ÉPISODE 08
DONALD N’GONO
[Les autres femmes qui sont hospitalisées dans la même salle que cette mère qui vient de perdre son bébé de quelques heures la regarde tristement sans pouvoir rien faire.]
- Vous là-bas pourquoi vous me regardez comme ça ? Vous êtes contentes parce que j'ai perdu mon bébé et vous, vous avez le vôtre avec vous ? C'est ça noh ? Pourquoi vous n'arrêtez pas de me regarder comme ça ? Hein ? (Les larmes aux yeux)
- (Silence)
- Madame, veuillez-vous calmer, nous allons retrouver votre bébé.
- Ce serait mieux pour vous ! Vous avez volé mon bébé, rendez-moi mon enfant s'il vous plaît ! (En pleurant avec sanglots).
- D'accord, mais il faut vous calmer d'abord. Essuyez vos larmes. Vous venez d'accoucher ça ne fait pas encore vingt-quatre heures, alors, vous devez faire moins de bruit car vous êtes encore très fragile. Il vous faut du repos. Nous allons chercher votre bébé, maintenant calmez-vous !
- Mon bé-bé ! (En pleur)
AU MÊME MOMENT SUR LE LIEU DE SACRIFICE
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent !
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent !
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent, l'argent, l'argent !
- Merci à vous ! Soyez tous et toutes les bienvenu (es) à cette cérémonie sacrificatoire qui va une fois encore faire de vous des hommes et des femmes plus puissant (es), et plus riches de la terre !
- Merci grand maître !
- Vous allez avoir ce soir de nouveaux grades à la fin de cette cérémonie d'immolation de nouveaux nés aux dieux. Laquelle cérémonie qui est un grand pas au sein de ce grand réseau sectaire auquel vous appartenez. Votre puissance et votre fortune vont s'accroître très vite si votre bébé est une fille. Sur ce, avez-vous tous apporté les bébés comme prévu ?
- Oui grand maître.
- Félicitations à vous pour la réussite de cette mission.
- Merci grand maître !
- Sortez les bébés et suivez les rites que voici : formez un cercle et tournez autour de l'autel trois fois en portant les bébés à votre cou. Ensuite, chacun prend les couteaux sur les fétiches pour l'immolation des bébés. Versez le sang sur les fétiches et coupez leur langue que vous allez me remettre pour le reste du sacrifice. N'ayez aucune pitié sinon, vous perdrez non seulement toute votre richesse, mais vous deviendrez aussi fou et s'en suivra votre mort. Allez-y !
- À vos ordres grand maître !
Des pleurs de bébés s'entremêlent à l'intérieur de la salle où se tient la cérémonie de sacrifice. Personne ne fait attention aux pleurs des bébés car personne d'entre nous ne veut perdre ni sa fortune, ni sa vie ni devenir fou. Nous suivons donc scrupuleusement l'ordre du maître de cérémonie pour faire notre part du rituel avant de le laisser accomplir sa part de sacrifice avec la langue des bébés que nous avons coupées.
À la fin de la cérémonie, le maître de cérémonie devrait prendre la parole à nouveau pour la clôturer :
- Je suis heureux que tout soit bien passé cher (es) membres. Sachez que désormais, vous avez de nouveaux pouvoirs, de nouveaux grades, votre fortune est assez immense que jamais à partir de maintenant. Mais vous ne devez pas oublier les règles qui régissent notre réseau sectaire. À présent, cette cérémonie qui s'est tenue ici au Cameroun est terminée, les dieux ont accepté nos offrandes et se réjouissent. Vous serez informé (es) plus tard sur le déroulement de la prochaine cérémonie lors de notre prochaine assemblée générale extraordinaire. Je vous souhaite donc un bon retour.
- Merci grand maître.
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent !
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent !
- Qu'est-ce que nous devons adorer ?
- L'argent, l'argent, l'argent !
La cérémonie a duré au moins trois heures d'horloge. Je suis rentré à la maison à six heures du matin pendant que les coqs chantent le cocorico.
Je suis très ému car selon les propos du maître de cérémonie, les personnes qui ont apporté de bébé fille auront assez de fortune de façon très vite et seront très forts. Je fais partie de ceux-là qui ont apporté un bébé fille. Grande est donc ma joie, car je suis désormais plus puissant et plus riche. Mon compte en banque va grandir très rapidement et j'en suis très fier. Peu importe les conséquences.
D'ici quelques jours, je dois repartir à Abidjan où je compte très prochainement monter une entreprise agro-alimentaire pour éviter de gaspiller ma fortune. Une grande entreprise qui pourrait satisfaire la demande nationale en consommation de produits agro-alimentaires. Je pense faire pareil ici dans mon pays mais pas tout de suite. Il faut que je commence par investir dans quelques choses avec cet argent que j'ai à ma portée pour assurer un lendemain meilleur pour mes enfants si éventuellement il arrive que Dieu me fait la grâce un jour, car je suis conscient de ce qui m'attend d'ici quelques années. Alors, il serait plus sage de penser à fonder une famille. Oh la vie ! Comme ça je serai bientôt un homme responsable ! De toute façon, cette femme qui aura la chance de me charmer aura gagné le jackpot, car avec toute cette fortune qui me revient, elle ne manquera de rien, mais le côté versant dans cette affaire est que moi j'aime trop ma liberté pour me lancer dans cette histoire de famille où je serai astreint à faire un enterrement de vie de jeune anticipé pour me consacrer uniquement à une seule fille.
De toute façon, c'est une étape de la vie. Donc je peux m'adapter à ça bientôt avec le temps. Ah comme il est bon d'avoir de l'argent. Comme j'aime bien le dire, il n'y a rien qui surpasse l'argent sur cette terre. Eh oui ! Qu'est-ce que nous pouvons faire sans l'argent dans ce monde ? Je cherche mais je ne trouve pas. L'argent est vraiment un très bon serviteur.