Le lendemain matin, Alexandre se réveilla avec une sensation lourde sur la poitrine. Malgré l’alcool, chaque détail de la veille lui revenait avec une précision troublante. Leurs lèvres entremêlées, ses mains glissant sur la peau d’Éléa, les émotions qu'il avait cru maîtriser explosant soudainement dans cette étreinte. Pourtant, plus il y pensait, plus il était envahi par une culpabilité amère. Comment avait-il pu céder aussi facilement ?
Malgré tout, ce désir ne s’était pas éteint avec la nuit. Il continuait de brûler en lui, un feu qu'il ne parvenait pas à étouffer. Chaque instant de répit était envahi par le souvenir de la chaleur de Éléa, et l’idée de ne plus revivre ces moments le rendait fou.
De son côté, Éléa se sentait tout aussi tourmentée. Toute la nuit, elle avait tourné et retourné cette scène dans sa tête. Comment avait-elle pu aller aussi loin ? Elle savait que cela était mal, mais chaque pensée de Alexandre éveillait en elle un désir qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Un désir qu’elle tentait en vain de réprimer. La réalité de sa position la frappait de plein fouet : il était marié, il était son patron, et pourtant… la seule chose qu’elle voulait, c’était le sentir à nouveau contre elle.
La journée au bureau fut une torture pour eux deux. Ils évitèrent soigneusement de se croiser, mais les rares fois où leurs regards se rencontraient brièvement, l’intensité de la veille revenait aussitôt les hanter. Éléa se surprenait à observer chacun de ses mouvements avec une attention dévorante, chaque frôlement de sa main sur le dossier d'une chaise, chaque soupir qu'il laissait échapper. Elle était obsédée par l’idée de ce qui s'était passé et de ce qui aurait pu se passer si le téléphone n’avait pas sonné.
Le soir, alors que Sophie sortait avec ses amies, Alexandre restait tard au bureau. Il prétendait être submergé de travail, mais en réalité, il ne pouvait pas affronter l’idée de rentrer dans un appartement vide, d'affronter ses pensées seul. Quant à Éléa, elle avait aussi pris la décision de rester tard, espérant éviter toute interaction avec lui.
Elle rassemblait ses affaires pour partir lorsqu’un message d’Alexandre apparut sur son téléphone :
« Peux-tu venir dans mon bureau ? Nous devons examiner le dossier pour la réunion de demain. »
Son cœur se serra. Elle savait que c’était une mauvaise idée, mais elle ne pouvait pas l’éviter. Elle respira profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur, puis se dirigea vers son bureau. À l’intérieur, Alexandre l'attendait, les yeux fixés sur les documents devant lui, mais elle sentait immédiatement que son esprit était ailleurs.
Ils s’assirent ensemble pour travailler, leurs échanges se réduisant à des mots techniques et factuels sur les chiffres et les analyses. Pourtant, l’électricité dans l’air était indéniable. Éléa sentit l’attraction entre eux se renforcer à chaque seconde, comme un poids oppressant sur sa poitrine. La tension était si forte qu’elle avait l’impression que la moindre étincelle pourrait les faire exploser.
À chaque fois que leurs mains se frôlaient en passant un document, un frisson parcourait son corps. Elle tentait de se concentrer, de lire les lignes du rapport, mais l'odeur d'Alexandre, cette combinaison familière de son parfum et de sa chaleur corporelle, rendait impossible toute tentative de concentration. Il était là, si proche, et pourtant si interdit.
Finalement, elle brisa le silence, incapable de supporter cette tension insupportable.
— On doit parler de ce qui s’est passé hier, murmura-t-elle, sa voix à peine audible.
Alexandre leva les yeux, sentant son cœur se serrer à la simple évocation de la nuit précédente.
— Je suis désolé, commença-t-il. Je n’aurais jamais dû… Je suis marié, et malgré nos problèmes, je l’aime toujours. Je ne devrais pas faire ça à Sophie.
Ses mots semblaient sortis tout droit de ses obligations morales, mais Éléa pouvait lire la contradiction dans ses yeux. Il essayait de se convaincre lui-même qu’il pouvait encore contrôler la situation. Mais la vérité était là, évidente. Ils avaient franchi une ligne qui ne pouvait plus être effacée.
— Je sais, répondit-elle doucement. Je n’ai pas l’habitude de… ce genre de situation. Et encore moins avec un homme marié. Je ne devrais même pas être ici.
Elle baissa les yeux, honteuse. Mais au fond, elle savait que ce n'était pas si simple. L’attirance entre eux n’était pas juste une erreur. C’était un feu dévorant qui ne pouvait être ignoré.
— Nous devrions tout arrêter, murmura-t-il, sans réelle conviction.
Ils se regardèrent un instant, leurs résolutions semblant flotter dans l'air sans vraiment se concrétiser. La tension entre eux était si forte qu’elle semblait presque palpable. Mais ils avaient promis de tout arrêter. Ils tentèrent de se replonger dans le travail, mais la réalité était bien différente. Leurs corps semblaient avoir une volonté propre.
À chaque geste, à chaque mouvement, l’attirance les rapprochait un peu plus. Leurs mains se frôlèrent encore une fois, et cette fois, le frisson fut trop intense pour être ignoré. Leurs regards se croisèrent, et tout s’effondra.
Sans réfléchir, Alexandre franchit la distance qui les séparait et l'embrassa avec une passion dévorante. Éléa se laissa emporter, son corps répondant instantanément à l’appel du sien. Leurs baisers devinrent plus intenses, plus désespérés, comme s'ils cherchaient à rattraper tout ce qu'ils avaient retenu jusque-là. Chaque geste était empreint de cette tension, de ce désir qui avait été contenu trop longtemps.
Ils finirent par atteindre le canapé du bureau, leurs mains explorant chaque centimètre de leur peau. Éléa, tremblante, dégrafa la chemise d'Alexandre, ses doigts traçant des lignes brûlantes sur sa peau. Il répondit en déboutonnant lentement sa chemise à elle, ses lèvres traçant des baisers ardents sur son cou, éveillant chaque nerf de son corps.
Leurs respirations se faisaient haletantes, et chaque mouvement semblait les pousser plus loin dans l’interdit. La tension était insupportable, la tentation trop grande. Ils étaient à deux doigts de franchir une nouvelle limite, lorsque le téléphone d'Alexandre vibra brusquement sur le bureau, brisant la magie de l’instant.
Ils se figèrent, leurs corps encore pressés l’un contre l’autre. Alexandre jeta un regard à l’écran, et son cœur se serra en voyant le nom de Sophie s’afficher. Le poids de la réalité s’abattit sur eux. Éléa se redressa précipitamment, remettant sa chemise en place, les mains tremblantes.
— Allô ?, murmura-t-il, sa voix hésitante, tentant de masquer son trouble.
Pendant ce temps, Éléa comprit qu’elle venait de franchir une limite qu’elle n’aurait jamais dû franchir. Elle se leva rapidement, récupéra ses affaires et sortit du bureau, laissant derrière elle Alexandre, toujours pris dans la réalité brutale de son mariage.
Elle quitta le bâtiment, son cœur lourd de regrets, mais son corps encore en proie à des sensations qu’elle n’arrivait pas à chasser. Ce soir-là, elle rentra chez elle, perdue entre le désir, la culpabilité, et l’idée qu’elle venait peut-être de commettre une erreur qu’elle ne pourrait jamais effacer.