IVMadame Marguerite n’était pas seule à s’inquiéter. Sans parler des serviteurs du manoir de Saint-Ouen, qui craignaient pour leur maître, et aussi pour eux parce que, si le manoir de leur seigneur était confisqué, ils ne savaient pas à quel seigneur on les donnerait, Philippe de Carteret était cher à toute l’île. Il courait sur sa prison de tristes bruits : il était enfermé dans un cachot sans air et sans jour dont l’humidité lui donnait la fièvre ; on ne le nourrissait pas ; et, tandis qu’on l’exténuait de privations et de malaises, Roger le Bouteiller faisait ce qu’il voulait dans le château, respirait, s’exerçait, et mangeait et buvait de manière à être fort et dispos au jour de l’assassinat. On savait que la dame de Saint-Ouen avait quitté l’île, et l’on pensait bien qu’elle était al