II
Comme nous l’avons dit, lorsque Rocambole vit que le navire allait infailliblement être jeté à la côte, toutes ses irrésolutions cessèrent2. Il quitta son jeune compagnon, abandonna le pont, renversant tout sur son passage, et il descendit dans sa cabine, dont il enfonça la porte pour aller plus vite.
Là il s’empara de tous les objets de quelque valeur qu’il possédait. D’abord, les précieuses tablettes de sir Williams. Ensuite son portefeuille qui renfermait les titres de rente, enfin, sa bourse, qu’il attacha à sa ceinture.
Puis il se dépouilla d’une partie de ses vêtements, ne conservant que sa chemise et son pantalon, et il remonta sur le pont. Il ne voulait pas perdre de vue le jeune marin de la Compagnie des Indes.
Le désordre, le tumulte, l’effroi étaient à leur comble sur le pont. Le capitaine lui-même commençait à perdre la tête.
Poussé avec une rapidité que rien ne pouvait désormais plus maîtriser, le navire courait à la crête des lames comme un cheval furieux et libre de tout frein.
Rocambole rejoignit le jeune marin :
– C’est fini, lui dit celui-ci.
– Que voulez-vous dire ?
– Que dans une heure, peut-être avant, le navire aura sombré.
Et il étendit la main vers le sud, où un coin du ciel était moins noir.
– Tenez, dit-il, la terre est là... à deux ou trois lieues peut-être. Aucune manœuvre n’arrêtera désormais l’élan du navire, et cette côte, vers laquelle nous courons, est bordée d’écueils à fleur d’eau sur lesquels nous irons certainement nous briser...
Le jeune marin n’acheva pas... Un choc épouvantable eut lieu, suivi d’un immense cri de désespoir et d’effroi. Le navire venait de toucher.
– À l’eau ! à l’eau !
– Les chaloupes à la mer !
Tels furent les deux cris qui retentirent tout aussitôt.
Mais déjà Rocambole et son compagnon de hasard s’étaient jetés à l’eau et nageaient côte à côte.
– Nous nous sauverons ensemble ou nous périrons ensemble, pensait Rocambole qui était un rude nageur, je ne lâche point ainsi mon marquis...
Ils nagèrent ainsi pendant une heure, luttant contre les vagues, au milieu d’une obscurité profonde, et entendant toujours les cris de détresse de l’équipage et des passagers qui abandonnaient un à un le navire. Enfin, si bon nageur qu’il fût, Rocambole commença à éprouver quelque lassitude.
– Vous êtes fatigué ? lui cria le jeune marin qui le sentait nager moins vite.
– Oui, dit Rocambole.
– Courage ! faites un effort, nous ne sommes plus qu’à quelques brasses d’une masse noire que je vois paraître et disparaître au-dessus des flots, selon que les vagues s’élèvent ou s’abaissent.
– Est-ce la terre ? demanda Rocambole, que ses forces abandonnaient de plus en plus.
– Non, mais un rocher, un îlot sur lequel nous pourrons nous reposer.
Tandis que le marin parlait ainsi, Rocambole se disait :
– Allons ! mon bonhomme, il ne faut pas aller sombrer comme un imbécile de navire qui touche au port. Songe que tu peux faire mieux qu’aller coucher au fond de l’eau... Tu peux être marquis !
Cette dernière pensée fit franchir à Rocambole quelques brasses encore, mais cet effort fut le dernier ; malgré son énergie morale, il sentit ses membres se roidir l’un après l’autre, puis ses yeux se fermèrent.
Il poussa un cri, et il commençait à s’enfoncer et à disparaître sous une vague lorsque le jeune marin, encore plein de force et de vigueur, et qui avait entendu son cri d’alarme, accourut à lui et le saisit par les cheveux.
Mais déjà Rocambole était évanoui.
Lorsque Rocambole revint à lui, son regard étonné rencontra l’ardente clarté du soleil. Aux ténèbres avait succédé le jour, à la tempête le calme...
