WINNIE
Voici maintenant des semaines que je n'ai pas revu Léon et il me manque énormément même si je n'arrête pas de me sentir mal pour ce qui s'est passé. Comment ai-je pu coucher avec lui dans un hôpital alors que sa famille était juste à côté et que Kelly elle était dans un état critique. Dieu soit loué, elle s'en est bien sortie.
Mais là j'évite encore plus Léon. Oui c'est facile de dire laisse tomber Gérard, avoue tout à Léon et soyez heureux jusqu'à la fin des temps ; j'aimerais d'ailleurs tellement y croire mais on sait tous que ça ne se passe ainsi que dans les films.
Si je laisse tomber Gérard aujourd'hui et que j'avoue tout à Léon, qu'est-ce qui me garantit qu'il restera à mes côtés et qu'il m'aimera encore comme il le prétend. Ma relation avec Gérard ce n'est pas que le côté financier ; c'est aussi le fait qu'il connaisse mon côté le plus sombre sans me juger. J'ai conscience que je ne demeurerai pas éternellement avec lui mais pour le moment c'est ce qui me convient. Même si lorsque je suis avec Léon tout est différent... On dirait qu'il ressort le meilleur de moi.
J'aimerais tellement croire qu'il y ait une chance pour que lui et moi finissions ensemble mais je ne préfère pas me faire des films et puis je crois qu'il mérite mieux que moi.
Je lance un coup d'œil à mon téléphone qui n'arrête pas de sonner ; c'est encore lui mais je préfère ignorer.
C'est mieux ainsi pour nous deux. Et puis en ce moment je préfère me concentrer sur mes projets. Si tout venait à finir au moins que je ne finisse pas sans rien.
Je laisse mon téléphone sur la table et vais en cuisine contrôler la marmite que j'ai laissé sur le feu. Pendant que je remue ma soupe je me laisse encore emportée par mes pensées. Je repense à son b****r, à sa main sur mon corps. J'entends de nouveaux nos souffles. J'ai chaud ! J'ai très chaud !
Heureusement la sonnerie me ramène à moi. J'éteins le feu sous la soupe puis je vais regarder qui est à la porte.
À peine j'ouvre que je veux refermer mais il bloque la porte et la pousse de toutes ses forces puis entre.
Léon : Je peux savoir à quoi tu joues Winnie ?
Moi : Je ne sais pas de quoi tu parles !
Léon : Tu sais quoi ? J'en ai marre de toutes tes gamineries. Je suis fatiguée de te courir après alors que pour toi je ne suis qu'un jouet. Sache qu’une fois que je sortirai d'ici... Plus jamais tu n'entendras parler de moi. Alors je veux que tu me le dises en me regardant dans les yeux... Dis-moi que tu ne veux pas de moi dans ta vie et je te promets de disparaître.
Moi : ...
Léon : Réponds moi !
Je le regarde sans trop savoir quoi lui répondre. Mon cœur crie "ne pars pas" alors que ma raison elle me demande de le laisser partir. Je suis si confuse. Soudain je suis prise de nausée... J'accours vers les toilettes et le laisse planter là. Je vide tout ce que j'ai avalé il y a peu puis je me rince la bouche.
C'est la troisième fois que je vomis aujourd'hui. Je dois avoir un problème d'indigestion ou je peux être... ENCEINTE ? ?
Non ! Ça ne peut pas être possible !
Je repars vers le salon en courant. Je prends mon téléphone sur la table sous le regard interrogateur de Léon. J'ouvre l'application que j'ai installée pour contrôler le suivi de mes règles et le verdict est sans appel... J'ai un retard de deux semaines.
Léon : Winnie j'attends une réponse !
Je ne fais même pas attention à lui... Je commence à compter dans ma tête. Le soir où j'ai eu mon rapport avec Léon, Gérard ne m'a pas touchée et puis il a voyagé le lendemain. Il n'est revenu que deux semaines plus tard et j'aurais déjà dû avoir mes règles. Mince je ne comprends pas... Mais est-ce que ca pourrait être avant ? Je regarde à nouveau mon calendrier pour voir à quelle date j'ai couché avec Léon.
