VI
L’inconnu
La nouvelle fut accueillie avec des sanglots.
Quatre jours s’étaient écoulés depuis que le vicomte de Kervéo avait dit à Joël le Mat qu’il fallait envoyer Petit Ange au Conservatoire, et Joël n’avait pu secouer encore l’impression de terreur et de chagrin que lui avait laissée cette parole bienveillante : le Conservatoire ! Paris !
C’était un primitif sans doute, le vieux Joël, un homme simple, épris du beau, amoureux de la nature ; ce n’était pas un naïf.
Il connaissait la vie pour l’avoir pratiquée, surtout par ses misères. Il savait que le mal est répandu sur toute la face de la terre ; mais il savait aussi qu’il est des lieux où le mal exerce plus de ravages, où il établit le siège de ses complaisances. Il savait que la campagne n’offre point sous ce rapport les mêmes
