IX Marcel ne se lassait pas d’entendre ces histoires que lui racontait Espérit ; il se les faisait répéter bien souvent, longuement, dans les moindres détails ; rien n’était indifférent pour lui dans le récit minutieux de ces petits drames domestiques. De son côté, la tante Laurence lui racontait à sa façon les méfaits de Mitamat ; Marcel l’écoutait avec un vif intérêt. À l’aide de ces récriminations passionnées de la tante tout autant que par les récits sympathiques d’Espérit, avec ses souvenirs personnels ainsi ravivés, éclairés, il reconstruisait dans le passé toute la vie de son père, qu’il avait si peu connu ; il en devinait les souffrances, les angoisses, les illusions, les habitudes, il en pénétrait l’intimité, et toutes les choses dont il avait été témoin dans son enfance s’expliq