La douleur du renoncement

1042 Words
Ce jour-là, Éléa n’était pas dans son assiette. Alexandre, lui, semblait d’humeur massacrante. Toute la journée, il avait crié sur ses employés, sans jamais se montrer satisfait du travail qu’ils produisaient. Pas un seul rapport, pas une seule présentation ne trouvait grâce à ses yeux. Même Éléa n’échappait pas à ses reproches, et elle sentait son regard pesant sur elle à chaque instant, comme s’il vérifiait qu’elle était encore là, à sa place. Pourtant, malgré la tension palpable dans les bureaux, ce n’était pas Alexandre qui la troublait le plus. Ce qui la perturbait vraiment, c’était ses propres pensées. Elle n’arrêtait pas de penser à ce qui s’était passé entre eux, à cette ligne qu’ils avaient franchie, à ce moment où tout avait basculé. Elle revoyait sans cesse ces instants intimes, revivant la chaleur de ses mains sur sa peau, la manière dont il la faisait se sentir vivante, désirée. Elle aurait voulu effacer ces souvenirs de sa mémoire, mais c’était impossible. Ils la hantaient, la consumaient, l’empêchaient de se concentrer. À plusieurs reprises, elle avait dû se reprendre, chassant de son esprit ces images avant qu’elles ne la submergent complètement. La journée traînait en longueur, chaque minute semblait interminable. Finalement, en fin d’après-midi, Alexandre quitta brusquement son bureau, visiblement agacé. Il ne prit même pas la peine de dire au revoir à ses employés. Quelques minutes plus tard, Sophie arriva pour le récupérer. Éléa avait entendu parler de leur soirée prévue ensemble, un dîner en amoureux. Ils avaient prévu de sortir dans un restaurant chic, un de leurs endroits favoris. Sophie rayonnait, belle et souriante, et elle se jeta dans les bras d’Alexandre dès qu’il sortit de son bureau. Le cœur d’Éléa se serra lorsqu’elle les vit partir, main dans la main, riant et se murmurant des mots doux. Alexandre, cet homme qu’elle aimait en secret, cet homme avec qui elle avait partagé des moments d’une intensité qu’elle n’avait jamais connue auparavant, s’éloignait à présent avec sa femme, semblant heureux, comblé. C’était comme si tout ce qu’ils avaient vécu n’avait jamais existé, comme si elle n’avait jamais compté pour lui. Elle se sentait brisée, perdue. Les larmes menaçaient de couler, mais elle refusa de pleurer devant ses collègues. Alors, dès que Alexandre et Sophie furent partis, elle prit son sac et quitta rapidement les lieux. Dans la rue, la nuit commençait à tomber. Les lumières de la ville scintillaient, mais Éléa ne voyait rien de tout cela. Elle marchait vite, tête baissée, son cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Elle savait que cette histoire avec Alexandre finirait par lui faire mal, mais elle n’avait jamais imaginé que la douleur serait aussi intense. En arrivant chez elle, Éléa ferma la porte derrière elle et s’effondra sur son canapé. Les larmes qu’elle avait retenues toute la journée coulèrent librement. Elle se sentait trahie, abandonnée, mais elle savait au fond d’elle qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Elle avait fait une erreur en s’impliquant avec Alexandre, un homme marié, un homme qui aimait encore profondément sa femme. Pendant qu’elle pleurait seule dans son appartement, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer Alexandre et Sophie, assis l’un en face de l’autre dans ce restaurant, échangeant des regards amoureux, des sourires complices. Cela lui faisait mal, tellement mal. Elle avait l’impression qu’on lui arrachait le cœur à chaque instant. Elle savait qu’elle devait tourner la page, qu’elle devait arrêter de penser à lui. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Alexandre n’était pas qu’un simple amant pour elle. Il avait éveillé en elle des sentiments qu’elle ne pensait plus possibles, des émotions qu’elle avait cru mortes depuis longtemps. Comment pouvait-elle simplement l’oublier ? Les larmes continuèrent de couler, et elle resta ainsi un long moment, perdue dans sa douleur. Puis, peu à peu, une idée commença à germer dans son esprit. Elle devait se reconstruire, se reprendre en main. Alexandre n’était plus qu’un patron, rien de plus. Ils avaient franchi une limite qu’ils n’auraient jamais dû franchir, et à présent, c’était terminé. Il avait fait son choix, et elle devait faire le sien. Cette soirée marqua un tournant pour Éléa. Elle comprit qu’elle devait reprendre le contrôle de sa vie, qu’elle ne pouvait plus se laisser consumer par une relation qui n’avait jamais eu d’avenir. Alexandre avait choisi Sophie, et elle devait accepter cette réalité. Le lendemain, Éléa se leva avec une détermination nouvelle. Ses yeux étaient encore rouges et gonflés par les pleurs, mais son esprit était clair. Elle devait avancer, reconstruire sa vie sans Alexandre. Elle retourna au bureau, prête à affronter la journée, même si cela signifiait croiser son regard et raviver la douleur. En entrant dans l’entreprise, elle se força à sourire, à saluer ses collègues comme si de rien n’était. Mais au fond d’elle, la peine était toujours là, tapie dans l’ombre. Elle savait que ce ne serait pas facile, mais elle était prête à relever le défi. Il était temps pour elle de reprendre sa vie en main. Elle savait aussi qu’elle ne pouvait plus se permettre de faire passer ses émotions avant sa carrière. Sophie, sans le savoir, avait été l’une des personnes les plus proches d’elle, et pourtant, Éléa l’avait trahie en tombant amoureuse d’Alexandre. Cela la brisait de l’intérieur, mais elle savait qu’il était temps de tourner la page et de se reconstruire. Pendant qu’Alexandre et Sophie menaient leur belle vie de couple amoureux, Éléa devait affronter la réalité. Elle se souvint des promesses qu’elle s’était faites la veille : ne plus se laisser happer par cette relation interdite. Leurs chemins étaient désormais séparés, et il ne restait plus qu’à accepter ce fait, aussi douloureux soit-il. Assise à son bureau, Éléa se concentra sur son travail. Chaque fois qu’elle levait les yeux et croisait ceux d’Alexandre à travers la porte vitrée de son bureau, elle sentait un pincement au cœur. Mais elle ne céda pas. Elle savait qu’il était temps de tourner la page et de se reconstruire, peu importe combien cela lui coûterait. Ce chapitre explore la douleur profonde d’Éléa, sa prise de conscience et son besoin de se reconstruire, tout en acceptant la réalité de la relation entre Alexandre et Sophie.
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