Il ne se débattait plus contre la mort, il n’essayait plus d’échapper aux profondeurs béantes de l’Océan... Non, il était couché sur un sable fin, et en se soulevant avec peine, il reconnut qu’il se trouvait sur un rocher, en pleine mer... et seul ! Comment se trouvait-il là ? il eut d’abord quelque peine à rassembler ses souvenirs... Mais, enfin il se rappela... Il se rappela que, pendant plusieurs heures, il avait énergiquement lutté contre la mort, nageant côte à côte avec le jeune officier de marine ; puis que ses forces diminuant peu à peu et finissant par l’abandonner, il s’était cru mort, avait poussé un dernier cri, fermé les yeux et senti sa tête disparaître sous une vague, tandis que la conscience de son existence l’abandonnait.
À partir de ce moment, Rocambole ne se souvenait plus de rien, sinon qu’il lui avait semblé qu’à ce moment suprême, ses cheveux subissaient une étreinte et une traction violentes. Mais c’était là son dernier souvenir... Cependant il comprit tout sur-le-champ. Son compagnon d’infortune, plus rude nageur que lui, l’avait sauvé et était parvenu à le déposer sur ce rocher. Qu’était-il devenu lui-même ? avait-il continué sa route vers la terre ? Rocambole le craignit un moment, non qu’il fût épouvanté de se trouver seul sur un îlot de l’Océan, mais parce que, avec la vie, ses instincts ambitieux et féroces lui étaient revenus. Échappé à la mort comme par miracle, déjà Rocambole reprenait son rêve d’ambition et d’avenir, et ce rêve reposait sur cet homme qui l’avait sauvé. Le jeune marin disparu, pour Rocambole c’était la perte de ce fil conducteur qui, il l’avait audacieusement imaginé, devait lui rouvrir les portes du monde parisien.
Il se leva avec peine, car il était brisé de fatigue et meurtri par les aspérités à fleur d’eau du récif auxquelles il avait dû se heurter plusieurs fois, tandis que son sauveur le traînait évanoui. Mais une fois debout, il put marcher et faire quelques pas pour reconnaître tout à fait le lieu où il se trouvait.
C’était un îlot d’un quart de lieue de circonférence, à peu de distance de la terre ferme, qu’on apercevait à l’horizon, se détachant sur le ciel bleu comme une étroite b***e de brumes. L’îlot était dépourvu de toute végétation et recouvert de coquillages et de moules sur les bords. Quelques oiseaux de mer, des mouettes, des cormorans tourbillonnaient au-dessus, dans l’azur incommensurable du ciel.
Rocambole fit le tour de l’îlot, reconnut avec désespoir qu’il était désert, et il allait demeurer convaincu que son compagnon d’infortune avait pu gagner la terre, lorsque la vue d’un objet luisant au soleil lui arracha un cri de surprise et de joie. C’était un étui en fer-blanc, celui où, sans doute, le jeune officier de la Compagnie des Indes avait enfermé ses papiers. Auprès de l’étui, Rocambole aperçut d’autres objets également déposés sur le sable. C’étaient les pistolets que le marin avait à sa ceinture en se jetant à l’eau, et cette ceinture elle-même. Évidemment le compagnon de Rocambole n’avait pu se dessaisir de tout cela, et l’espoir revint à celui-ci qu’il n’avait point quitté l’îlot et dormait sans doute dans quelque anfractuosité du roc.
Alors il se remit en route et continua ses investigations.
Tout à coup un bruit étranger aux bruits confus de la mer se fit entendre et arriva, faible d’abord, puis plus distinct, aux oreilles du nouveau Robinson. C’était une voix humaine – qui appelait à l’aide.
Rocambole se dirigea vers l’endroit d’où partait cette voix et aperçut alors une sorte de crevasse du fond de laquelle montaient les plaintes qu’il avait entendues. C’était là que le jeune marin était tombé, et Rocambole s’avançant jusqu’à la crevasse, put l’apercevoir à huit pieds de profondeur, dans une sorte de cavité circulaire, aux parois à pic et dépourvues de toute aspérité.
