CHAPITRE IV SachaLe lendemain, de bonne heure, mon père partit dans sa télègue avec le pope et le fossoyeur du village. Je le suppliai de me permettre de l’accompagner ; mais il me fit comprendre qu’il valait mieux rester à la maison pour attendre le réveil de la petite abandonnée et calmer ses premières terreurs lorsqu’elle se trouverait sans sa mère dans une maison inconnue. Le bon Agathon Illarionovitch avait fait d’abord quelques difficultés pour se joindre à l’expédition, sous prétexte qu’on ignorait à quel culte appartenaient ces étrangères ; que peut-être, d’après le type de la petite, c’étaient des tziganes, des bohémiennes, des païennes… que savait-on ? En tout cas, il ne pouvait prendre sur sa conscience d’ensevelir la pauvre femme au milieu de ses ouailles orthodoxes, et s’il