Un mois était enfin passé et comme notre père l'avait demandé, nos bagages étaient prêts. Tout était soigneusement emballé dans des cartons. Tout, sauf les affaires de Gary qu'il avait balancé de manière désordonnée, dans des sacs en plastique. Il s'en foutait complètement de tout ce qui se passait dans la maison.
Mon pauvre frère qui autrefois était faible, imitait maintenant les petites habitudes de d****e que notre aîné commençait à avoir avant son décès. Il se disait sûrement que c'était une façon pour lui de toujours être connecté à Josh.
Hélas, les liens nocifs ne font rien d'autres que de nous nuire.
Et à cause de ce comportement qu'il ne cachait point, de violentes disputes éclataient très souvent. Mon père, comme je l'expliquais, devenait très intrusif dans nos vies. Et pas forcément de manière saine. Il hurlait en fait à tout moment, sans pour autant chercher à comprendre la douleur qui se cachait derrière nos cris. Tout ce qu'il voulait était du calme dans sa demeure. Puis une bonne réputation avec l'argent qu'il commençait à se faire.
Une compagnie de déménagement était venue embarquer nos affaires ce jour-là et nous étions plus tard dans la voiture de maman, en train de rouler derrière eux.
Et pour la première fois, mon père conduisait. Je ne savais même pas qu'il en était capable.
Ma mère était assise près de lui pendant qu'éventuellement, nous occupions les sièges de l'arrière.
Je me demandais bien où Josh aurait été s'il était encore en vie. Peut-être aurions-nous loué un autre véhicule. Je ne sais pas, et je ne le saurais malheureusement jamais.
Le manque de conversation régnait une fois de plus parmi nous, quand la joie de mon père pouvait se faire entendre.
Il sifflait, chantonnant des morceaux africains des années 80. C'était la première fois que je le voyais aussi actif et heureux.
Lui qui était autrefois si paresseux, revivait dorénavant.
On avait traversé les rues. De notre quartier à d'autres quartiers, afin d'accéder à une cité qui était très réputée dans la ville.
Il y avait des ministres et aussi des députés qui y vivaient. En regardant de droite à gauche, puis au rétroviseur, je pus apercevoir au regard de ma sœur et de ma mère, qu'elles étaient toutes les deux émerveillées.
Voilà donc une chose rare qui se manifestait ; Elena était époustouflée par mon père.
'Ces maisons sont si belles... ' Déclarait maman.
'Attends de voir la nôtre.' Avait rétorqué papa, sous nos étonnements.
Ma sœur parce qu'elle avait toujours vu mon père comme un incapable et ma mère puisque enfin, son mari devenait l'homme pour qui elle avait renoncé à tout.
Mon père se gara devant un grand portail noir qui retenait une barrière toute blanche, soutenant des lampadaires.
Un homme sorti ensuite du portail pour l'ouvrir, avant que nous n'accédions à la demeure. Ensuite, il vint décoller les portières de la voiture, pour que l'on en sorte.
'Bonjour, patron.' Avait-il dit.
'Chéri... pourrais-tu... '
'Voici ma femme !' Interrompit-il notre mère. 'Ta patronne et mes trois enfants ; Gary l'aîné, Elena, la deuxième et notre petite dernière, Prunelle.'
'Bonjour petits patrons... bonjour patronne, moi, c'est Abou.'
'Maintenant, retourne à ton poste !' Commanda papa. 'Les enfants, chérie... suivez-moi.'
Notre père nous avait alors fait visiter les loges des travailleurs, la cour, le jardin, la terrasse, le garage, la piscine ainsi que l'intérieur de la maison.
C'était une villa à deux étages, déjà meublées, d'une touche très londonienne. Comme il l'avait dit, il avait bel et bien déjà tout acheté. Il ne manquait plus qu'à y mettre nos vêtements.
Il se trouvait au premier étage la cuisine, la salle à manger, deux toilettes, un bar et deux salons. Un des salons pour quand les parents recevaient des invités prestigieux et le second pour nous, les personnes de la maison et les amis des enfants. Mais ce n'était pas tout. Il y avait aussi un bureau qui nous était dédié ; à Gary, Éléna et moi.
Le bureau personnel de papa était à l'étage, près d'un minisalon et des chambres.
On y comptait six chambres en tout ; la première qui était la plus grande, était réservée à nos parents.
La seconde, quant à elle, était celle de Gary, puis vint celle d'Elena, la mienne, celle des visiteurs et une chambre qui était constamment fermée, dans laquelle papa nous avait ordonné de ne jamais entrer.
Néanmoins, ce jour-là, personne n'avait trouvé cela étrange.
La visite de cette maison nous avait tellement épuisée qu'on avait dû s'asseoir au salon afin de se reposer.
'Chéri... me caches-tu des choses ?' L'interrogeait maman, essoufflée, car étrangère au sport.
'Comment ça ?'
'Tu ne m'as toujours pas raconté ce qu'il s'est passé après le prêt de ton ami... donc tu préparais tout ça derrière moi ? Eh ! Mes ennemis sont couverts de honte.' Leva-t-elle les mains vers le ciel.
'Femme, de toute façon, même si je t'explique, tu ne comprendras pas. Dorénavant... je suis un homme d'affaires. C'est tout !'
'Papa, cette maison est trop grande. J'ai peur.' Sifflais-je, entendant comme des voix dans les couloirs infinis de ce lieu.
Mon père voulu donc me rassurer, 'Ne t'inquiète pas, c'est parce que vous n'êtes pas habitués à tout cela... tu t'y feras !' Comme s'il avait mené cette vie auparavant.
'Hum! Amour, je dois faire une crémaillère... '
'Enfin, tu parles correctement... fais la liste des invités et écris tout ce dont tu as besoin. Je suis riche.' Affirmait-il avant d'ajouter, 'Et on partagera tous les meubles de l'ancienne maison.' Mais ma mère fit une mine incertaine.
Mon père remarqua cela et l'interrogeait, 'qu'y a-t-il ?'
'Chéri, j'ai travaillé pendant des années pour détenir toutes ces choses.'
'Je le sais ! Ne vivions-nous pas ensembles ?' La questionnait-il. 'Cependant, c'est à cause de ça que les gens comme toi n'évoluent pas ! Vous vous attachez au passé comme si demain n'existait guère. Et puis, n'est-il pas écrit dans ces livres que vous lisez qu'il faut faire des dons ? Il est temps pour nous de bénir les peuples.' Rigola-t-il.
Ma sœur qui était sur son téléphone ne cessait de sourire et de prendre des photos des alentours. Elle se ventait sûrement des lieux auprès de ses copines.
Quant à Gary, je l'ignorais de mon jeune âge, mais je comprends avec le temps que la dépression, causée par le décès de Josh, ne l'avait pas encore quitté. Il n'était pas très impressionné. Rien ne l'impressionnait plus dans la vie d'ailleurs. Rien.
Nous étions alors tous là lorsque Abou, le gardien, vint en courant au salon, 'Patron ?'
'Oui, Abou?'
'Les voitures sont là.'
'Attends, chéri... ' ma mère se leva puis se mis à danser, 'ne me dit pas ça... '
'Viens et tu verras......' Se leva-t-il à son tour, avant de marcher vers la sortie.
Maman le suivit, toujours en dansant, après nous appela, 'Les enfants, allons !' Nous excitant à cheminer derrière eux, à l'exception de Gary qui avait un pas très lourd.