Nous sortîmes donc tous afin de suivre nos parents hors de la maison. Et dans la cour, était parqué quatre voitures.
De là, notre père, toujours dans sa fierté, éleva la voix, 'les deux Dodge sont à moi, la Nissan est à votre mère et la Camaro est à votre frère.' Tournant sur lui-même, attendant sûrement des acclamations.
'Et moi, papa ?' S'excitait Elena, enfin charmée par les actions de l'homme, qui avait été pour nous tout sauf un éducateur pendant longtemps.
'Quand tu auras l'âge de conduire... je t'en achèterai une.' Promettait-il avant de poursuivre, 'Gary, tu commenceras des cours de conduites la semaine prochaine.' Pendant que ce dernier restait silencieux.
Contrairement à maman qui, elle, ne faisait que de se réjouir. Après que son époux a fini de parler, elle courut vers sa Nissan et ne cessait de la caresser.
Puis, elle monta à l'intérieur, et sortit sa tête par la vitre, 'Chéri ? Que fait-on de mon ancienne voiture ?' Ne se souciant plus des choses qui appartenaient à son passé apparemment.
'Ce jouet que ton père t'avait donné ?' Se vanta-t-il. 'On l'enverra à la casse.' Avant que Gary ne parle enfin, nous surprenant tous.
Ce dernier déclara, 'Je la veux... '
Allumant la colère de papa, 'Tu ne l'auras pas !'
'Si les souvenirs t'importent peu, ils comptent beaucoup pour moi.' Rétorquait Gary.
'Tu dois être un homme, ok ?'
'Tu as bien mis du temps à l'être, n'est-ce pas ? Alors accorde-moi aussi du temps.' Avait-il imploré, avant de monter dans ce qui était dorénavant sa chambre.
Pourtant, tout comme personne n'avait couru après lui, personne n'était non plus affectée par son malheur.
Ma mère continuait en effet de danser et de chanter devant un époux qui lui était fier de sa réussite.
Aussi, il y avait Éléna qui commençait à devenir aveugle, à force d'être éblouie par la richesse, et moi, qui me perdait au milieu de tout ça.
Au soir venu, nous étions ma mère et moi, dans le salon, en train de discuter avec papa.
Pour la première fois, cet homme se transformait en un père.
Il était présent physiquement, moralement et spirituellement dans les conversations. Ce dernier discourait avec nous et je n'en croyais pas mes oreilles. Cela me faisait d'ailleurs un peu oublier l'absence de Josh.
Avant qu'il ne goûte au succès, papa était presque toujours fâché. Il ne travaillait jamais entre temps, se plaignait de ne rien avoir. Pour lui, tout devait venir à ses pieds, sans qu'il ait à fournir le moindre effort. Ainsi, puisqu'il fallait bien que quelqu'un fasse ces efforts-là, pour que l'on puisse survivre, ma mère se portait toujours garante.
Mais apparemment, il était un nouvel individu.
'Dorénavant, on mangera ensemble... en famille. On aura un cuisinier aussi... ' Nous informait-il.
'Amour, toutes ces dépenses inutiles ?' S'inquiéta maman. 'Il faut aussi penser à épargner.'
'Ne t'inquiètes pas ! Je sais ce que je fais et je connais la profondeur de la poche dans laquelle je mets la main.' Disait-il, encore ignorant. 'On aura aussi une femme de ménage et un chauffeur.' Ne sachant pas que rien est acquis dans la vie. Ni nos propres enfants, ni même l'argent pour lequel on a travaillé pendant des années. Tout n'est vraiment que vanité.
Ma mère poursuivait donc, 'Hum Chéri, tu nous gâtes, oh... mais que fait-on de ma crémaillère ?'
'Vas y ! Dis-moi de combien tu as besoin et je te donnerai l'argent ! Quand souhaiterais-tu la faire d'ailleurs ?' Voulu t-il savoir. 'J'aimerais aussi inviter de grandes personnalités.'
