Lettres de mirabeau à Sophie de Monnier… août 1777. Oh ! non, mon amie, je ne crois pas que tu aies été insensible à cet affreux silence qui nous a enveloppés pendant près de deux mois. Quand je ne te connaîtrais pas comme je fais, qui pourrait ne pas prendre confiance dans ta délicieuse ingénuité ? qui ne persuaderaient tes plaintes amères, ton trouble continuel, tes expressions si fortes, quoique si simples, si variées et si naturelles ? Ah ! je le sens, je n’ai pas été seul malheureux ; et, malgré les distractions qui t’obsèdent, tu ne l’étais guère moins que moi. Ô mon amie ! je serais bien cruel à moi-même, si je ne croyais pas à ton amour. Eh ! quel autre bien me reste-t-il ? quelle autre consolation ? quel autre espoir ? Tu penses peut-être qu’il y aurait plus que de l’injustice