– Ah ! lui cria-t-il, en voyant Rocambole apparaître au bord de cet abîme en miniature, vous m’avez donc enfin entendu ?
– Oui, répondit Rocambole, oui, mon sauveur, et je vais pouvoir, à mon tour...
Et Rocambole s’interrompit pour examiner attentivement le lieu où se trouvait le naufragé. C’était, nous venons de le dire, une de ces cavités comme la mer en creuse souvent dans les rochers qu’elle bat éternellement de sa lame. Un peu de mousse en recouvrait l’étroit orifice, et le marin y était tombé en voulant faire le tour de l’îlot, et chercher, à l’horizon, à découvrir une voile quelconque.
Puis, comme le trou était creusé en manière d’entonnoir renversé, par conséquent plus large au fond qu’à l’orifice, le jeune homme avait essayé vainement d’en sortir et n’était parvenu qu’à déchirer inutilement ses genoux, ses mains et ses ongles, qui glissaient sur le roc poli.
– Oh ! oh ! pensa Rocambole, est-ce que le hasard serait décidément mon esclave ?
– J’ai vu passer un navire au large, ce matin, lui dit son compagnon. Vous dormiez, épuisé, et je m’étais couché près de vous. Alors je me suis mis à courir, agitant les mains et appelant. Dans ma précipitation à gagner l’extrémité de ce récif que le navire semblait vouloir doubler, j’ai fait un faux pas et je suis tombé dans ce trou, où je serais certainement mort de faim, si vous ne m’aviez entendu...
– Heureusement, dit Rocambole, me voilà... mais, ajouta-t-il, comment vous en tirer ?... Si je saute auprès de vous, nous ne pourrons remonter ni l’un ni l’autre, et je crains d’être trop faible encore pour me pouvoir pencher, vous tendre la main, afin de vous hisser jusqu’au bord.
– À vingt pas de l’endroit où je vous ai déposé cette nuit, répondit le jeune homme, vous trouverez mes pistolets et auprès d’eux ma ceinture et mon étui à papiers. Ma ceinture est en poil de chèvre du Thibet. Elle a huit pieds de longueur et fait cinq fois le tour de mon corps. Elle est solide et ne cassera pas.
– Je vais la chercher, dit Rocambole, dont, en ce moment, une idée infernale traversait le cerveau.
– Vous me jetterez un des bouts, acheva le jeune marin, et vous tâcherez de fixer l’autre hors du trou, à quelque anfractuosité du rocher.
– Oui... oui... je cours...
Et Rocambole disparut. Notre héros se vantait en prétendant courir. Il était trop faible et trop exténué pour cela ; mais il se dirigea aussi rapidement qu’il le put vers le lieu désigné par le marin, et où, en effet, il avait aperçu les objets mentionnés. Or, pendant le trajet, Rocambole se fit ce beau raisonnement : « Évidemment, si je ne tire pas mon homme de là, il ne s’en tirera jamais tout seul. Voici un rocher où, bien certainement, une barque de pêche n’aborde pas tous les mois. Si j’étais assez fort, tout à l’heure, pour me rejeter à la nage et gagner la terre avec l’étui de fer-blanc, je pourrais bien être marquis avant vingt-quatre heures, un marquis sérieux avec de bons parchemins, et soixante-quinze mille livres de rente... Et puis, en fin de compte, ce n’est pas moi qui ai jeté ce jeune homme dans un trou... et je ne suis point obligé de l’en tirer... et d’ailleurs, je suis si faible moi-même, je me serai évanoui de nouveau, en allant chercher la ceinture en poil de chèvre... Allons ! Rocambole, mon ami, pas de bégueulerie, s’il vous plaît, et puisque l’occasion de devenir un vrai marquis se présente, bah ! profites-en sans scrupule. Il est vrai que ce pauvre marquis de trois étoiles m’a empêché de me noyer cette nuit, que sans lui j’aurais déjà servi de déjeuner à un marsouin ; et bien certainement à ma place un philanthrope emploierait tous ses efforts à retirer son sauveur de l’embarras... Mais je suis philosophe, moi, et je suis convaincu que la Providence avait ses vues secrètes en poussant ce jeune homme à me sauver. Elle a voulu sans doute en faire un saint et ajouter son nom au martyrologe. »
Après cette réflexion impie, Rocambole s’assit sur le sable, auprès des objets dont le jeune marin s’était dessaisi un moment pour courir plus vite. Puis il s’empara de l’étui de fer-blanc, l’ouvrit et en laissa échapper les papiers qu’il contenait. Après quoi il se mit à les examiner tranquillement l’un après l’autre. Le premier qui frappa ses regards fut une commission d’enseigne de vaisseau au service de la Compagnie des Indes, au nom de Frédéric-Albert-Honoré de Chamery, né à Paris le 15 juillet 18..., et âgé de vingt-huit ans révolus.
