XIILes renseignements qui me furent sur-le-champ fournis par Tétouara se résumaient à peu près à ceci :
– Ce sont deux petites sottes qui ne sont pas comme les autres, et ne font rien comme nous toutes. – La vieille Huamahine qui les garde est une femme à principes, qui leur défend de se commettre avec nous.
Elle, Tétouara, eût été personnellement très satisfaite si ces deux petites filles se fussent laissé apprivoiser par moi ; elle m’engageait très vivement à tenter cette aventure.
Pour les retrouver, il suffisait, d’après ses indications, de suivre sous les goyaviers un imperceptible sentier qui au bout de cent pas conduisait à un bassin plus élevé que le premier et moins fréquenté aussi. – Là, disait-elle, le ruisseau de Fataoua se répandait encore dans un creux de rocher qui semblait fait tout exprès pour le tête-à-tête de deux ou trois personnes intimes. – C’était la salle de bain particulière de Rarahu et de Tiahoui ; on pouvait dire que là s’était passée toute leur enfance…
C’était un recoin tranquille, au-dessus duquel faisaient voûte de grands arbres à pain aux épaisses feuilles, – des mimosas, des goyaviers et de fines sensitives… L’eau fraîche y bruissait sur de petits cailloux polis ; on y entendait de très loin, et perdus en murmure confus, les bruits du grand bassin, les rires des jeunes femmes et la voix de crécelle de Tétouara…