IX L’anneau brisé Monsieur de Laverny voyait le jeune montagnard fort ému de la scène touchante, et sans doute bien mémorable pour lui qu’il venait de rappeler ; il voulut lui parler pour lui laisser le temps de se remettre. – Je m’explique maintenant, dit-il, ce que vous me disiez tout à l’heure, qu’avant cette nuit-là, vous étiez un enfant, et que le lendemain vous fûtes un homme. C’est qu’ayant réellement donné la vie à cette enfant, vous vous sentiez envers elle des devoirs de père. – Oui, monsieur, dit le guide. – Puis, reprit M. de Laverny, vous me disiez aussi que dès votre première jeunesse, en vous livrant à la chasse, en exerçant l’état de charpentier, c’était avec un ardent désir de gagner de l’argent. Je pensais bien que cette ambition en vous venait d’une source honnête,