IV L’histoire du voisin Pierre qui voulait commander au logis Pierre la Barbe-Grise ne ressemblait en rien au voisin Gudbrand ; il était raide, impérieux, colère, et n’avait guère plus de patience qu’un chien à qui on arrache un os ou qu’un chat qu’on étrangle. Il eût été insupportable, si le ciel, dans sa miséricorde, ne lui eût donné une femme digne de lui. Elle était volontaire, taquine, hargneuse, acariâtre, toujours prête à se taire quand son mari ne disait rien, et à crier dès qu’il ouvrait la bouche. C’était un grand bonheur pour la Barbe-Grise que de posséder un tel trésor. Sans sa femme, aurait-il jamais su que la patience n’est pas le mérite des sots et que la douceur est la première des vertus ? Un jour de fenaison, comme il rentrait chez lui après un rude travail de quinze