– Très bien, pensa Rocambole, après avoir pris connaissance de cette pièce, nous savons à présent que nous nous appelons Frédéric de Chamery et que nous avons servi aux Indes. Continuons à nous instruire.
Une lettre dont la suscription était d’une écriture fine, allongée et trahissant une main de femme, attira sur-le-champ l’attention de Rocambole. La lettre commençait par ces mots : « Mon cher fils. » Elle finissait par ceux-ci : « Marquise de Chamery. »
– Ma parole d’honneur ! murmura le hardi aventurier, sir Williams ne nous avait pas trompé dans ses tablettes, ma mère est bien réellement marquise.
Et il lut au bas de la signature :
« Rue Vanneau, 27, en mon hôtel. »
– Parbleu, continua-t-il, sir Williams s’est donné bien inutilement la peine d’écrire ces noms et ces numéros dans une langue inconnue.
Et Rocambole se mit à lire cette lettre d’une mère à son fils :
« Mon cher fils, disait la marquise de Chamery au jeune enseigne de vaisseau, voici seize années que vous m’avez été enlevé, et c’est d’hier seulement que j’ai appris au lit de mort de votre père ce que vous étiez devenu. M. le marquis de Chamery est mort cette nuit en me suppliant de vous faire chercher par le monde entier, moi qui vous croyais mort et pleurais mon fils depuis seize années.
« J’adresse cette lettre à l’amirauté anglaise dans l’espoir qu’elle vous parviendra tôt ou tard, et que vous accourrez vous jeter dans les bras de votre mère et de votre sœur, selon le vœu de votre père, qui, à sa dernière heure, s’est repenti de son injuste rigueur. Ce n’est qu’à ce moment suprême, mon cher enfant, que j’ai eu enfin le dernier mot de la conduite étrange de votre père. Il y a seize années que M. le marquis de Chamery habitait une mansarde dans les combles de l’hôtel ; il ne m’adressait jamais la parole et me faisait payer par notre intendant une pension de cent louis par an. Mes larmes, mes prières n’avaient jamais pu triompher de son silence, et je lui ai vainement demandé, jusqu’à son dernier jour, quel pouvait être le mobile de ce genre de vie si extraordinaire.
« Pendant seize années, M. de Chamery et moi nous avons été les époux les mieux unis aux yeux du monde ; jamais dans l’intimité nous n’avons échangé un seul mot, jamais il n’a mis un b****r sur le front de votre sœur.
« Votre sœur et moi nous l’avons cru longtemps atteint de folie... Hier, hélas ! nous avons eu le secret de cet horrible mystère. Ce secret, mon cher enfant, le voici :
« M. de Chamery, votre père, n’avait, il y a trente ans, d’autre fortune que mille écus de rente et ses épaulettes de colonel de hussards. Il était mon parent éloigné, j’étais également sans fortune, mais nous nous aimions, et il m’épousa. Vous fûtes le premier fruit de notre amour. Vous aviez cinq ans lorsque la situation de votre père changea brusquement. Le marquis de Chamery, son cousin, chef de la branche aînée de sa famille et riche à cent mille livres de rente, se fit tuer en duel. Le marquis Hector de Chamery avait trente ans, un caractère fougueux, dominateur, impatient ; il était imbu des principes légers de notre siècle et faisait assez bon marché de la vertu et de l’honneur des femmes. Le marquis était garçon et vivait chez sa mère. Mme de Chamery habitait, l’été, un château situé aux environs de Blois et qu’on nommait l’Orangerie.
