Un soir Le Poète avait flâné tout le jour, à travers l’énorme capitale en fièvre, désœuvré et seul. Dans le crépuscule qui tombait, sous un ciel de rayons jaunes et qui s’acidulent, il se sentait plus seul. Il n’avait rencontré personne. Il n’avait eu le courage d’aller chez personne. La foule affairée, rentrant dans ses demeures, proches ou lointaines, le froissait, l’ignorait. Comme il s’apparut abandonné ! Et il allait, se parlant à lui-même : « Oui ! le Poète est seul. Qui de tous ceux-là pense aux choses qui m’occupent ? Qui regarde en ce moment le ciel de Passion et de vinaigre que je regarde ? Ah ! la Foule ! la Foule ! Elle est le nombre et je suis l’Élite. Elle appartient aux faits ; moi à la Loi. Elle se passionne pour le désordre des évènements ; moi pour l’ordre de l’Univers.