La soirée troublée

1089 Words
Le grand salon de Sophie et Alexandre brillait de mille feux, illuminé par des lumières tamisées et agrémenté de fleurs fraîches, soigneusement disposées sur chaque table. Sophie avait mis un point d’honneur à organiser cette soirée, invitant quelques collègues d'Alexandre, ainsi qu'Éléa. Elle avait tout planifié dans les moindres détails : la musique douce, le buffet raffiné, les vins sélectionnés avec soin. Tout était parfait, en apparence. Éléa était arrivée un peu plus tard que prévu, légèrement nerveuse. Depuis qu’elle avait reçu l’invitation, elle avait hésité. Venir chez Sophie et Alexandre, entrer dans leur maison, leur intimité, était une idée qui la troublait. Mais elle ne pouvait refuser sans paraître suspecte. Elle savait que ce serait une épreuve, mais elle espérait que tout se passerait bien. Elle avait choisi une robe sobre mais élégante, essayant de ne pas attirer l’attention tout en étant impeccable. Dès son arrivée, elle avait ressenti une atmosphère particulière. Sophie, rayonnante dans sa robe de soirée, semblait être la parfaite hôtesse, accueillant tout le monde avec un sourire éclatant. Alexandre, quant à lui, était plus détendu que d’habitude, échangeant des mots plaisants avec les invités. À première vue, tout semblait normal, trop normal. Au fil de la soirée, Sophie ne cessait de se montrer proche de son mari. Elle riait à ses blagues, posait sa main sur son bras, ou l'embrassait légèrement sur la joue, comme si elle voulait s'assurer que tout le monde sache qu’ils formaient un couple heureux. Éléa, qui observait la scène, sentait monter en elle une vague de malaise. Plus elle les regardait, plus elle sentait une colère sourde grandir en elle. Sophie jouait un rôle, elle le savait. Pourtant, voir Alexandre répondre à cette affection, même fausse, lui était insupportable. À plusieurs reprises, Alexandre avait croisé le regard d'Éléa à travers la pièce. Il savait qu’elle voyait ce rapprochement entre lui et Sophie, mais il ne pouvait rien y faire. Il essayait de rester calme, d'agir comme il le devait, tout en évitant de trahir leur secret. Chaque fois qu'il regardait Éléa, il voyait la tension dans ses yeux, la jalousie qu'elle ne pouvait plus dissimuler. Au bout de deux heures, Éléa sentit qu’elle ne tiendrait plus longtemps. Le sourire forcé qu’elle arborait depuis son arrivée était sur le point de céder. Elle ne supportait plus de les voir si proches, de voir Sophie s’accrocher à Alexandre comme si rien n'avait changé entre eux, comme si elle n’existait pas. Elle décida qu’il était temps de partir. Elle prétexta une migraine, s'excusant auprès de quelques collègues, avant de s’approcher d'Alexandre. — Je vais partir, je ne me sens pas très bien, dit-elle à voix basse, son ton trahissant une froideur qu’elle n’avait pas l’habitude d’employer avec lui. Alexandre, surpris, tenta de la retenir. — Tu es sûre ? Je peux t’appeler un taxi. Mais Éléa secoua la tête, déterminée à quitter cet endroit. — Non, c’est bon. Je vais prendre ma voiture. Leur échange était bref, tendu, et Alexandre sentit que quelque chose n’allait pas. Mais avec tous les invités autour d’eux, il ne pouvait rien dire de plus. Il la regarda s’éloigner, le cœur lourd. Il savait que cette soirée avait été un test pour elle, et il savait aussi qu’elle n’avait pas supporté ce qu’elle avait vu. Quelques heures plus tard, après que tous les invités étaient partis, Alexandre rejoignit Éléa chez elle. Il savait que cette confrontation était inévitable. Lorsqu’il entra dans l’appartement d'Éléa, il la trouva assise sur le canapé, silencieuse, mais son regard trahissait une colère contenue. — Pourquoi es-tu venue ? demanda-t-il doucement, s’asseyant près d’elle. Éléa tourna la tête vers lui, son visage fermé. — Parce que j’étais censée faire semblant que tout va bien, n’est-ce pas ? Comme toi ce soir, avec ta femme. Comme si de rien n'était. Il soupira, passant une main dans ses cheveux, mal à l’aise. — Je n’ai pas eu le choix, tu le sais bien. Sophie ne doit rien soupçonner. — Ah oui ? Parce que tout va tellement bien entre vous que tu devais la laisser te coller toute la soirée ? lança Éléa, la voix tremblante de jalousie. Elle s'accrochait à toi comme si j’étais invisible. Alexandre tenta de se défendre, mais Éléa ne lui en laissa pas le temps. — Je sais qu’elle est ta femme, Alexandre, mais ce soir… ce soir, je n’ai pas supporté de vous voir ensemble. Pas comme ça. Sa voix se brisa légèrement, laissant transparaître la douleur qu’elle ressentait. Il s’approcha d’elle, cherchant à la rassurer, mais elle recula d’un pas, refusant son contact. — Je t’aime, Éléa, tu le sais. Mais tu savais dans quoi tu t’engageais, n’est-ce pas ? murmura-t-il doucement, la voix teintée de regret. — Je sais. Mais ce soir… ce soir, c’était différent. C’était comme si je n’existais pas. Comme si vous étiez toujours ce couple parfait. Alexandre la regarda en silence, conscient de la souffrance qu’elle vivait. Il savait que cette relation la détruisait peu à peu, tout comme elle le détruisait lui. Mais il était piégé, incapable de sortir de cette double vie. Alors, dans un élan d’urgence, il s’approcha à nouveau, posant doucement sa main sur la joue d'Éléa. — Tu comptes plus que tu ne le penses, murmura-t-il avant de capturer ses lèvres dans un b****r doux mais pressant. Le b****r qu’ils partageaient, bien que né de la tension de la soirée, se transforma rapidement en une étreinte passionnée. Tout le poids de la jalousie et de la colère s’évanouit dans l’intensité du moment. Éléa, bien qu’encore troublée, ne pouvait résister à l’attirance qu’elle ressentait pour lui. Elle savait que ce b****r, ces caresses, ne résoudraient rien, mais elle en avait besoin, tout comme lui. Ils se laissèrent glisser jusqu’au lit, leurs gestes devenant de plus en plus fiévreux, comme si ce moment de réconciliation devait effacer la douleur de la soirée. Alexandre, en proie à ses propres tourments, s’accrochait à Éléa, essayant de lui montrer, à travers ses gestes, combien elle comptait pour lui. Ils passèrent la nuit ensemble, s’abandonnant à cette passion qui les consumait depuis des mois. La tension accumulée se dissipa peu à peu, remplacée par la chaleur de leurs étreintes. Mais alors qu’ils s’endormaient, épuisés par l'intensité de leurs émotions, une ombre planait toujours au-dessus d’eux. Leur réconciliation n’était qu’une pause dans la tempête qui ne cessait de grandir autour d’eux.
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