Sylvie : Est-ce que tu couches avec mon copain ?
Lou : Pardon ?
Attends, quoi ? Comment peut-elle croire que Max et moi…
Sylvie : Je ne répéterai pas !
Lou : Mais non ! Max et moi, nous sommes amis !
Sylvie : Max ? D’où tu l’appelles Max ? Tu le connais que depuis trois jours ! Ça fait presque un an qu’on sort ensemble, lui et moi ! T’as pas le droit de gâcher ça !
Lou : Mais je ne gâche rien !
Sylvie : Éloigne-toi de lui, sinon tu vas le regretter !
Elle s’en va. Elle se trompe complètement sur la relation que Max et moi entretenons ! Je ne comprends pas… Je traverse les couloirs et je m’arrête devant la salle où je m’étais endormie hier… Non, ce n’est pas une bonne idée. J’entre, je vois quelqu’un au fond. Cette personne, c’est Thomas. Il a des écouteurs dans les oreilles, il ne m’entend pas. Il tripote son bras.
Lou : Tu as mal ?
Il lève la tête et me voit.
Thomas : Qu’est-ce que tu veux ? (Il enlève ses oreillettes.)
Lou : Ton bras… il te fait toujours mal ?
Thomas : Ça va.
Lou : …
Thomas est un artiste…
Thomas : Qu’est-ce qu’il y a, pourquoi tu fais cette tête ?
Lou : Tu fais partie de la classe d’art visuel, n’est-ce pas ?
Thomas : …
Lou : C’est ton bras droit qui est blessé ; comment tu vas faire pour réaliser le projet qu’a demandé le prof ?
Thomas : Je m’en fous, de ça !
Lou : C’est… ma faute…
Thomas : Pff ! Tu m’énerves !
Lou : Hein ?
Thomas : Mêle-toi de ce qui te regarde !
Il est vraiment énervé. Il se lève et sort de la salle… Je… il m’en veut… Je ne suis qu’une idiote ! À force d’essayer d’être sympa, je gâche tout… Il ne pourra plus peindre et cela, à cause de moi. Je sors de la salle, puis j’entends une musique douce… Elle calme rapidement mon esprit. Je suis la musique pour savoir d’où elle vient. Je m’arrête près de la salle d'instruments, je jette un coup d’œil et je vois des cheveux blonds. Julien joue du piano les yeux fermés. Je n’avais jamais entendu une mélodie aussi harmonieuse que celle-ci… Il n’a pas la même expression que d’habitude. Son air blagueur, son sourire, tout ça, envolé. Il a une expression tellement sérieuse, tellement concentrée, torturée. Julien… par l’intermédiaire de sa musique, je ressens de la tristesse… Pourquoi ? Lui qui est d’habitude si souriant… Il est l’heure. Je rejoins Liam dehors.
Lou : Salut !
Liam : Ah, Lou, t’es prête ?
Lou : Oui, je crois.
Il entre dans sa voiture et je le suis.
Lou : T’as une voiture ?
Liam : heu… je trouve ça assez vexant.
Lou : T’es sûr que ce n’est pas plutôt pour impressionner toutes ces filles ?
Liam : Hein ? Quoi ? Mais non !
Lou, rire : Je rigole.
On arrive au théâtre de la ville et le spectacle commence. À la fin du spectacle, on sort et on marche un peu dans la rue.
Liam : Et puis t’as vu la façon dont il exprimait son mal être ? Il n’a même pas eu besoin de le dire pour que le public entier comprenne ! Il est torturé, c'est un martyr !
Lou, rire : T’es vraiment passionné !
Liam : Oui… mais pas autant que toi.
Lou : Moi ?
Liam : Ton discours sur l’art…
Lou : Oh ! M’en parle pas, je ne sais déjà pas où me mettre !
Liam : Il y avait une connexion entre Luc et toi, une connexion vraiment forte.
Lou : Comment ?
Liam : Je suis un acteur, c’est facile pour moi de voir ces choses-là.
Lou : Oui, il n’est pas aussi sérieux que ça, il est vraiment sympa.
Liam : Ah… pour une fois que ce n’est pas Max…
Lou : Max ?
Liam : D’habitude, les filles tombent tout de suite sous le charme de Max.
C’est ce que m’a dit Julien ce matin.