Cette fois c'est clair ! Il est le père de mon enfant. Je m'affale sur le canapé complètement dépassée par la situation. Je crois que je viens définitivement de détruire ma vie.
Léon : Tu vas bien ?
Moi : Ne me touche pas !
Léon : Mais...
Moi : Tu voulais que je te regarde dans les yeux ? Dis-je en me plaçant face à lui. Bien je vais le faire... Tu prends tes pieds, tu dégages de chez moi et tu ne reviens plus jamais !
Léon : Mais...
Moi : DEGAGE ! !
Je le traverse pour aller lui ouvrir la porte alors qu'il continue de me regarder en s'interrogeant. Sans doute cherche-t-il à comprendre ce qui me fait réagir ainsi ou peut-être cherche-t-il juste à savoir si je suis sérieuse ou pas. Finalement il avance jusqu'à mon niveau.
Léon : Je me suis vraiment trompé sur toi. Bonne journée à toi !
Il me regarde une dernière fois et s'en va alors que je referme la porte derrière lui et commence à pleurer. Non mais c'est quoi cette vie... Déjà que ma situation n'est pas des plus simples... Il fallait que ça aussi me tombe dessus ! Je suis vraiment poisseuse. Il faut que j'aie le cœur net.
Je vais dans ma chambre prendre mon porte-monnaie pour me rendre à la pharmacie la plus proche.
(...)
À peine j'entre et referme la porte derrière moi, que j'entends la sonnerie. Je soupire puis je lance le plastique que je tenais dans la main sur la table. Ça doit être le coursier, de toutes les façons, je ne suis d'humeur à ne recevoir personne en ce moment.
Lorsque j'ouvre la porte, je suis surprise de me retrouver en face de Luna.
Luna : Salut ! Je te dérange pas j'espère...
Moi : Euh non pas vraiment !
Luna : Je peux entrer ?
Moi : Euh oui bien-sûr ! Fis-je en lui ouvrant le passage.
Luna : Merci...
Moi : Fais comme chez toi !
Elle entre et se dirige vers le canapé mais ses yeux s'arrêtent sur le test qu'on aperçoit au bord de l'emballage sur la table. Il a dû sortir lorsque j'ai lancé l'emballage sur la table.
Moi : Euh excuse-moi un instant ! Dis-je en récupérant l'emballage sur la table pour aller le garder dans ma chambre.
Je reviens quelques instants plus tard et Luna est déjà assise.
Moi : Je te sers quelque chose à boire ?
Luna : Non merci c'est gentil en plus je ne vais pas être longue. Tu veux bien t'asseoir s'il te plaît ?
Moi : Euh oui bien-sûr !
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai bien l'impression que cette discussion va parler de Léon et pourtant j'ai envie de tout en ce moment sauf parler de lui.
Luna : Je ne vais pas tourner autour du pot Winnie. Tu es une fille que j'apprécie énormément et tu le sais mais Léon c'est mon frère et je l'aime encore plus. J'ai d'ailleurs été la première à le dissuader de te faire la cour sachant comment s'est terminée sa dernière relation. Si j'avais su qu'en lui demandant de s'occuper de toi ce soir-là il serait tombé amoureux de toi je ne l'aurais pas fait. Pas parce que je ne t'aime pas mais pour justement éviter ce qui se passe actuellement. Mon frère ne dort plus bien à cause de toi, il n'a plus que ton nom à la bouche et j'avoue que avec le temps je me suis dit pourquoi pas si c'est que tu le rendais heureux. Mais là il est sorti de chez moi triste et en colère. Je ne l'ai jamais vu dans cet état et moi ça m'a fait de la peine surtout que je ne pouvais rien pour lui. Je n'ai pas l'habitude de me mêler des affaires des autres mais Winnie je t'en supplie Si tu éprouves un tout petit sentiment pour mon frère arrête de le faire souffrir et prends soin de lui et je sais qu'il ne te laisse pas indifférent. Alors réfléchis encore bien à ce que tu veux parce que tu pourrais vraiment le perdre à tout jamais.