« Quelques années après notre mariage et quelques mois avant la mort du marquis Hector de Chamery, votre père fut désigné pour faire partie de l’expédition d’Alger, et ne voulant point me laisser à Paris toute seule, il me confia à la marquise de Chamery sa parente. Je passai donc à l’Orangerie la fin de l’été et l’automne de l’année 1830. Hector de Chamery s’éprit pour moi d’une passion non moins violente que coupable, et il me fallut tout l’amour que j’avais voué à votre père pour résister aux obsessions, aux persécutions du marquis. Heureusement, mon cher fils, votre père revint, la révolution de Juillet ne lui permettait pas de rester au service. Il avait donné sa démission et voulait demeurer fidèle à son drapeau. Il arriva à l’Orangerie un soir et me dit en m’embrassant :
« – Ma chère enfant, nous sommes pauvres, très pauvres même, mais comme il faut que nous élevions notre fils, vous ne rougirez point d’apprendre que j’ai accepté un emploi dans l’industrie. Je suis régisseur de mines considérables qu’une Compagnie va exploiter dans les Vosges.
« – J’irai où vous voudrez, répondis-je avec joie. Nous quittâmes l’Orangerie le lendemain, au grand désespoir du marquis Hector de Chamery qui, deux jours auparavant, m’avait menacée de se brûler la cervelle. Trois mois après, tandis que votre père et moi nous nous installions dans une petite ville des Vosges, le marquis eut une sorte de querelle à Paris, sur le boulevard, se battit, eut le poumon traversé d’un coup d’épée et mourut après huit jours d’horribles souffrances.
« Mais il avait eu le temps de faire un testament, et, par ce testament, il instituait votre père son légataire universel, au détriment, c’est hier seulement que je l’ai appris, d’une sœur de la main gauche dont nous ignorions l’existence et de laquelle il faut bien que je vous parle pour que vous puissiez comprendre l’abominable conduite de la vieille marquise de Chamery.
« Mme de Chamery, demeurée veuve à vingt-sept ans, n’ayant alors d’autre enfant que le jeune Hector âgé de trois ans, ne s’était point remariée, car une clause du testament de son époux défunt la privait, dans ce cas, de la tutelle, et, en outre, de la jouissance de la moitié de la fortune de son fils.
« Mais la marquise avait commis une faute. Une jolie petite fille, élevée en cachette d’abord, puis introduite au château de l’Orangerie comme une orpheline, parente éloignée, avait bientôt concentré sur sa tête toutes les affections de la marquise, tandis que le jeune Hector de Chamery, à qui le secret de sa mère était connu, vouait une haine implacable à cette enfant du déshonneur. Aussi le marquis Hector de Chamery, instituant votre père son légataire universel, au détriment de sa sœur naturelle, souleva-t-il contre nous des tempêtes de haine dans le cœur de sa mère.
« Maintenant, vous comprendrez, mon cher enfant, l’atroce vengeance de cette femme. La fatalité voulut que trois mois après la mort du marquis, je devinsse mère de votre sœur.
« Cinq ans après – vous aviez alors dix ans –, la marquise douairière de Chamery mourut dans sa terre de l’Orangerie.
« Votre père, devenu marquis de Chamery, partit sur-le-champ pour aller lui rendre les derniers devoirs et prendre possession de cette portion de sa fortune dont Hector de Chamery avait laissé la jouissance à sa mère. »
– Corbleu ! murmura Rocambole, interrompant la lecture de cette lettre, voici une histoire qui est des plus intéressantes...
Et il continua à lire.