II Pénétrons à l’intérieur du château de Wessenberg. Dix heures viennent de sonner. Enveloppé d’une robe de chambre en velours rouge, le maître du logis est assis dans un large fauteuil, devant une cheminée gothique. Ses pieds, chaussés de pantoufles, sont posés sur les chenets. En véritable allemand, il fume une grosse pipe, et une douzaine de pots de bière, les uns pleins, les autres vides, sont placés près de lui sur une table de chêne. C’est un homme d’une cinquantaine d’années, grand, sec, au regard haineux, aux mouvements brusques ; son œil fauve, qui roule continuellement dans son orbite et cligne d’une façon singulière, indique la fausseté ; ses cheveux roux, sa barbe inculte également rousse, donnent à sa figure jaune et osseuse une expression sauvage. Après avoir allumé une sec