Moi : Luna je...
Luna : Winnie tu n'as aucune explication à me donner et tu ne me dois rien. J'avais à te dire et je l'ai fait tout simplement. Pour la suite c'est à toi de voir ce que tu veux réellement. Moi je vais y aller.
Moi : Ok !
Je la raccompagne à la porte puis referme derrière moi. Je vais dans ma chambre récupérer le test puis je vais dans la douche.
Pendant que j'attends, je ne cesse de repenser aux paroles de Luna et je me remets en question...
Une fois le temps écroulé, je prends le test et le résultat est positif. J'avoue qu'au fond de moi j'avais encore espoir que ce ne soit pas le cas mais hélas.
La réalité est là face à moi. Je suis enceinte de Léon. Je crois qu'il est temps que je fasse les choses différemment car à partir d'aujourd'hui mes actes n'affecteront plus que moi seulement mais mon enfant aussi (touchant mon ventre) il est vraiment temps que je fasse les choses bien.
LEON
Je ne peux pas croire qu'elle m'ait réellement traité ainsi. Je dois certainement rêvé. Oui dès le départ j'ai senti que ça n'aurait pas été facile de la séduire mais je me suis dit qu'avec le temps j'y serai arrivé. Et à chaque fois que je croyais faire un pas en avant avec elle, au final c'était deux autres pas que je faisais en arrière. J'ai l'impression que j'ai trop forcé les choses... Pourtant à un moment j'y ai cru. Je pensais vraiment qu'elle et moi pouvions vivre quelque chose de sérieux mais hélas...
Je suis fatigué de lui courir après à chaque fois. Elle ne m'aime pas, je respecte sa décision mais je suis vraiment en colère. Elle était là avec ses "C'est compliqué" alors qu'elle savait très exactement ce qu'elle faisait. Pour elle, tout ça n'était qu'un jeu en fait. Dommage que je ne m'en rende compte que maintenant.
Alors que je m'apprête à entrer dans mon appartement, je reçois un appel de Luna. J'espère que je n'ai rien oublié chez elle parce que je n'ai pas l'intention de retourner dans cet immeuble. Je ne veux plus jamais croiser Winnie.
Moi : Allô ?
"Luna : Tu as couché avec Winnie ?"
Moi : Quoi ? Non mais tu sors d'où avec cette question ?
"Luna : Oui ou non ?"
Moi : Oui !
"Luna : Eh bien je crois que tu l'as mise en clope !" Lança-t-elle avant de raccrocher.
Cette fois je renonce à entrer dans mon appartement. Comment ça se fait que Winnie soit enceinte de moi ? Et puis comment Luna l'a su ? Soudain, je me rappelle de son malaise tout à l'heure chez elle... Lorsqu'elle est allée en courant vers les toilettes. C'est d'ailleurs après qu'elle soit revenue de là qu'elle était toute bizarre. Mais est-ce vraiment possible que ce soit vrai ? Et pourquoi ne me l'a t-elle pas dit ?
J'essaye de rappeler Luna mais ça m'envoie au répondeur.
Il faut que j'en aie le cœur net.
(...)
Lorsqu'elle ouvre la porte, elle semble surprise de me voir. Je décide de ne pas y aller par quatre chemins...
Moi : Est-ce que tu es enceinte ?
Winnie : Quoi ?
Moi : Est-ce que oui ou non tu portes mon enfant ?
Winnie : Oui... Fit-elle en baissant la tête.
Je me passe les mains sur le visage pas parce que la nouvelle me dérange mais parce que définitivement je ne la comprendrais jamais. Comment au lieu de me dire qu'elle est enceinte de moi, elle me jette dehors comme un malpropre.
Moi : On fait quoi donc maintenant ?
Winnie : Comment ?
Moi : Puisque c'est toi qui définis les règles dans "cette relation" je te demande qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Winnie : Je n'avorterai pas !
Moi : Qui t'a parlé d'avortement ? Et ça tombe bien qu'on soit au moins d'accord sur ce point-là. Je veux savoir ce qu'on fait puisqu'il y à peine trois heures tu m'as mis hors de chez toi en sachant que tu portes mon enfant donc je conclue que tu n'avais pas l'intention de m'en parler.
