I Il avait au moins soixante-dix ans, le père Biscuit. D’ailleurs, personne n’aurait pu dire son âge exactement ; car, depuis vingt ou vingt-cinq ans, on le voyait toujours le même, sans une ride de plus, sans un cheveu de moins. Il était grand, et il se tenait, en marchant, roide et droit comme un I. Il avait de longues jambes, sèches comme une quenouille, mais capables de faire dix bonnes lieues sans crier merci ; ses bras, à l’avenant de ses jambes, se terminaient par des mains très larges qui n’avaient plus, sur les os et les nerfs, qu’une peau froissée comme un vieux parchemin. Son grand nez s’avançait désagréablement sur sa bouche et semblait vouloir, à chaque instant, donner l’accolade à son menton. Ses joues étaient représentées par deux angles. Partout, sous sa peau jaune et tann