il me donne un nouveau b****r et me tourne pour que je sois face à l’espace qu’il vient de créer devant moi.
Il tient d’une main ferme mes cheveux et tire ma tête en arrière pour venir embrasser mon cou. Son autre main serre cruellement mon sein gauche et je jure qu’il cherche à savoir si mon cœur bat toujours aussi fort pour lui.
Je pose une main sur sa hanche. Je le veux en moi.
Elio sait exactement ce que je désire et me pénètre d’un mouvement sec. Je suis obligée de me mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir suivre ses mouvements. Il me penche en avant et passe un bras sous mon ventre pour que je ne me blesse pas sur l’arête de la table.
« Elio… » je commence à chanter.
Il se retire pour me tourner rapidement sur le dos. Il pose les deux mains sur ma gorge tandis qu’il me pénètre de nouveau en un rythme effréné.
Je m’accroche à ses avants bras, écartant encore les jambes pour le sentir plus profondément dans mon ventre.
Et, je pousse un cri silencieux.
Mon corps et mon cœur tremblent en le sentant enfin éclater en moi.
Le râle de Elio s’élève dans le silence de notre chambre tandis qu’il s’étale sur moi.
Je passe les bras autour de sa tête et joue avec les mèches de ses cheveux courts en déposant des baisers contre sa tempe.
Il finit enfin par me regarder.
« Mi manchi », murmure-t-il contre mes lèvres.
Je lui fais oui de la tête et je laisse encore une larme couler sur ma joue.
« Tu me manques aussi… »
« Mi manchi ogni secondo che passa », continue-t-il en tentant d’étouffer l’émotion dans sa voix.
Je me contente de hocher la tête tandis que je l’embrasse encore. « …à chaque seconde qui passe. »
Elio m’aide à me relever. Il tourne sèchement la tête sur le côté en entendant son réveil sonner. Il me lance un des regards indéchiffrables caractéristique des hommes de sa famille, puis passe ses mains derrière ma nuque.
« Ne va pas travailler », m’ordonne-t-il.
« Si. Je vais me préparer et m’occuper de remplir ton estomac. Et, ensuite, j’irai travailler… dans le bureau », je réponds en prenant la direction de notre salle de bain. Je me suis dépêchée de corriger ma phrase sur la fin pour le rassurer.
Je ne peux pas le contrarier. Pas tant qu’il est dans la même pièce que moi.
Je me fige sur place quelques instants quand j’ouvre la porte. Toutes mes affaires sont encore là. Dieu !
Lorsque je sors enfin de la douche, Elio entre dans la pièce marbrée et se contente de m’observer sans rien dire. Ses yeux guettent chacun de mes mouvements et chacune de mes expressions.
Je commence à me maquiller comme il l’aime. Je mets son rouge préféré, celui qui tire presque sur le rose fuchsia. J’applique le far à paupière irisé d’or qui donne une teinte particulière à mes yeux caramel.
Elio arrête mon geste et vient prendre le pinceau pour venir appliquer lui-même le far sur mes yeux.
Je ne me maquille jamais en dehors de notre salle de bain. Elio ne supporterait pas que de la poudre tombe au sol et risque de tacher le tapis. Je ne dois pas le mettre en colère. Pas après trois ans de fuite. Surtout pas aujourd’hui.
Je vois le regard méprisant qu’il pose sur mes mains et je serre tout de suite les poings pour tenter de les cacher à sa vue. Je n’ai pas mis de vernis. Je dois toujours être soignée jusqu’au bout des ongles pour Elio.
Je lui fais un sourire et sors de la chambre pour me pencher au-dessus de mon sac à main. J’en tire un écrin à bague. Celui qui contient celle qui m’unit à lui. Celle qui lui signale que je lui donne tous les droits sur moi et commence à la glisser à ma main gauche.
Elio m’arrête et prend le bijou entre ses doigts pour le mettre à mon annulaire.
Mon cœur bat la chamade.
Je me sens comme le jour où il m’a demandé en mariage.
Il faut que je parte. Je ne peux pas rester plus longtemps.
Je ne veux pas partir. Je suis comme morte sans lui à mes côtés.
