Sacrée coïncidence hein !

3054 Words
CRISTAL     Plus qu'une semaine avant le jour-j... Le stress est au rendez-vous même si je fais de mon mieux pour garder mon calme.     Il est 4h mais je suis déjà dans mes cahiers. J'ai préféré me lever un peu tôt ce matin pour réviser parce que tout à l'heure maman et moi iront au champ. C'est vrai que j'ai prévu aller réviser à l'école après mais ce n'est pas mauvais si je commence maintenant.     Maman se réveille une heure plus tard et on s'apprête toutes les deux pour se rendre au champ où nous allons travailler un bon moment avant de retourner à la maison.   (...)     Je viens d'arriver à l'école pour entamer mes révisions mais à peine j'arrive en salle, je trouve Kelly ma camarade mais aussi l'une de mes concurrentes. En dehors du fait que nous soyons en concurrence je trouve que c'est une fille bien ; elle est plutôt sympa.     Moi qui avais prévu travailler au tableau c'est bien dommage. Elle est arrivée en premier donc je me dois de ne pas la déranger. Je vais m'asseoir au fond de la classe et sors mes épreuves et des formats papier. À défaut du tableau, on se contente de formats.     Je commence à travailler mais par curiosité je lance à chaque fois un coup d'œil à ce que fait Kelly au tableau et je me rends compte qu'elle est en train de se tromper sur un exercice. Je pourrais bien la laisser s'enfoncer mais je préfère faire pour elle ce que j'aimerais qu'on fasse pour moi.     Moi : Euh Kelly excuse-moi de te déranger mais je pense que tu devrais revoir ton équation au niveau de la deuxième ligne.   Elle regarde le tableau puis prend son livre qu'elle lit ; elle regarde à nouveau le tableau et se rend compte qu'elle a effectivement fait une erreur. Elle efface et corrige son erreur.   Kelly : Ouff ! Heureusement que tu étais là... J'ai tendance à me tromper sur les signes et ça me fait ça à chaque fois ; je crois que je devrais vraiment faire attention... Merci !   Moi : Je t'en prie ! Fais-je avant de m'enfouir dans mon épreuve.   Kelly : Sinon tu traites quoi ?   Moi : Une épreuve de physique...   Kelly : Ça te dit qu'on la traite ensemble ?   Moi : Euh oui pourquoi pas...     Je me lève et vais près d'elle avec l'épreuve qu'on se met tout de suite à traiter.     Finalement au lieu d'une épreuve, nous avons traité une dizaine dans plusieurs matières.   Kelly : L'étude est plus facile et cool lorsqu'on est à deux...   Moi : Ouais c'est vrai... Du coup on n’a même pas vu le temps passé. Ma mère doit s'inquiéter ; tes parents aussi j'imagine !   Kelly : Non, je ne crois pas...     J'ai envie de lui demander comment ça se fait que ses parents ne s'inquiètent pas alors que ça fait plusieurs heures qu'elle est sortie et qu'il commence à se faire tard maintenant mais je préfère ne rien dire de peur de paraître indiscrète.     Moi : Ok !   Kelly : D'ailleurs, si ça se trouve, ils ne doivent certainement pas être là.   Moi : Ah d'accord !   Kelly : Tu vis de quelle côté ?   Moi : Je ne suis pas loin de Fokou Mendong !   Kelly : Ah c'est sur mon chemin... Mon frère passe me prendre ; on peut te déposer si ça te dit !   Moi : Euh oui merci !   Kelly : Je lui envoie un message pour lui demander à quel niveau il est.   Moi : Ok...     Après un court moment...   Kelly : Il est coincé dans les embouteillages donc on va devoir attendre un peu.   Moi : Ok !   Kelly : Tu n'es pas très bavarde...   Moi : Si enfin non... Bref disons que je parle quand j'ai à dire.   Kelly : C'est cool ! Alors tu es prête pour l'exam ?   Moi : On est jamais vraiment prêt tu sais... Mais je suis optimiste et toi ?   Kelly : J'ai peur... Ça me stresse énormément surtout que je tiens tellement à obtenir cette bourse.   Moi : Pourquoi tu tiens tant à avoir cette bourse toi ?   