CHAPITRE VII Mon pèreJe m’attarde à ces souvenirs des jours heureux, car je touche à la période la plus douloureuse de ma vie, et il m’en coûte de l’aborder. Je perdis mon père. Certes, j’ai connu depuis de grands chagrins, j’ai eu des heures cruelles, mais rien qui se puisse comparer à cette amère douleur, à cette heure de désolation où mon unique ami me quitta, me laissant isolé sur la terre et si triste. Jusque-là je n’étais qu’un enfant ; j’avais toute l’insouciance avec toute la gaieté de mon âge ; je crois que la mort de mon père opéra en moi une transformation ; mon enfance finit alors, et tout changea d’aspect à mes yeux. Je venais d’atteindre ma quatorzième année ; nous étions en automne, lorsque l’état de notre cher malade s’aggrava. De jour en jour il s’amaigrissait davantage