J'avais maintenant 14 ans, Elena en avait 20 puis Gary 23.
Le temps était passé et on s'était tous déjà mieux adaptés à nos vies sans Josh.
Gary et Éléna étaient à l'université. Pendant que cette dernière était encore au milieu de son parcours, notre frère lui allait obtenir son diplôme dans quelques mois.
Quant à moi, j'étais au lycée et la vie s'avérait être très compliquée.
Contrairement à ma sœur, l'argent ne comblait pas le vide de ma connexion avec mes parents.
Je n'arrivais pas non plus à trouver du réconfort chez les hommes, car je les haïssais tous.
Je les détestais de décider de nos avenirs. De décider de comment on devait manger, dormir et passer nos vies.
Ils me répugnaient de penser que les femmes étaient moins intelligentes.
Me consternaient de décider du corps qu'on devait avoir.
Je les détestais de vouloir prendre la virginité de certaines femmes puis de vouloir en marier des vierges et d'abandonner les précédentes.
Je les détestais de se penser supérieurs.
Ils me répugnaient en pensant qu'on devait se battre pour avoir des droits qu'en tant qu'humain, on méritait naturellement d'avoir.
Ensuite, c'est moi que je commençais à haïr.
Et mes parents n'y voyaient rien.
Mais qu'auraient-ils pu discerner ?
Eux qui avaient renié la dépression de Gary et l'avaient totalement ignoré.
Qu'auraient-ils pu percevoir ?
Ainsi, à cette période, je mettais enfermée dans une bulle où personne n'avait le droit d'entrer.
Mon grand frère était sur le point de nous laisser afin de se lancer dans la vie d'adultes et ma sœur était là sans y être toutefois.
Tout ce qui l'intéressait était de satisfaire les besoins charnels de jeunes hommes, qui nageaient dans une mer où ils pensaient se cacher du regard de Dieu.
Or, Le Créateur voit tout. Même les profondeurs des océans qui nous sont sombres, sont comme une plantation éclairée par le soleil face à Ses yeux. Il y déchiffre tout.
Que la jeunesse est drôle parfois.
On pense être rusé, mais on se laisse souvent avoir.
On se vêt de vêtements à la mode, connaissant exactement leurs valeurs insensées, pendant qu'on ne connaît pas la nôtre.
Car si je la connaissais, j'aurais compris à quoi ma grand-mère faisait allusion lorsqu'elle disait que j'étais la prunelle des yeux du Seigneur.
Si je connaissais ma valeur, je n'aurais jamais autorisé les mensonges à avoir raison de moi.
Cependant, j'étais là, en train de sombrer.
Dans cette même jeunesse qui prétendait chercher l'amour.
On le cherchait dans une direction qui ne menait guère à sa maison.
À cause de cela, c'est le Christ qui a laissé Sa magnifique demeure afin de venir nous sauver.
Hélas, malgré ce sacrifice, plusieurs d'entre nous ne veulent toujours ni regarder à Lui, ni écouter à Sa Parole.
En plus, on parle d'amour, mais on a du mal à reconnaître les actes de l'amour.
Alors comment pouvons-nous même le retrouver ?
Je continuais à croire en Dieu. Et c'est tout. Notre relation n'était plus animée par ce feu. Je ne laissais plus Son feu me faire vivre. Par conséquent, je succombais.
Pourtant, dans Sa bonté, Il m'observait et ne planifiait guère de m'abandonner.
Nos chemins allaient se recroiser et de la plus belle des façons.
Pour l'instant, la haine consumait mon cœur et Il ne voulait pas rester dans un endroit où j'autorisais à ce genre de sentiments de vivre près de Lui.
Il était près de moi, néanmoins plus en moi. J'en devenais folle.
De plus, mon père n'était jamais là et ma mère non plus.
Alors, plus tard, j'utilisais ce dont ma sœur se vantait; l'argent.
Je payais indirectement la présence de certaines personnes dans ma vie. Je les achetais.
Il n'y avait plus de spiritualité en moi.
Moi qui cependant avais été rachetée, j'étais retournée vers mon ancien maître et j'osais reproduire l'action de l'achat. J'achetais l'amour des gens.
Un sentiment vain, car en dernier ressort, ce n'était pas vraiment de l'amour.
Et je ne pouvais me confier à personne parce que nul ne m'aurait compris.
Puis, si un ami ne voit point que quelque chose abime vos yeux, comment pourrait-il comprendre le langage du cœur ?
J'étais ainsi seule, néanmoins entourée de plusieurs personnes qui chaque jour me narraient leurs problèmes.
Après un soir, ce n'était ni le premier ni le dernier, mais j'avais cette lame en main et je me regardais par le miroir de ma salle de bain.
Car oui, avec les années et l'envie d'être seule, je dormais déjà sans la nounou, toutefois jamais dans le noir.