L’orgueil Le vieux comte Jean Adornes venait de mourir. Ce fut grande désolation dans le pays de Flandre. En toutes les métairies les femmes firent s’agenouiller leurs enfants aux cheveux de blé et prier un Ave pour son âme devant la statuette de la Madone, en plâtre blanc sur le badigeon bleu des murs. Les cloches tintèrent de village en village, traçant dans l’air comme des chemins de tristesse, des chemins noirs qui se rejoignaient. Les vassaux apportèrent aux grilles du château toutes les roses-trémières, les tournesols de leurs jardins, et aussi les branches fleuries de leurs vergers. Le comte Adornes, dans la contrée entière, était populaire. Aucune tâche n’avait souillé sa noble vie. Il fut bon, bienfaisant, chaste, fidèle à Dieu et à son nom. Nom glorieux, allumé dès le seuil tén