Kelly : Pour prouver à mes parents qu'une femme peut être beaucoup plus qu'une femme au foyer. Mon père est encore de l'ancienne école du coup pour lui une femme ne se résume qu'à se marier et faire des enfants... Je veux lui prouver qu'une femme peut beaucoup plus et je me dis que cette bourse serait un pas en avant. Si j'arrive à l'obtenir, je pourrais faire des études dans un domaine que j'ai choisi et me lancer dans une activité de mon choix ; le plus important, je pourrais dire que j'en suis arrivée là par mes propres moyens.   Moi : C'est louable et j'espère que tu y arriveras.   Kelly : Et toi alors ? Pourquoi tu as besoin de cette bourse ?   Moi : Déjà parce que je n'ai pas les moyens pour aller dans une université privée mais aussi parce que je pense qu'elle m'ouvrira plusieurs portes. Déjà avec le petit boulot qu'ils nous offrent entre les cours, ça m'aidera beaucoup car je pourrai envoyer un peu d'argent à ma mère pour qu'elle n'ait plus à se battre autant pour moi. En bref je veux que ma mère soit fière de moi et je veux aussi prouver aux gens qu'on peut faire de grandes choses avec la volonté même si on n’est pas né riche.   Kelly : Waouh... Devant toi je parais un peu comme une petite fille pourrie, gâtée et capricieuse.   Moi : Pourquoi tu dis ça ?   Kelly : J'ai ce que tu n'as pas mais je n'arrête pas de me plaindre alors que toi tu fais avec ce que tu as sans te plaindre.   Moi : Je crois que tu te trompes. Moi ce n'est pas ce que je vois quand je te regarde. Moi je vois une fille qui a eu la chance d'être née dans une famille bien mais qui ne veut pas se laisser définir par ça... Je vois une fille qui ne se contente pas de ce qu'on lui donne mais qui se bat pour avoir ce qu'elle veut et je ne doute pas que tu réussiras à atteindre tes objectifs et plus important encore, tu prouveras à tes parents que tu n'es pas une femme comme les autres parce que toi tu es spéciale. Tu es Kelly Fotso. Répète après moi je suis Kelly Fotso et je suis spéciale.   Kelly : Je suis Kelly Fotso et je suis spéciale.   Moi : Dis-le encore !   Kelly : JE SUIS KELLY FOTSO ET JE SUIS SPÉCIALE ! Crie-t-elle. Ça te convient maintenant ?   Moi : Oui !   On éclate toutes les deux de rire.   Kelly : Tu ferais une bonne directrice de campagne hein...   Moi : Ne me dis pas que tu as décidé de devenir présidente de la république.   Kelly : Si, à l'instant... Je viens de le décider et tu seras ma directrice de campagne. Bien-sûr on va commencer par le début... D'ailleurs c'est quoi le début pour devenir présidente ? Rire   Moi : Comment je suis sensé savoir ? Rire ! Non mais tu es grave ! !     On se marre encore un bon moment jusqu'à ce qu'elle reçoive un message de son frère qui lui informe qu’il nous attend devant le portail de l'école.   Kelly : On doit y aller !   Moi : Ok !   Kelly : Que la meilleure gagne ?   Moi : Que la meilleure gagne !       KELLY     On arrive devant la voiture et Fred sort pour saluer Cristal.     Moi : Cristal voici mon frère Fred, Fred voici Cristal mon amie et arrête de la regarder comme, tu vas finir par baver avec ta bouche que tu as laissé ouverte là... Dis-je en allant dans la voiture.     Pendant ce temps, Cristal esquisse un sourire.   Fred : T'es folle je te jure ! Enchanté Cristal !   Cristal : Moi de même !   Moi : Tsuip vas faire ton numéro de charme aux filles de ton âge Fred et laisse mon amie en paix. Et puis dépêche-toi de monter on doit la déposer chez elle.   Cristal monte en voiture, Fred en fait de même puis démarre.   Fred est mon grand frère et je l'adore. Ne faites pas attention à toutes nos intrigues ; on aime bien se taquiner. Fred est non seulement mon frère mais aussi mon ami et je sais que quoi qu'il arrive, je pourrais toujours compter sur lui ; mais je ne blaguais pas quand je disais qu'il bavait sur Cristal bon c'est vrai j'ai peut-être un peu exagéré la chose mais franchement le gars n'a pas arrêté de la regarder depuis qu'il est descendu de la voiture pour aller la saluer et là il n'arrête pas de sourire comme un idiot en posant des bêtes questions. Pff ça devient presque agaçant...   On arrive enfin à l'entrée de Cristal, je lui demande son numéro de téléphone mais elle me fait comprendre qu'elle n'a pas de téléphone et me remet plutôt celui de sa mère.   