L’esclave– J’ai envie, dit Mme Harle, de proposer à Juliette d’entrer chez nous comme femme de chambre. – Tu crois qu’elle accepterait ? M. Harle avait baissé la voix ; petit et maigre, l’air doux, c’était un scrupuleux : inutile que, dans la pièce voisine, la jolie couturière entendît. L’idée de Mme Harle lui faisait plaisir : il revoyait le visage délicat de Juliette, son air sage, ses yeux penchés sur la broderie, ses mains blanches et son index piqué par l’aiguille. – Oui, je l’ai fait sonder par Maria (la cuisinière)… Juliette serait flattée d’entrer chez nous. Mme Harle dit cela avec simplicité, comme un hommage qu’elle se rendait à elle-même. Elle était grosse, brune, avec des prétentions à l’élégance, point méchante, mais d’une vivacité colère qui lui faisait bousculer les serv