CHAPITRE XVI Nuit terriblePendant près d’un quart d’heure, avec cet instinct machinal qui pousse l’homme à lutter contre les dangers qui menacent sa vie, M. Pinson et Vif-Argent nagèrent sans échanger une parole. Les pensées se succédaient rapides, incessantes dans l’esprit de l’ingénieur ; phénomène singulier, au lieu d’être tout au péril présent, son imagination l’emportait vers le passé. Il se revoyait près de sa mère, puis dans la grande salle d’étude de Sainte-Barbe, assis côte à côte avec Boisjoli. Les douleurs, les joies, les moindres incidents de son existence simple, calme, laborieuse, défilaient sous ses yeux comme des choses d’hier. Il se rappela cette soirée néfaste durant laquelle il s’était laisse séduire par son ami, secoua la tête et murmura : « Prodigieux ! Oui, prodigie