X Le hameau emporté Le conducteur de M. de Laverny et des enfants de celui-ci avait, avant tout, son devoir à remplir. Il était fortement impressionne des circonstances de sa vie qu’il rappelait, mais son instinct de guide dans les montagnes veillait toujours, et venait de lui donner un avertissement subit. – Monsieur, dit-il au comte, j’avais raison de vous dire en partant que le temps était trop beau ; un ciel splendide, au moment de l’année où nous sommes, ne peut durer tout le jour ; il faut qu’il paye son tribut à l’arrière-saison, et il va nous le faire sentir. – Que voulez-vous dire, Antoine ? – Qu’il y a un grain à l’horizon. – Y pensez-vous !… le soleil est radieux et dore toute la côte, bois, prairies, rochers et courants d’eau, depuis ce sommet jusqu’au fond de la vallée.