'Hum... je pense que vu la maison... peut-être cinq... cent... milles ?' Hésita-t-elle.
'Pourquoi as-tu peur ? Seulement 500 milles ? Je te donnerai deux millions !'
'Eh Chéri ! Tu es déjà aussi riche ? Ok oh... pourquoi pas trois millions temps que nous y sommes.'
' Je te l'ai dit, il y a l'argent ! Tu en auras quatre alors ! Et puis... j'aurai des invités de marque donc assures toi de faire du luxueux. Il y aura des ministres et des PDG d'entreprises.' Déclarait-il, avec tellement de la vantardise.
Ensuite, vint la vie de l'extravagance. Ma mère qui était tout le temps avec ses nouvelles amies, ainsi que mon père qui partageait chacune de ses journées entre le travail et cette chambre dans laquelle on n'avait pas le droit d'entrer. Soi-disant, c'était la pièce dans laquelle il aimait être seul, loin du bruit et du stress.
Il était même maintenant sur le point de se détacher de son ami, le fameux Vincent, dans le but d'ouvrir sa propre entreprise. L'épouse de ce proche à papa, était par la même occasion devenue la meilleure amie de ma mère. Elles étaient tout le temps ensembles. Cependant, je n'aimais aucun des deux. Ni elle, ni même son époux.
Quant à Gary, Éléna et moi, vu que nous étions toujours abandonnés à nous-mêmes ou entre les mains des chauffeurs, femmes de ménages et cuisiniers, l'égoïsme de ma sœur et la solitude de mon frère, ne m'étonnaient guère.
Je trouvais déjà cela normal.
J'avais plus tard fêté mes neuf ans et ma mère avait tenu à privatiser un parc dans lequel elle avait invité, des gens que je ne connaissais même pas.
Pourtant, cela n'avait pas été le fait plus dure pour moi. Ce qui m'avait complètement brisé avait été de changer d'école. Contrairement à mon frère et à ma sœur, car eux, y voyaient un moyen de refaire une vie sans Josh. Et de ne plus avoir à rencontrer les amis de notre défunt frère partout.
Gary lui ne voulait jamais faire de fête, il prit 19 ans comme si de rien était et personne ne pouvait le forcer à faire autrement. Il tenait durement tête à papa.
Enfin, il fallait maintenant en venir à l'anniversaire d'Elena, le 15 octobre.
On était tous à table en train de faire plaisir à nos ventres, lorsqu'elle ne se gêna pas de ne pas nous laisser finir nos plats, 'bientôt mon anniversaire.'
'On le sait... que veux-tu ?' Demanda papa.
'Je veux une grande fête mais... pas à la maison... ni dans un parc... ' Me fit elle un clin d'œil.
'Où veux-tu la faire ?'
'Dans une boîte de nuit... ' Dit-elle.
'Elena, c'est hors de question !' Cria Gary, qui ne parlait néanmoins presque jamais.
'Gary, ce n'est pas parce que tu ne sais pas profiter de l'argent de ton père, que ta sœur doit être comme toi.'
'Vous êtes sérieux ? Elle a quatorze ans !'
'J'en prends quinze !'
'Toi la ferme !' Commanda grand frère.
'Ça suffit, ok ? Elle veut que sa fête d'anniversaire se fasse dans une boîte de nuit, alors, on va louer cette boîte de nuit.' Déclarait papa, venant boucler une énième dispute avec son fils.
Il voulait être vu comme le héros de la famille donc, il allait bien sûr céder à tous les caprices de sa fille. À ce point, ce n'était plus par amour qu'il le faisait, car quand on aime, on discipline. C'était plutôt par égoïsme.
Et je ne dis pas que mon père ne nous aimait pas. Loin de là. C'est juste que son avidité parlait bien plus fort que son humanité.
Il ne le faisait pas pour faire plaisir à Elena, mais plutôt pour son propre bien. Pour sa propre conscience.