ÉPISODE 16
DONALD N'GONO
Même dans mon bureau, sous la chaise où je m'assois et à l'entrée de l'entreprise, des têtes d'hommes et de femmes ont été enterrées pour ma propre protection d'abord, mais aussi celle de mon entreprise et par conséquent son suivi, et pour me faire dans le même temps beaucoup de revenus. En bref, ma nouvelle entreprise se porte en bonne santé. D'ici quelques années, je vais rentrer dans mon pays pour y implanter la même entreprise. Ceci participera non seulement à la création d'emplois, mais aussi à la création de richesse dans mon pays.
Je dois rencontrer cet après-midi un sieur qui désire acheter des ossements humains. C'est un business qui rapporte gros j'avoue. Pour avoir côtoyé des gens du domaine j'en ai une idée. J'avais même aussi participé à des ventes il y a six mois, mais j'ai fini par raccrocher depuis que mon réseau sectaire me rapporte mieux. Il y a aussi le fait que les risques de ce métier sont trop énormes, mais comme je l'ai dit, ça rapporte pas mal de fric.
Je ne suis plus dans ce business moi de façon directe, mais j'ai des liaisons grâce auxquelles j'arrive à satisfaire la demande des clients d'antan qui viennent encore vers moi. J'ai un meilleur pote qui fait tout le travail. Je vais même dire que c'est un vrai professionnel, car il accomplit très bien sa part du boulot. D'ailleurs, est-ce qu'il a le choix ? Je le paye plus qu'un fonctionnaire international est payé. Vous voyez vous même ! Il y a donc de quoi être dévoué et se montrer hyper professionnel dans ce métier.
Vous m'en direz tout le contraire. Qu'il ne s'agit pas d'un métier licite, mais souffrez qu'un homme doit être prêt, et capable de tout faire pour se nourrir, s'entretenir de lui-même, de sa femme et de ses progénitures. Un homme n'est pas une femme pour se refuser de prendre des risques, quand bien même des femmes osent désormais risquer gros pour leur épanouissement. Comme quoi, qui ne risque rien n'a rien.
Dans l'après-midi d'aujourd'hui comme c'était prévu, je dois aller à la rencontre de Abel pour discuter d'une affaire très alléchante. Abel est un ami d'affaires de vieille date que j'ai connu de façon hasardeuse par le biais d'un client appelé Éric. C'est d'ailleurs à lui (Abel) que j'avais vendu l'os de la colonne vertébrale que j'avais pris chez Georges en ce moment là où je suis rentré au Cameroun pour la première fois après avoir quitté le pays. Il fait partie des clients avec qui je traite. C'est lui que je m'en vais rencontrer comme ça.
En arrivant devant notre lieu de rencontre, je le vois venir en face de moi et nous nous sommes croisés à l'entrée de notre lieu de rendez-vous :
Bonsoir mon cher Abel ! Comment tu vas tout puissant Abel ? Moi je vais très bien comme tu peux le constater !
Très bien en forme moi aussi mon élément Donald. Et si on allait s'asseoir à l'intérieur pour mieux discuter ?
Il n'y a aucun inconvénient ! Après toi donc s'il te plaît !
Il me devance et je le suis pour aller nous asseoir autour d'une table au fond de la salle :
Alors je suis à l'écoute monsieur Abel ! Qu'est-ce que tu désires cette fois- ci précisément ? Nous n'allons pas tourner autour du pot. Tu vois un peu ! Nous ne sommes pas des étrangers l'un pour l'autre, ni des profanes dans ce domaine.
C'est tout à fait d'accord. En fait, je viens vers toi tout simplement parce que je suis dans le besoin des ossements d'une femme. Tu vois un peu ? Tu n'auras pas à t'inquiéter pour le cash. Si c'est disponible le produit, ce serait réglo ! En effet j'aurais besoin plus précisément de l'omoplate, des os de l'avant-bras, ainsi que ceux des deux côtes ainsi que les molaires. De préférence, je veux ces éléments d'un corps qui a déjà fait au moins trois mois après l'enterrement mon cher ! Voilà le boulot que je viens te confier cette fois-ci. J'espère bien pouvoir compter sur toi comme les autres fois !
