Quelqu’un passeMorancez s’attabla devant le petit abattant de bois, garni d’une nappe, à deux couverts, que le garçon à veste blanche du wagon-restaurant lui désignait. Machinalement, il releva sa mèche grise, vérifia, sur l’image renvoyée par une glace incrustée de panneau, l’épingle piquée sous le nœud de sa régate. Quarante-sept ans, l’air fier, un peu triste ; un masque pétri par l’usure de la vie ; la distinction de l’homme et de la carrière : il retournait à Madrid occuper son poste d’ambassadeur. Des Anglais à haute charpente s’installaient dans un angle ; un couple allemand gras, l’homme barbe et lunettes, la femme coiffée d’une tourte de drap, échouèrent non loin de lui. Un Américain glabre, faux Napoléon, s’assit vis-à-vis d’un Espagnol brun, très Alphonse XIII. Morancez leva l