Églantine Vous souvenez-vous du temps où à la Saint-Philippe on donnait grand bal chez M. le préfet. C’était en 1835 ou 1836. Le premier mai était venu apportant avec la Saint-Philippe une profusion inaccoutumée de fleurs et de parfums. M. ***, préfet de ***, donnait ce jour-là grand bal comme le devait tout préfet dévoué à la chose publique. Les autorités constituées du département témoignaient la plus vive allégresse et dès le matin les murs avaient été pavoisés. Une légion de domestiques en livrée s’agitaient dans les salons de la préfecture aux murs desquels étaient déjà suspendues des draperies aux trois couleurs ; les parquets étaient cirés, frottés, luisants, les meubles époussetés, et tout ce qui aurait pu empiéter sur l’espace destiné aux danseurs était impitoyablement relégué