I Après deux ans de mariage, madame de Gantrey avait eu le malheur de perdre son mari. Riche, jolie et jeune – elle n’avait que vingt ans – ses amis pensèrent que l’année de deuil expirée, elle quitterait ses vêtements noirs et reparaîtrait dans le monde, où l’appelaient sa beauté, sa grâce et les charmes de son esprit. On pensa aussi qu’elle ne tarderait pas à se remarier ; car, disait-on, bien qu’elle ait eu pour M. de Gantrey une affection profonde, il est impossible qu’une femme de son âge et de sa condition reste libre longtemps ; ce serait se faire remarquer et livrer sa vie à toutes sortes de suppositions malveillantes. Son oncle, M. de Vandoise, colonel de dragons en retraite, était de cet avis. Cependant, l’année du deuil écoulée, madame de Gantrey, contre toutes les prévisions,