Cristal : Tu peux m'appeler là, tu demandes juste à parler à Cristal.   Fred : Les garçons peuvent aussi appeler ?   Cristal : Bien sûr s’ils sont courageux... (Sourire)   Moi : Et on sait tous que tu n'es pas courageux. Rire... Ok Cristal je t'appelle demain alors. Bonne soirée et bonsoir à ta maman.   Cristal : En passant, ma mère braise le poisson et je vous assure que c'est le meilleur poisson de toute la ville non de tout le pays, donc quand vous avez le temps passez goûter.   Fred et moi : Avec plaisir !   On se dit au revoir et puis Fred démarre et commence à même temps à se plaindre...   Fred : Ce n'était pas gentil de me mettre mal à l'aise comme ça devant ton amie.   Moi : Ce n'est pas une fille pour toi ! Fais-je catégorique...   Fred : Donc maintenant tu sais qui est pour moi ou pas... En tout cas elle me plaît bien ton amie.   Moi : J'ai dit non...   J'aime bien mon frère mais je sais que c'est le genre de mec qui aime bien jouer avec le cœur des filles. Il est beau et riche alors les filles lui courent après tout le temps ; du coup il s'en fout un peu et avec ça il n'a jamais vraiment eu de relation sérieuse.   Fred : Je te dépose à la maison... Moi je dois aller chez Alan qui organise une petite soirée chez lui...   Moi : Emmène-moi s'il te plaît !   Fred : Et tes révisions alors ?   Moi : Si je devais composer maintenant je suis sûre que je n'aurais pas moins de 17 de moyenne et je crois que c'est déjà bien noh...   Fred : Pourtant ce n'est pas ce que tu disais ce matin encore...   Moi : Je t'ai dit que j'avais quatre concurrentes en classe non ?   Fred : Oui !   Moi : Cristal est l'une d'elle !   Fred : Et ?   Moi : Sa mère braise le poisson et j'imagine que c'est cet argent qui paye sa pension mais cet argent ne pourra pas être suffisant pour lui payer une bonne formation après le baccalauréat. Moi je pourrais avoir pleins d'autres occasions ; je pourrais aller dans une bonne université privée ici au pays et je trouverai bien comment montrer à papa que je peux faire bien plus que ce à quoi il s'attend. Même si ce n'est pas maintenant je sais au moins que ça viendra alors qu’elle, si je peux le dire ainsi, c'est sa seule chance et elle le mérite plus que moi... Tu aurais dû l'entendre tout à l'heure, elle n'a pas eu la chance que j'ai eu mais elle ne compte pas baisser les bras.   Fred : Waouh !   Moi : Ouais c'est ce que je te disais... Ce n'est pas une fille pour toi ! Elle c'est une fille bien, elle est gentille...   Fred : Tu veux que je te dise un secret ?   Moi : Oui ?   Fred : Tu es mon modèle   Moi : C'est vrai ?   Fred : Ne prend pas alors la grosse tête mais oui c'est vrai et sache que toi aussi tu es une fille bien. C'est cool ce que tu vas faire pour elle.   Moi : Elle aurait fait pareil j'en suis sûre !   Je suis sérieuse lorsque je dis que je veux que Cristal gagne ce prix parce qu'elle le mérite et je suis sûre qu'elle surpassera largement les autres.   WINNIE     Je vérifie une dernière fois ma tenue dans la glace et suis plus que satisfaite du résultat...   Je prends ma pochette et sors mais je croise ma mère au salon qui se met directement à bavarder comme d'habitude.   Maman : Les vrais élèves sont tous chez eux à l'heure actuelle pour réviser mais toi ce n'est pas ton problème ; tout ce qui t'intéresse c'est sortir en tout cas sache que quand ça va pourrir ça va sentir...   Je ne fais pas attention à elle et sort. Ma mère tout ce qu'elle sait faire c'est bavarder sur ma tête en longueur de journée. Si elle avait fait comme ses égaux : épouser un homme riche ou tout simplement trouver un bon emploi elle n'en serait pas réduite à vendre des beignets au quartier. La honte de ça quand je passe et on dit "voilà la fille de mami makala (vendeuse de beignets) " mais pour le moment je n'ai pas autre choix que de supporter tout ça...   