Winnie : J'allais le faire !
Moi : Vraiment ?
Winnie : Puisque je te le dis... Je voulais d'abord en avoir le cœur net alors j'ai acheté un test celui que Luna a vu parce que j'imagine que c'est elle qui t'a prévenu.
Moi : Hum de toutes les façons je veux que tu saches qu'il n'est pas question que je laisse tomber mon enfant. Je ferai partie de sa vie dès maintenant jusqu'à ma mort.
Winnie : Je n'avais pas l'intention de t'en empêcher. Tu veux entrer s'il te plaît. Je crois qu'il faut qu'on parle.
Moi : Hum...
Je joue le dur alors qu'à l'intérieur je suis l'homme le plus heureux du monde. Je n'arrive pas à croire que je vais avoir un bébé en plus avec la femme que j'aime.
J'entre et vais m'installer sur le canapé en face d'elle.
Moi : Je t'écoute !
Winnie : Tu te souviens je t'ai dit à chaque fois que ma vie est compliqué...
Moi : Tu ne vas pas me ressortir ça s'il te plaît. Dis-je en l'interrompant.
Winnie : Laisse-moi finir s'il te plaît.
Moi : Hum ok !
Winnie : En fait il y a quelques mois...
Elle commence à me raconter son histoire, comment elle est arrivé ici et je suis dépassé. Non en fait je suis sans voix. C'est au-delà de tout ce à quoi j'aurais pu penser... Winnie ce genre de fille ?
Je la regarde et j'ai du mal à la reconnaître. Un homme marié ? Et tout ce qu'elle a fait juste pour obtenir cette bourse...
Waouh !
Franchement je crois que j'aurais préféré ne rien savoir...
Winnie : Ne me regarde pas comme ça s'il te plaît ! J'ai changé aujourd'hui et je ne suis plus cette personne-là.
Moi : Oui mais en attendant tu vis toujours chez lui... Je comprends mieux pourquoi la dernière fois tu m'as fait sortir d'ici comme un voleur, ton chéri arrivait.
Winnie : Arrête s'il te plaît...
Moi : Je me demande d'ailleurs comment je peux être sûr que cet enfant est le mien ? Après ça peut être le sien mais comme il est marié il ne veut sans doute pas un enfant de toi et tu cherches un idiot à qui attribuer la grossesse et qui de mieux que cet imbécile de Léon.
Winnie : Léon arrête s'il te plaît. Tu dois me croire ! Cet enfant est le tien.
Moi : Eh bien tu vois, je ne sais plus vraiment si je dois te croire. Tout ce que je pensais savoir sur toi n'est en fait qu'un mensonge. Dis-je en me levant.
Je me tourne pour partir mais elle me retient.
Winnie : Sniff je ne t'ai jamais demandé de me courir après... D'ailleurs à chaque fois je faisais tout pour t'éviter mais toi tu n'as fait qu'insister jusqu'à ce que je sois tombée amoureuse de toi. Je ne t'ai jamais menti et je t'ai toujours fait comprendre que ma vie était compliquée mais c'est encore toi qui m'a demandée de te faire confiance et tu m'as dit de te laisser m'aider et que tu pourrais tout comprendre.
Elle a raison mais comment pourrais-je comprendre ça. J'ai bien envie de lui dire oui je te comprends et tout mais c'est bien plus fort que moi.
Moi : Je suis désolé ! Dis-je en me précipitant vers la sortie.
Winnie : Léon s'il te plaît ne me laisse pas sniff ne nous laisse pas.
Elle me fait de la peine mais c'est encore trop tôt pour moi. J'ai besoin de temps et de force pour digérer tout ça. En ce moment j'ai les idées embrouillées et je ne sais plus vraiment quoi croire ou pas.
Malgré ses pleurs et supplications, je sors et referme la porte derrière moi.
Je ne sais pas si j'arriverai à passer au-dessus de ça.
C'est trop pour moi ! ! !