Sophie avait toujours été insouciante, plongée dans sa propre bulle, vivant à travers ses sorties avec ses amies, ses voyages et ses projets superficiels. Pourtant, au fond d’elle, elle aimait profondément Alexandre. Il avait toujours été l’homme qui la protégeait, celui qui l’adorait sans condition. Elle savait qu'il avait ses défauts, notamment cette jalousie excessive qui, par le passé, l’avait souvent agacée. Mais ces derniers mois, quelque chose avait changé. Alexandre, autrefois possessif et parfois même envahissant, était devenu distant. Il rentrait plus tard que d’habitude, et au lieu d’être tendu ou nerveux, il semblait curieusement serein. Ce calme nouveau, ce sourire qui illuminait parfois son visage sans raison apparente, déstabilisait Sophie.
Elle avait remarqué qu’il ne lui faisait plus de scènes de jalousie. Avant, il s’énervait chaque fois qu’elle sortait tard avec ses amies, ou lorsqu’elle passait trop de temps en dehors de leur foyer. Mais maintenant, il ne disait rien. Il ne posait plus de questions, ne faisait plus d'efforts pour attirer son attention. Il la laissait vivre sa vie, sans chercher à s’imposer. Et même s'il continuait de l’aimer, quelque chose lui échappait.
Sophie, malgré son manque d’attention habituel envers les autres, n’était pas complètement aveugle. Elle sentait que ce changement n’était pas anodin. Elle aimait son mari, et elle savait que quelque chose clochait. Peut-être était-ce son instinct, ou peut-être simplement l’habitude de le connaître si bien. Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait plus ignorer ces signes. Alexandre n’était plus le même.
Sophie commença à observer Alexandre avec plus d’attention. Ses retours tardifs du travail étaient devenus trop réguliers pour être justifiés uniquement par des heures supplémentaires. Et bien qu'il prétendait que tout allait bien, Sophie ne pouvait s'empêcher de douter. Le plus troublant était son comportement. Alexandre, autrefois si attentionné, si jaloux, semblait désormais plus détaché, comme s’il avait trouvé un équilibre ailleurs.
Elle décida de commencer à poser des questions. D’abord de façon subtile, testant la réaction de son mari. Un soir, alors qu'ils dînaient ensemble, elle lança, sans préambule :
— Tu rentres tard ces derniers temps. Le boulot te prend vraiment autant de temps ?
Alexandre, absorbé dans ses pensées, releva à peine la tête.
— Oui, des projets en retard, des dossiers à boucler. Rien de nouveau.
Sa réponse était vague, trop vague pour Sophie, qui connaissait bien son mari. Mais elle ne poussa pas plus loin ce soir-là. Elle savait qu'elle devait être patiente, discrète.
Les jours passèrent, mais les soupçons de Sophie ne faisaient que grandir. Elle décida alors de prendre les choses en main, à sa manière. Si Alexandre ne lui disait pas la vérité, elle allait la découvrir par elle-même. Elle commença à passer au bureau plus souvent, débarquant sans prévenir, sous prétexte de lui rendre visite ou d’apporter quelque chose.
La première fois qu’elle arriva à l’improviste, Alexandre fut surpris, mais il dissimula bien son malaise. Il lui offrit un sourire chaleureux, l’accueillit comme si de rien n'était, et lui proposa même de prendre un café avec lui. Sophie observa tout, chaque détail. Il semblait détendu, presque trop à l'aise. Pourtant, son instinct lui soufflait que quelque chose ne tournait pas rond. Elle décida donc de revenir, plusieurs fois, à des moments différents, espérant trouver une faille dans cette façade.
À chaque visite, Sophie observait ses collègues, les regards échangés, les comportements. Elle ne trouvait rien de suspect, mais son sentiment d’incertitude restait bien ancré.
Un jour, alors qu’elle faisait une nouvelle visite surprise au bureau, elle tomba sur Éléa. La jeune femme semblait concentrée sur son travail, mais l’arrivée soudaine de Sophie la déstabilisa quelque peu. Sophie l'avait toujours appréciée, mais elle ne pouvait ignorer le fait qu'Éléa passait beaucoup de temps avec Alexandre, surtout sur des projets importants.
Avec son sourire le plus innocent, Sophie s’approcha d'Éléa.
— Ça va, Éléa ? demanda-t-elle en prenant un ton décontracté.
Éléa, surprise par cette approche, releva la tête et répondit poliment :
— Oui, ça va bien. Merci. Et vous, Sophie ?
Sophie hésita un instant, mais décida de se lancer.
— Dis-moi, tu travailles beaucoup avec Alexandre en ce moment, n’est-ce pas ? Il rentre tard ces temps-ci, je suppose que c'est parce qu’il est débordé, non ?
Le ton de la question se voulait innocent, mais Éléa sentit immédiatement la tension sous-jacente. Elle se força à garder une expression neutre, bien que ses pensées s’affolent. Elle savait que ce moment arriverait, qu’un jour ou l’autre, Sophie commencerait à poser des questions. Mais elle ne s’était jamais sentie aussi mal à l’aise.
— Oui, il y a pas mal de dossiers à traiter ces derniers temps, répondit-elle d’une voix qu’elle voulait naturelle.
Sophie, les bras croisés, la regardait attentivement, cherchant une faille, un indice. Puis, sans crier gare, elle ajouta :
— Tu n’as rien remarqué d’étrange à propos de lui ces derniers temps ? Je veux dire… il est un peu différent, non ?
Cette question mit Éléa dans une position délicate. Elle sentait le piège se refermer autour d’elle. Sophie avait des soupçons, c’était évident. Mais Éléa devait faire attention à chaque mot qu’elle prononçait.
— Différent ? répondit-elle en feignant l’étonnement. Pas vraiment… Il semble juste très concentré sur le travail.
Sophie hocha la tête, mais ses yeux restaient fixés sur Éléa, comme si elle cherchait à percer ses pensées. Après un moment de silence, elle se redressa et sourit, retrouvant son ton léger.
— Je vois. Merci, Éléa. Je suis probablement en train de me faire des idées.
Elle laissa Éléa seule avec ses pensées tourmentées, tandis qu'elle se dirigeait vers le bureau d'Alexandre.
Les doutes de Sophie s'intensifient
Bien qu'Éléa ait réussi à garder son calme, elle savait que cette confrontation n’était que le début. Sophie ne s’arrêterait pas là. Elle était sur la piste, et même si elle n’avait encore aucune preuve, ses soupçons devenaient de plus en plus forts.
De son côté, Sophie continuait de se poser des questions. Chaque comportement inhabituel d'Alexandre, chaque moment où il semblait ailleurs, renforçait ses doutes. Elle savait qu’elle devait découvrir la vérité, et elle n’allait pas laisser tomber.