Chapitre 4: Luc X passionné
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Thomas a vraiment accepté que je reste ? Comme ça, on est quitte… Je vais entrer pour le remercier. J’entre dans sa chambre.
Lou : Heu… Thomas ?
Il n’y a personne. Je devrais y aller alors, je tourne la tête et je crois apercevoir quelque chose de familier… Cette matière que je ne peux confondre avec une autre. J’avance et je soulève le tissu qui le recouvre et je tombe sur un tableau magnifique. Les couleurs, les formes, les tons… C’est un vrai travail de pro… Il y a comme signature « Lost » ; pourquoi Thomas a un tableau tel que celui-là caché dans sa chambre ? J’aperçois un carnet derrière la toile, je ne devrais pas l’ouvrir, mais… J’ouvre et je tombe sur des milliers de croquis… Thomas est un artiste, comme moi. Je sors de la chambre. Thomas est aussi dans la spécialité d’art visuel de la fac… Comment ça se fait que je ne l’ai pas remarqué avant ?
Il est l’heure, je me rends à la fac. J’entre en cours d’expression, il est obligatoire pour tous les étudiants du campus. Je m’assois au fond. Je cherche quelqu’un que je connais du regard. Je vois Max devant avec Sylvie… Je pouvais m’y attendre… Liam au milieu, entouré de filles, d’accord. Je ne vois pas Thomas… Ça ne l’intéresse peut-être pas, ce genre de cours. Mais je ne vois pas Julien non plus ; bizarre, je me demande où il est. Je vois Luc, deux chaises plus loin. Je me rapproche et m’assois à côté de lui.
Lou : Salut !
Luc, livre à la main :
Lou : Tu m’ignores ?
De tous les garçons, Luc est le plus discret.
Lou : D’accord.
Luc : Ce n’est pas parce que l’on vit sous le même toit que ça veut dire qu’on est amis.
Lou : Ah… Ok !
Je ne peux pas lui en vouloir, c’est le seul à avoir une réaction normale vis-à-vis de moi, une parfaite inconnue.
Professeur : Nous sommes des artistes, des musiciens. Nous avons un véritable talent ! Mais des fois, nous avons ce que l’on appelle la panne de l’inspiration, les peintres l’appellent la feuille blanche. Pour pouvoir décoincer ce qui nous gêne, on doit pouvoir se lâcher !
Lou : C’est un psy ou quoi ?
Luc : ?
Lou : Quoi ? On n’a pas besoin d’être amis pour se parler !
Luc : Mouais…
Lou : Et toi, t’es dans quelle spécialité ?
Luc : Je suis danseur.
Lou : Tu danses ?
Luc : Oui, je crée même des chorégraphies.
Lou : C’est pour ça que t’as toujours un cahier avec toi ?
Luc : … Tu… Tu as remarqué ça ?
Lou : Oui, je me suis dit que tu étais du genre bosseur. En tout cas, t’en as l’air.
Luc : Je réussirai dans ma catégorie.
Il est déterminé. Comme moi.
Lou, sourire :
Luc : Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ?
Lou : Rien. Perso, je te trouve plus sympa que t’en a l’air !
Professeur : Nous allons jouer à un petit jeu. Est-ce qu’on a des danseurs dans la salle ?
Lou : Lève la main !
Luc : Non !
Lou : Pourquoi ? T’es danseur ! Et je veux te voir danser !
Personne ne lève la main.
Lou : Oui ! Lui, il est danseur !
Max : ?
Liam : Ah ?
Luc : T'es sérieuse ?
Professeur : Veuillez me rejoindre sur scène ! Ça va être amusant !
Luc : …
Lou : Allez, montre-leur de quoi t’es capable !
Luc se lève et rejoint la scène.
Professeur : Maintenant, j’ai besoin d’un artiste. Peu importe, acteur, peintre, photographe.
Les gens chuchotent entre eux.
Luc : La fille, là-bas ! Oui la blonde.
Tout le monde se retourne vers moi.
Lou : ? Heu…
Je suis quelqu’un de timide, je n’aime pas me donner en spectacle.
Professeur : Rejoignez-nous, mademoiselle !
