Le lendemain matin, Éléa se réveilla avec un mélange de confusion et de satisfaction. Les événements de la nuit précédente tournaient encore dans sa tête. Elle était allongée dans les draps froissés d’un lit qui n’était pas le sien, le corps encore marqué par la chaleur des caresses d’Alexandre. Il était à côté d’elle, encore endormi, la respiration calme et régulière.
Elle se redressa doucement, en essayant de ne pas le réveiller, et prit quelques secondes pour observer son visage détendu. C’était la première fois qu’elle le voyait ainsi, sans les barrières habituelles, sans l’armure qu’il portait constamment dans leur univers professionnel. Une vague de tendresse la submergea, mais aussi de la confusion. Que signifiait cette nuit pour eux ? Étaient-ils allés trop loin ?
Éléa quitta le lit en silence, ramassa ses vêtements éparpillés sur le sol et s'habilla discrètement. L’esprit encore embrouillé par la nuit précédente, elle se demanda si elle devait rester ou partir avant qu'il ne se réveille. Mais alors qu’elle s’apprêtait à quitter la chambre, la voix d’Alexandre brisa le silence.
— Tu pars déjà ?, demanda-t-il, la voix encore un peu rauque du sommeil.
Elle se figea un instant, son cœur s’accélérant malgré elle. Elle se tourna lentement vers lui, croisant son regard. Il était déjà assis, les draps glissant sur son torse nu, et il la fixait avec une intensité qui la déstabilisa. Mais il n’y avait pas de reproche dans ses yeux, juste une question sincère.
— Je… je pensais que tu aurais besoin de te reposer, murmura-t-elle, mal à l’aise.
Alexandre se leva doucement du lit, s’approchant d’elle sans un mot. Il se pencha vers elle et déposa un b****r sur son front, un geste tendre et inattendu.
— Éléa, dit-il doucement, en caressant son bras. Ce qui s’est passé hier soir… je ne regrette rien. Mais nous devons en parler.
Elle hocha la tête, sachant qu’il avait raison. Il était impossible de faire comme si de rien n’était. Ils avaient franchi une ligne, et cela allait forcément avoir des conséquences.
Ils décidèrent de se retrouver plus tard pour discuter, loin de la chambre et des souvenirs brûlants de la nuit qu’ils avaient partagée. Éléa quitta la pièce, le cœur lourd, se dirigeant vers sa propre chambre. Une douche froide ne suffit pas à apaiser les pensées tumultueuses qui tourbillonnaient dans son esprit.
Plus tard dans la journée, Alexandre et Éléa se retrouvèrent au café de l’hôtel. L’ambiance était plus posée, mais la tension était toujours là, palpable, flottant dans l’air entre eux. Éléa évitait de croiser son regard trop longtemps, craignant de laisser transparaître l’ouragan d’émotions qui la traversait.
Ils commencèrent à parler prudemment, comme pour tester les eaux. Mais bientôt, Alexandre rompit le silence avec une franchise qui lui était propre.
— Éléa, dit-il en la regardant droit dans les yeux, je suis conscient que ce que nous avons fait change beaucoup de choses. Mais je ne peux pas faire semblant de ne rien ressentir. Je ne peux pas ignorer ce qui s’est passé entre nous.
Son cœur accéléra de nouveau. Elle n'était pas la seule à ressentir cette connexion irrésistible.
— Moi non plus, murmura-t-elle, la voix à peine audible. Mais nous ne pouvons pas continuer comme ça. Tu… tu es marié, Alexandre. Nous avons dépassé une limite, et je ne veux pas te compliquer la vie plus que je ne l’ai déjà fait.
Le visage d'Alexandre se ferma légèrement. Sophie. Bien sûr, elle était toujours là, dans l'équation, une réalité qu’ils ne pouvaient fuir.
— Je sais que je suis marié, mais mon mariage… il n’est plus ce qu’il était, avoua-t-il, la voix remplie de regrets. Sophie et moi, ça fait longtemps que nous sommes déconnectés. Hier soir n'était pas une erreur pour moi, Éléa. Mais je comprends que la situation est compliquée.
Éléa baissa les yeux, les émotions se bousculant en elle. Il y avait une partie d’elle qui voulait croire à ce qu’il disait, qui voulait croire que cette nuit avait changé quelque chose, mais elle savait aussi que la réalité était plus complexe que cela.
— Je ne sais pas ce qu’il faut faire, finit-elle par dire. Je ne veux pas être celle qui détruit ta vie.
Il attrapa doucement sa main, son regard pénétrant cherchant le sien.
— Tu n’as rien détruit. Ce n’est pas toi, c’est moi qui suis responsable de ce qui arrive dans ma vie. Et je ne regrette rien de ce qui s’est passé entre nous.
Le silence qui suivit leurs paroles n'était plus pesant, mais chargé de possibilités. Éléa savait qu’elle devait se protéger, mais elle ne pouvait nier l’intensité de ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Mais pour l’instant, ils décidèrent de laisser la discussion en suspens, préférant ne pas se précipiter.
Les jours qui suivirent cette conversation furent marqués par une étrange distance entre eux. Alexandre et Éléa continuaient de travailler ensemble, comme ils l’avaient toujours fait, mais quelque chose avait changé. Leur relation était devenue plus complexe, plus intense. Chaque regard échangé, chaque geste partagé semblait maintenant porter un poids qu’ils ne pouvaient ignorer.
Alexandre était devenu plus silencieux, comme s’il essayait de réprimer les émotions conflictuelles qui l’habitaient. Éléa, de son côté, essayait de se concentrer sur le travail, mais elle sentait la présence d'Alexandre à chaque instant, son esprit revenant sans cesse à cette nuit passée ensemble.
Ils savaient tous les deux que leur relation ne serait plus jamais la même. Ils avaient franchi un point de non-retour, et il leur fallait maintenant apprendre à naviguer dans cette nouvelle réalité.