Liam : Mais puisque c’est Luc que toi tu préfères…
Lou : Quoi ? Non non, il n’y a rien d’ambigu entre nous et je sais même pas si on peut dire qu’on est amis !
Liam : Vraiment ?
Puis tout à coup, il commence à sourire.
Liam : Cool alors !
C’était une bonne journée ; merci Liam, tu m’as remonté le moral. Après ça, Liam propose de me déposer, j’accepte avec plaisir.
Liam : On rentre ?
Lou : Oh… heu… tu peux me déposer à la fac ?
Liam : À cette heure-ci ?
Il doit être 18 h.
Lou : Oui, je dois prendre quelque chose.
Il me dépose à la fac.
Liam : Tu veux que je t’accompagne ?
Lou : Non non, ça va.
Liam : À plus alors !
Je rentre dans la salle de tout à l’heure, j’ai oublié mon sac. J’entends encore la même musique classique. Ne me dites pas que… J’entre dans la salle. Julien est toujours en train de jouer. Sérieusement ? Depuis tout à l’heure ? Il n’est pas fatigué ? Puis tout à coup, il s’arrête.
Lou : Julien ?
Julien : Non… non, j’ai fait une erreur, je recommence !
Lou : Quoi ?
Il recommence. Je m’approche de lui et je lui touche le front.
Lou : Mais tu es brûlant !
Il ne s’arrête pas.
Lou : Julien, ça suffit !
Il s’arrête et s'écroule par terre.
Lou : Julien !
J’appelle immédiatement une ambulance qui le conduit à l’hôpital. J’attends ensuite dans la salle d’attente le temps que les médecins s’occupent de lui. Mais pourquoi était-il si obsédé à jouer ce morceau parfaitement ? Qu’est-ce qui le poussait à s’entraîner si dur ? Le docteur s’approche de moi.
Docteur : C’était Julien Illumi, n’est-ce pas ?
Lou : Heu, je ne connais pas son nom de famille, mais…
Docteur : Je suis le Dr Kerson, le médecin de la famille Illumi. Je le connais très bien, j’ai déjà appelé sa famille, vous prouvez rentrer.
Lou : Mais… il va bien ?
Docteur : Oui, ce n’était que la fatigue. Rentrez chez vous, Mademoiselle.
Il part. Je ne peux pas partir sans au moins l’avoir vu… je le suis discrètement, il entre dans une chambre et ressort, puis s’éloigne dans le couloir. J’entre dans la chambre en question.
Lou : Julien ?
Julien : Lou… qu’est-ce que tu fais encore là ? Il est tard !
Lou : Je ne pouvais pas te laisser seul ici.
Julien : Mais tu n’as pas dormi !
Lou : Ce n’est pas grave. Dis, tu vas mieux ?
Julien : Oui, c’est juste la fatigue, t’en fais pas.
Lou : T’es pianiste ?
Julien : Oui.
Lou : Pourquoi tu t’entraînais comme ça ?
Julien : …
Une femme, un homme et une jeune fille entrent dans la pièce.
Femme : Julien ! Mon chéri, ça va ?
Je m’éloigne du lit.
Julien : Ça va, mère.
Femme : Je t’avais dit de ne pas te dépenser autant ! Tu es déjà talentueux !
Homme : Qu’est-ce que tu dis ? C’est parce qu’il est trop faible !
Femme : Il est jeune !
Homme : C’est un homme !
Julien reste muet, d’un air ennuyé. La jeune femme s’approche de lui pendant que les parents se disputent et glisse sa main dans ses cheveux.
Fille : Tu vas bien ?
Julien : …
Fille : Tu n’es pas si résistant que ça, tu ne devrais pas trop te dépenser !
Julien l’ignore. Ça doit être sa sœur, même si elle ne lui ressemble pas du tout. Elle a de longs cheveux châtains, qui encadrent sa peau si rayonnante sous une couche de maquillage ne laissant entrevoir aucune imperfection sur son visage. Elle est vraiment belle.
Julien : Bon, bref !
Homme : ?
Femme : Chéri ?
Julien : Moi, j’ai cours demain, je m’en vais. Tu peux me passer mon manteau, Lou ?
Lou : Ah… heu… oui.
Je prends son manteau.
Femme : Qui est-ce ?
Ah ! Ils ont enfin remarqué ma présence !
Julien : C’est ma fiancée.
Je suis sa quoi ?