Partir

987 Words
'Il est temps de partir !' Annonçait l'une d'entre elles. Je regardais alors le petit garçon, peinée, mais il m'ordonna, 'Vas y !' Me laissant marcher avec indétermination vers mes camarades et mes maîtresses. 'Tu t'es bien amusée, Prunelle ?' Demanda la maîtresse Orlane. 'Oui, il m'a fait visiter et m'a parlé de ce manguier.' 'Ok... ' se courba-t-elle vers moi. 'Dis lui au revoir et on s'en va !' Ainsi, je me retournais puis fis un signe de la main à ce jeune dont je n'avais même pas demandé le prénom, auquel il avait répondu. Et cette scène, ce jeune garçon, cet orphelinat... plus jamais je ne les avais oubliés. Nous étions peu de temps après dans le bus du retour tous épuisés. Et s'était donc endormi que nous avions atteint l'école. 'Nous sommes de retour les enfants !' Crièrent les maîtresses. 'Rejoignez vos classes et attendez patiemment vos parents.' Et il n'avait pas fallu longtemps pour que je voie le visage de ma sœur, Éléna, apparaître devant la porte de la classe. 'Bonsoir madame Orlane.' Murmurait-elle, en laissant échapper une vague de fatigue dans sa voix. 'Bonsoir... ' Répondit la maîtresse, avant de se tourner vers moi. 'Prunelle, ta sœur est là.' De suite, je me levais donc tout en prenant mon temps avant de très vite sentir l'impatiente à ces mots qui me firent courir 'fais vite ! Le taxi nous attend.' Devant une maîtresse très indiscrète, 'Oh ! Votre mère n'est pas là ?' Interrogeait-elle ma sœur. 'Non... elle est malade.' Mentait Éléna. Mais que pouvait-elle bien dire d'autre ? Maintenant, les enfants devaient mentir afin de protéger les parents ? Ou peut-être ils se protégeaient eux même des préjugés et des regards que la société auraient sur eux en découvrant les secrets de la maison où ils vivaient. On apprenait déjà à vivre dans le pêcher et bien sûr, ce n'était pas encore grave pour nos parents parce que ça leur servait. On vivait dans une société où on se battait pour inculquer les bonnes manières aux enfants, pourtant, lorsqu'il fallait protéger un adulte, ceux-ci avaient le droit ou même l'obligation de transgresser ces règles. Les adultes voyaient présentement les enfants comme des pantins. Des marionnettes. Des fantoches qui ne réfléchissaient pas ou ne devaient se servir de leurs cerveaux qu'à l'école et non pas dans les défaillances des parents. Et là, c'était une erreur que les grands du monde commettaient et qui nous transformaient peu à peu nous-mêmes, en mauvais parents pour nos futurs enfants. Il fallait donc savoir, le mensonge, était-il finalement bon ou mauvais ? Et s'il fallait mentir pour protéger, pourquoi cette règle ne s'appliquait-elle pas lorsqu'un enfant voulait se protéger d'un adulte ? Tant de questions que je ne me posais pas encore, mais je n'étais pas bien loin de cette dépression et de cette dispute contre ma société. Contre la ville d'Alban, celle où je vivais. Je courus alors vers la porte ce jour-là après avoir remué la main à mes camarades dont les visages aujourd'hui sont floués de ma mémoire. Quant à ma sœur, elle marchait très rapidement, me tirant d'une main pour mener mes pas vers la sortie de l'école. Et je ne disais ni A ni B, car, je commençais à apprendre à avoir la douleur silencieuse. J'évitais les cris. Et les cris arrivaient lorsque je me plaignais de la souffrance que m'infligeaient les miens. Donc, je me taisais. Arrivée au véhicule, je remarquais que notre frère aîné, Josh, était assis devant, près du chauffeur, comme à son habitude. En conséquence, je montais derrière, aux côtés de Gary et Elena, m'asseyant au milieu. Tous avaient des écouteurs, dressant l'oreille à de la musique. Et de nouveau, j'apprenais à lorsque j'étais avec eux, ne pas me connecter à leurs émotions. Je rêvassais dans mon monde à moi et j'y trouvais du réconfort. J'y trouvais quelqu'un avec qui discuter. Arrivée à la maison, chacun d'entre eux s'étaient empressés de monter vers sa chambre et moi, j'étais là, au milieu du salon, attendant que quelqu'un s'occupe de moi. Mon père qui était encore dans des pensées qui semblaient le tourmenter depuis hier me vit perturber ses émotions 'Que fais-tu là ?' Et je restais silencieuse avant que ma mère n'intervienne, me disant 'va te changer.' Sans plus, pendant qu'elle était assise près de papa dans le salon. Mes affaires étant dans leur chambre, je me dirigeais donc vers là-bas afin de me changer et de mettre mon pyjama, manquant d'idées. Ensuite, je redescendais les marches quelques minutes après lorsque mon père eu un regard colérique en me voyant 't'es-tu douchées ?' Me faisant automatiquement remonter vers l'étage, courant comme une fugitive. Tremblante, j'avais couru vers la chambre de ma sœur. Je frappais à la porte chaque deux minutes environs, car oui, j'avais passé ce qui semblait être une éternité là-bas. Elle se douchait sûrement puisque je pouvais entendre le bruit de l'eau couler. 'Entrez !' Dit-elle finalement avant de se rendre compte que ce n'était que moi, 'que fais-tu là ? Vas chez tes parents !' 'Papa m'a demandé de me doucher.' 'Et alors ? T'es assez grande non ? Vas prendre ta serviette et utilise ma douche ou la leur.' Parlait-elle, sans même m'offrir ses yeux, son regard. Et je pouvais bien utiliser la salle de bain de mes parents comme elle le proposait, mais j'avais peur de me faire encore réprimander par mon père si jamais par erreur l'eau débordait de partout. Cet homme-là ne savait que faire cela. Ordonner, hurler, commander et se plaindre, pensant trouver de la sagesse dans l'autorité. Pourtant, l'autorité vient avec la sagesse le plus souvent. Mais hélas, mon père allait tenter d'emprunter un autre chemin au lieu de se remettre en question. Voyant la corruption de ce monde, il allait essayer d'acheter ce qui dans la vie n'a pas de prix, menant notre famille dans une dérive totale.
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