Le Héros De L'Humanité

972 Words
Maman me douchait souvent et du haut de mes huit ans, j'avais déjà mémorisé ce qu'il fallait faire. J'avais d'ailleurs fini cela en moins de trois minutes, pourtant, lorsque ma sœur me vit sortir de la douche, elle n'eut eu d'autre réaction que de me questionner 'Tu t'es bien lavé ?' Avant de me regarder de haut en bas, 'En tout cas, ce n'est pas moi ta mère.' Et de retourner ses yeux vers son portable. Je comprenais quelque peu son langage, mais j'avais déjà remis mon pyjama et malgré le fait qu'il était un peu humide dut à la serviette que j'avais mal passé sur ma peau, je ne comptais pas retourner sous la douche. Sur le sol de la chambre, je m'asseyais alors, ne sachant pas trop que faire d'autre ni vers où aller. De mes yeux foncé brun, je cherchais comme un trésor en fuyant dans cette chambre, autour de moi ce qui pouvait distraire mon excitation enfantine. Mais d'une voix rockeuse, Éléna s'énerva, 'Que fais-tu là ?' N'aimant sûrement pas voir quelqu'un empiéter sur son territoire. 'Rien.' Répondis-je bêtement. Elle me regarda de ce fait avec énervement, comprenant précisément que papa ne voulait apercevoir le reflet d'aucun d'entre nous en bas. Nous n'étions d'ailleurs redescendus au salon que pour dîner. Et, malheureusement pour elle, nous devions aussi passer la nuit ensembles. Je ne la plaignais point. Nos parents nous avaient habitué à aimer être seules. Et bien qu'on s'aimait, on raffolait encore plus de s'aimer les uns, loin des autres. Dès qu'on entra de nouveau dans la chambre d'Éléna après avoir mangé, elle me regarda puis sourit, me disant 'Tu veux connaître un secret ?' Et je répondais tout excitée 'Oui !' Joyeuse que ma sœur me mette enfin dans la confidence certainement. 'Tu sais que si tu le répètes à papa, il va s'énerver et tu détestes le voir de la sorte, n'est-ce pas ?' Se rassurait elle dans un premier temps que je n'allais point répéter ses dires. Et des secondes de silence s'installèrent avant qu'elle ne continue 'j'ai un copain... un amoureux si tu préfères... ' Secouant la tête comme si c'était la seule chose dont elle était fière dans sa vie de jeune adolescente. Ainsi, je souriais à mon tour, rendant à ma sœur l'émotion et la motivation qu'elle me présentait. Je me disais pourquoi ne pas partager cette joie-là ? Peu importe si elle était bonne ou mauvaise. Peu importe que je la comprenais ou pas, l'essentiel était de voir ma sœur sourire. Me sourire. 'Viens... ' Me fit elle un signe de sa main alors que j'étais encore assise sur le sol. 'On va l'appeler !' Me faisant bondir sur le lit afin de découvrir un peu plus sur les secrets de ma sœur et enfin, de devenir proche d'elle. Je l'observais ainsi, contente de considérer ma sœur comme une amie maintenant. 'Allô bébé... ' Dit-elle. Et je pouvais voir un sourire différent sur son visage. C'est fou comme un étranger peut réveiller en nous ce qu'un proche peut nous faire penser qu'on aura jamais. Je ne l'avais jamais vu dans cet état-là avant. Je ne l'avais jamais vu dans un si profond optimisme. Et cela m'intriguait. 'Hé !' Entendis-je, du haut-parleur. 'Que fais-tu ?' Demandait cette voix grave qui me laissait comprendre qu'il devait avoir le même âge qu'un de mes grands frères. 'Rien... je suis avec ma petite sœur.' 'Elle dort avec toi aujourd'hui encore ?' 'Oui.' Puis, il dit à Éléna, 'Tu me manques... ' et c'est fou comme ce mot me fit sourire et battre le cœur. À huit ans, ce mot-là, je le voulais aussi. 'Bae... ' Secouait-elle la tête, 'on se voit tous les jours au lycée !' 'Je sais... mais tu sais très bien de quoi je parle.' Et comme une petite fille, car elle l'était encore malgré ce qu'elle pensait, Éléna en était tout étourdie. Je ne savais pas à quoi ce jeune homme faisait allusion et leur conversation d'ailleurs commençait à m'embrouiller. Mais plus tard, j'avais appris par des photos et des vidéos dans le téléphone de ma sœur qu'elle faisait ce que maman et papa des fois faisaient dans leur chambre. Et cela tombait pour moi dans la normalité. Peu importe l'âge, tant que tu y trouves du réconfort. Va-y. N'est-ce pas ? C'est ce que ma ville, Alban, m'enseignait. Ce jeune couple avait parlé pendant des heures et je ne sais à quel moment ma sœur s'était endormi vu que moi, le sommeil m'avait emporté bien tôt. Et le lendemain matin, c'était encore la même chose que le jour d'avant. Un taxi pour se rendre à l'école. Ma mère voulait guérir de ses blessures avant d'exposer son visage. Et cela arrangeait sûrement mon père de la garder à la maison vu qu'elle était à sa merci. Ce mercredi-là, avec l'école, nous étions partis visiter une église. Une dame au prénom de Cathia, femme de pasteur, nous avait reçus. Nous avions assisté à une réunion de jeunes de l'église ; des jeunes gens qui avaient l'âge de mes aînés témoignaient de ce que Dieu avait fait pour eux. Et la façon dont ils parlaient avec amour de ce Dieu qui pour moi avant n'était qu'un maître, faisait grandir de l'amour et de la joie en moi. Mon cœur d'enfant parlait, voyant maintenant Dieu comme un conte de fée réel. Il était mon papa, mais mon vrai père. Il était mon confident et mon meilleur ami. Un héros. Le héros de nos vies. Comme disaient les jeunes de l'église. Les témoignages de leurs histoires me donnaient ce que peut-être les adultes appelaient la foi. Et la triste petite fille que je devenais venait d'être arrêtée par un consolateur. Dieu, celui qui essuie les larmes et console les cœurs. (Ésaïe 25:8, Psaumes 147: 3)
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