Euh, bien sûr que oui. Mais je ne vais pas te le cacher. Tu vas devoir payer gros parce que ce que tu me demandes n'est pas infime. Si tu seras d'accord avec mon prix, alors je vais toucher mes éléments pour le travail, puisque tu devrais le savoir. Je ne vais plus sur le terrain ! Mais je peux toucher un de mes éléments qui a tout ce que tu veux.
Ah oui, mais je sais que tu peux toujours me rendre service, puisque tu n'es pas n'importe qui ! En ce qui concerne le prix, ton prix sera mon prix donc tu n'as pas à te faire de soucis. Je te paierai cette fois-ci en liquidité frais et non avec un chèque comme d'habitude.
Ah là, c'est que le travail risque d'aller très vite si tu dis vrai ! En tout cas je n'ai jamais regretté d'avoir tourné des affaires avec toi !
Je suis heureux de l'entendre. Ça fait plaisir. Alors, quel est ton prix mon gars ?
Eh bien, tu es un ancien du domaine et tu connais très bien que quiconque la valeur de ces ossements. Alors, si tu es d'accord pour payer quarante millions de francs pour le tout, je te libère la marchandise dans trois semaines ! Tu me connais bien d'ailleurs ! Quand je suis payé pour faire un travail, je ne m'amuse jamais avec ça, puisqu'en partie, je vis de ça aussi, de même que mes acolytes !
D'accord ! Mais tu es sûr que c'est ton prix ? Quarante millions de nos francs seulement ?
Tout à fait ! En fait, c'est parce que cela nécessite un déplacement par avion et du temps pour le travail sinon, je t'aurais donné quelques jours et un prix moyen. Mais ne t'en fais pas. Il se peut que les choses aillent plus vite que ça !
C'est mon souhait. De toute façon, si tu ne respectes pas ton délai, tu vas devoir me rembourser mon argent avec dédommagement et j'irai voir ailleurs !
Oh ! C'est sans problème ! Je ne fais pas de fausses promesses en matière de business.
Alors ceci étant dit, je vais te remettre une première avance de trente millions parce que je te fais confiance. Si tu tombes d'accord, alors à la livraison des marchandises, je te remets en liquidité frais les dix autres millions qui restent.
C'est d'accord. Dès que nous allons nous séparer, je vais dépêcher mes gens pour le travail.
Ok ! Ça me fera vraiment plaisir. Tiens ! Voici trente millions. Tu peux compter pour en être sûr.
C'est bon ! Ça peut aller. Le compte est bon.
Ok ! Je vais t'espérer pour très bientôt !
C'est sans soucis. Tu as mon numéro. On se dit à très vite.
Ok ! À bientôt !
Ça c'est un grand marché que je viens de toucher comme ça. Des millions ! Je voudrais faire profiter cette affaire juteuse à un proche à moi. Il faut que je l'appelle pour lui demander à faire le travail d'exhumation en urgence ! Avec quelques millions de francs, je suis convaincu qu'il ne va pas décliner l'offre. Quarante millions de francs ce n'est pas petit enfin. Il faut être dans ce genre de métier pour toucher d'importante somme comme celle-ci ! Je vais au besoin le faire venir ici à Abidjan pour apporter les ossements. Il faut que d'avance je commence par lui préparer un visa et un billet d'avion pour ''première classe affaire'' pour lui éviter des tracasseries douanières. Il faut même que je fasse appel à l'un de mes amis à l'aéroport international de Douala au niveau du service de vérification des bagages pour lui graisser les pattes afin que les agents de vérification ne fouillent pas au moment venu le sac de ce dernier.
En attendant, laissez-moi appeler Georges ! Eh oui c'est à lui que je compte offrir cette opportunité. S'il est tombé d'accord avec moi, je vais lui donner une bonne partie de l'argent. Il va bien sûr aimer gagner de l'argent de cette façon.
Je pourrai avec le temps de le rendre autonome après quelques mois si je lis en lui quelqu'un qui s'y plaît bien dans le travail. Je sais qu'il ne voudra pas se laisser avoir facilement, mais je sais aussi comment le mettre devant le fait accompli. Il n'aura plus d'autres alternatives que de coopérer avec moi. Quand il verra que c'est une affaire qui rapporte gros, je suis convaincu qu'avec le temps, il va prendre le goût de l'affaire…