Voilà pourquoi je me bats certes à ma manière mais je me bats pour sortir de cette situation. Ce n'est pas que je n'aime pas ma mère et je lui suis reconnaissante pour tout ce qu'elle a fait pour moi jusqu'à présent surtout depuis la mort de mon père mais là où on ne s'entend pas c'est sur mon mode de vie. Je ne vois pas où est le problème si je vois loin et si je déteste la pauvreté... D'ailleurs qui aime la pauvreté ?   Bref pour le moment j'ai mieux à faire que de penser à toutes ces bêtises.   (...)   J'entre dans le restaurant et le vois. Je souris intérieurement parce que mon plan commence à prendre forme. Je m'assure de m'asseoir à une table où il ne pourra que me voir.   Très vite un serveur passe prendre ma commande, je prends une salade et un jus de fruit. J'ai lu quelque part que les hommes aiment les femmes raffinées et qui prennent soin d'elle. Je ne vais pas commander un poulet pour me retrouver en train de manger avec les mains. En plus je serai obligée de ne pas mâcher les os et c'est tout simplement du gaspillage.   On m'apporte mon plat de salade et mon jus pendant que je fais semblant d'être concentrée sur mon téléphone. De temps en temps je fais genre je guette l'heure à ma montre comme si j'attendais quelqu'un.   Quelques minutes plus tard je fais semblant de lancer un appel... Moi : Allô ? Mais ça fait un moment que je t'attends ? Tu aurais pu me le dire au lieu de me laisser t'attendre ici comme une folle ! Laisse tomber ! Pff !   Je fais genre je raccroche en étant sur les nerfs. Je peux sentir le regard de mon future chéri sur moi.   Je fais signe au serveur pour qu'il m'apporte la facture.   En ce moment mon cœur bat tellement fort parce que si mon plan ne fonctionne pas je vais non seulement tout perdre en plus je vais devoir payer 8000fcfa pour un plat de salade et un maigre verre de jus. Quand je pense que je gardais cet argent pour autre chose. Y a intérêt à ce que ça fonctionne.   Il arrive avec la facture et l'autre n'a toujours pas réagi eh Dieu mon argent ehhh... Je prends ma pochette de laquelle je sors un billet de 10000 d'ailleurs le seul qu'il me reste eh ah Abanda tu me fais ça pourquoi ? Je t'ai fait quoi de mal ?   Lorsque le serveur s'en va... N'est-ce pas voilà Abanda qui se lève et vient se placer en face de moi ? J'ai seulement envie de le gifler mais bon au moins il est déjà là donc tout n'est pas fini.   Lui : Salut ! Je peux m'asseoir ?     Moi : Elles ne sont pas à moi ces chaises donc vous faites comme vous voulez ! Dis-je en espérant qu'il s'asseye.   Lui : Euh ok ! Vous semblez en colère ! Fait-il en s'asseyant...   Moi : Oui vous êtes des idiots vous les hommes...   Lui : Hummm !   Le serveur arrive ensuite avec mon reste d'argent que je prends sans attendre même comme il me lance un drôle de regard. Il s'attendait à quoi ? Que je dise garde la monnaie ? Tsuip ! Comme si moi-même je vois du bien...   Moi : Bien je dois y aller !   Lui : J'espérais que vous accepteriez de déjeuner avec moi...   Moi : Je viens de déjeuner !   Lui : Vous n’avez pris qu'une salade que vous avez à peine goûtée.   Moi : Vous m'espionnez ?   Lui : Non, disons que vous m'avez tapé à l'œil. Alors vous voulez bien déjeuner avec moi ?   Je fais mine de réfléchir...   Moi : Ok mais je ne reste pas longtemps alors !   Lui : Pas de soucis !   Cette fois on commande du poulet et une bouteille de vin rouge... Eh ah ma sortie n'était pas pour rien... Dieu n'oublie pas ses enfants.   Lui : Excusez mes mauvaises manières, au fait je suis Gérard Abanda !   Lol tu me dis un truc que je sais déjà ? Ah oui c'est vrai tu ne sais pas que je sais !   Moi : Winnie Mbama   Gérard : Aussi jolie que votre nom...   Moi : Merci...   On nous apporte nos commandes et je ne perds pas de temps pour déguster le mien alors que monsieur ne cesse de raconter sa vie.   Lui : Je suis le directeur de L'OB (Office du baccalauréat) et vous ?   Moi : Quelle coïncidence... Je passe justement mon bac la semaine prochaine.   Sacrée coïncidence hein !
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