Lou : Ah heu… non…
Professeur : Allez, pour le bien de l’art !
Bon je ne l'ai pas volé celle-là.
Lou : Heu… d’accord.
Je monte sur scène, en baissant les yeux.
Luc : Ah !
Lou : D’accord, je ne te ferai plus de mauvais coups.
Professeur : Chacun de vous a une spécialité différente, mais peut-être que la passion est la même.
Luc : Quel est le rapport entre danser et dessiner ?
Professeur : Eh bien, justement, chacun va montrer à l’autre ce qui lui plaît dans ce qu’il fait.
Un silence parcourt la salle.
Professeur : Mettez-vous face à face.
On se met face à face. Personne ne dit rien pendant un moment, je décide finalement de briser le silence.
Lou : Tu penses que le dessin, c’est prendre un crayon et gribouiller quelque chose de sur une feuille blanche ?
Luc : ?
Lou : Je vais te dire ce que c’est, le dessin. Pour moi, ce n’est pas un simple passe-temps, une distraction. Pour moi, c’est plus que ça, c’est une façon de m’exprimer.
Thomas arrive dans la salle et observe la scène de loin, appuyé contre la porte.
Lou : Le sentiment que j’ai dans la poitrine quand je prends un pinceau dans mes mains, que je le fais glisser entre mes doigts et sur la toile encore blanche, est que mon esprit part complétement ailleurs ; les couleurs se mélangent, les formes se croisent à chaque battement de cœur (yeux fermés) et quand le tableau est terminé, tu peux ressentir toutes les émotions de l'artiste rien qu’en observant les couleurs, en parcourant le tableau… L'art il ne faut pas seulement le voir, mais le sentir, le toucher, le vivre… Et ça, c’est ma passion !
Thomas : …
Il s’en va. J’ouvre les yeux. Luc me regarde, surpris, tout le monde est silencieux.
Lou : Heu…
Je sais plus où me mettre. Ce silence me tue.
Lou : Désolée…
Professeur : Excellent…
Luc : D’accord… Je comprends l’importance de l’art pour toi. La danse, c’est pareil pour moi, c'est difficile à expliquer il faudrait que je te montre. Chaque mouvement équivaut à une explosion de couleur pour toi.
Il prend ma main.
Luc : Quand la danse est partagée d’une personne à l’autre, tu ressens la sensation de légèreté… Tu ne ressens plus la gravité.
(En soulevant ma main d’un mouvement gracieux)
Luc : … la respiration…
(Puis il m’attrape la hanche et me fait pencher lentement en avant, les yeux dans les yeux)
Luc : … et là, par l’intermédiaire de la danse, tu peux entendre le cœur de l’autre battre.
Tout le monde applaudit.
Liam : … (Il sort de la salle.)
Je me redresse.
Luc : T’es plus intéressante que t’en as l’air.
Lou, sourire :
Je quitte la salle.
Max : Lou !
Lou : Salut ?
Max s’approche de moi.
Max : Ce que tu as dit, là… c’était vraiment touchant.
Lou : Je me suis pas rendu compte que je parlais autant.
Max, rire : Mais non !
Luc aussi est quelqu’un de surprenant… Je ne l’aurais jamais cru. Je ne suis pas la seule à croire en mes rêves. Je suis contente de tomber sur des gens comme lui.
Max : Tu fais quoi tout à l’heure ?
Lou : Heu… j’accompagne Liam à un spectacle.
Max : Ah… Liam…
Lou : ?
J’ai comme l’impression que quelque chose le tracasse.
Lou : Max ? Est-ce que tout va bien ?
Max : Je…
Sylvie : Max chéri ?
Max : Sylvie ?
Elle vient vers lui.
Sylvie : Le professeur d’expression veut te voir.
Max : … bien… Lou, à ce soir.
Lou : À ce soir (signe de la main).
Il s’en va.
Sylvie : Alors toi…
Lou : ? C’est à moi que tu parles ?
Sylvie : À qui veux-tu que ce soit d’autre ?
Son visage se fronce d’une expression sérieuse.
Sylvie : Est-ce que tu couches avec mon copain ?
Lou : Pardon ?
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