Les moissonneurs Dans nos appartements de Paris, nous fermons les fenêtres, nous baissons les rideaux, nous ménageons avec art quelque ouverture par où l’air nous puisse arriver ; nous sommes vêtus de toile ou de batiste, et, largement étendus, nous faisons… quoi ? Nous moissonnons les pavots, l’ennui et la faiblesse ; nous affaiblissons nos yeux, qui ne peuvent plus supporter l’ardeur du grand air. Nous sommes éblouis, si un rayon de soleil nous arrive ; nous sommes enivrés si, par hasard, nous respirons une bouffée d’air ; je m’entends, une bouffée d’air véritable, non pas celui que charrient nos rues et nos places publiques en passant sur la Morgue et l’Hôtel-Dieu, non pas celui qui entre chez nous avec les émanations des égouts, nous pouvons supporter celui-là ; mais nous ne pouvons