Il passe les bras autour de ma taille et appuie le front contre mon épaule. Il se met à basculer d’un pied à l’autre, nous faisant ainsi danser sur une mélodie douce que lui seul peut entendre.
« Sole mio (soleil de ma vie), il faut que je me dépêche de descendre… », je murmure à contrecœur. Je veux rester plus longtemps entre ses bras. Mais, il brise chacune de mes résolutions juste en touchant ma peau.
Elio me tire vers le dressing et j’attends. Il a toujours été celui qui choisi mes vêtements, mes chaussures et les bijoux que je dois porter pour la journée.
Je m’assois tranquillement dans le canapé duveteux de la pièce qui nous sert de dressing.
Il revient vers moi et me tend de la lingerie fine et une robe droite bleue nuit, comme ses yeux. De plus, elle tombe juste sous les genoux et le tissu est extrêmement confortable. Le col est rond et laisse à peine voir la naissance de mes clavicules. Les manches masquent le haut de mes épaules. La taille est parfaitement cintrée. Je n’ai pas besoin de demander pour savoir que le vêtement a été fait sur mesure pour moi.
Elio pose un genou à terre et attrape délicatement mon mollet pour venir y glisser une paire de talons hauts en peau de python blanche et noire. Il se penche et pose un b****r sur ma cheville.
Je me tourne et me dirige vers ma coiffeuse. J’attends, le dos droit tandis que Elio passe une chaîne en or où pend une médaille en forme de soleil. Au centre, scintille un diamant blanc autour duquel a été gravé la lettre G.
« Ça te plait ? »me demande-t-il quand il me voit jouer avec le pendentif.
« Beaucoup, grazie sole mio », je réponds en lui faisant un léger sourire à travers le reflet du miroir.
Le soleil le représente lui. C’est l’origine de son nom, Hélios, le soleil. Le G est l’initiale de la Famille. Ce bijou n’est pas un ornement, c’est un collier et une chaîne pour rappeler que je suis à lui et à la Famille.
Elio dépose un b****r sur mon épaule et ajoute des bracelets en or à mes poignets. Je les appelais mes menottes dorées en riant par le passé. Ça n’a jamais été aussi vrai aujourd’hui.
Il me tend une paire de boucles d’oreilles semblables à mon pendentif. Je les passe tout en regardant les élastiques et les barrettes que j’ai à disposition sous les yeux.
Elio remarque mon regard et pose une main sur ma gorge pour que je lève le cou.
« Un chignon bas. Je veux voir ce collier et ces boucles d’oreilles. »
Je lui fais encore un léger sourire et me coiffe.
*
*
*
J’attrape d’une main mon téléphone portable et descend vers la cuisine pendant que Elio se prépare.
Je me mets à taper sur mon écran pour Henry
_ Je ne vais pas venir au bureau travailler. Vois avec la comptabilité les bilans. Tu as un RDV à 9 h et un autre à 14 h. Tu déjeunes avec ta mère à 12 h. Tu lui as offert une montre pour son anniversaire. Elle a adoré. _
Un sourire sincère se dessine sur mes lèvres quand sa réponse me parvient tout de suite après l’envoi de mon message.
_ Oh mon Dieu ! Le bourreau de travail ne vient pas bosser ! FEMME ! Je veux des détails et ils ont intérêt à être croustillants !_
Je regarde un instant mes ongles alors que je lui réponds. Il faut que je les fasse manucurer. Elio n’aime pas que je n’aie pas les ongles faits.
Merde.
Ma dépendance maladive à toujours vouloir satisfaire Elio est en train de revenir en force.
Il faut que je parte. Je ne dois pas rester plus longtemps. Mais Santo détient la seule erreur que j’ai commise en trois ans entre ses mains.
_ Rien de croustillant. Juste une urgence familiale. Pense à mettre ton planning en ligne au fur et à mesure, je continuerai à m’occuper de ton emploi du temps. _
« Urgence familiale », c’est le code qu’Henry et moi avons convenu trois ans auparavant. Il sait que je suis près d’Elio et qu’il ne doit surtout pas bouger. Il y va de sa sécurité… de sa vie.
_ J’ai compris. Je fais ça et prends le temps nécessaire._
Je pousse un cri lorsque mon téléphone m’est arraché des mains.