IV
Suite du chapitre précédentAprès une courte pause. Jérôme reprit son récit :
J’eus beau m’en défendre, monsieur, m’insurger, me désespérer, trois jours après, comme l’avait dit mon protecteur industriel, j’étais à la tête d’un bitume. Malvina conspirait avec lui ; que vouliez-vous que je fisse contre deux ? je succombai. On m’installa dans un fort bel appartement, meublé à la hâte ; on me donna un caissier, deux commis, enfin tous les dehors d’une administration importante. On lança des circulaires, on rédigea des prospectus, et jugez de ma douleur, lorsque, deux jours après, je lus ce qui suit dans tous les journaux de Paris :
Mort aux Bitumes artificiels ! ! !
IL N’Y A DE VRAI ET DE NATUREL QUE LE
BITUME IMPÉRIAL DE MAROC,
Avec privilège de S.M. l’empereur de cette régence.
« Il y a bitume et bitume. On voit des bitumes qui se gercent, qui s’écaillent ; on en voit qui se laissent dévorer par la pluie ou fendre par le soleil ; on en voit qui, au lieu de conserver leur niveau, mettent à nu sur-le-champ des aspérités, et forment une suite de vallées et de montagnes. Tout cela vient de ce que ces bitumes ne sont point un produit de la nature, mais simplement un résidu d’usines à gaz, saupoudré de sable de rivière. Marchez là-dessus, et vos talons de bottes vous en diront des nouvelles.
La préparation de ces bitumes artificiels est l’objet de réclamations universelles. L’air en est vicié : les habitants des maisons voisines inondent leurs appartements de chlorure sans pouvoir se défendre de l’infection. Des fumées empestées remplissent les boulevards et menacent les passants d’asphyxie. Bref, pour parler avec tous les égards qui sont dus à ces compositions, c’est de la d****e.
Aucun de ces inconvénients ne se retrouve dans le Bitume impérial de Maroc, bitume naturel, bitume dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Hérodote en parle dans les termes les plus avantageux ; le Carthaginois Hannon en prit connaissance dans son premier voyage, et Léon l’Africain lui consacre un chapitre que l’on peut regarder comme un chef-d’œuvre en matière de stratification. Cependant ses propriétés essentielles étaient restées inappréciées jusqu’au moment où un accident singulier vint les révéler à l’univers. Voici le fait.
Un bâtiment européen se trouvait en perdition sur les parages de Mogador, où sont situés les lacs de bitume. Une voie d’eau s’était ouverte à la hauteur de la flottaison. Or, il se trouve que, par l’action d’un feu souterrain, les bitumes de Maroc se mettent souvent en éruption ; ils y étaient alors, heureusement pour le navire en péril. Déjà le malheureux s’approchait de la côte, faisant eau de toutes parts, quand tout à coup on le voit se redresser, épuiser sa voie d’eau comme par enchantement et reprendre le large. On crie au phénomène : rien de plus naturel, pourtant. Une éruption bitumineuse l’avait sauvé. Lancé au loin, le bitume s’était attaché aux flancs entrouverts du bâtiment, les avait goudronnés, calfatés, retapés, conditionnés, mastiqués. C’était un rhabillage à neuf : le brick en question a pu faire le tour du monde.
Voilà comment le Bitume impérial de Maroc s’est fait connaître. Depuis lors, toutes les expériences sont venues confirmer ses qualités agglutinantes et ses propriétés moléculaires. Aucun corps ne renferme plus de principes d’adhésion et de solidification. Un boulet de trente-six, coupé en deux, a été parfaitement recollé au moyen du bitume de Maroc ; ce boulet aujourd’hui sert comme les autres, et a renversé une muraille sans se disjoindre. Un minaret de Mogador menaçait ruine, on l’a ressoudé avec du bitume de Maroc : ce minaret peut désormais délier les âges. Sur les lieux mêmes, on emploie le bitume de Maroc comme mortier, comme mastic, comme ardoise, comme moellon, comme pierre de taille, comme brique, comme chaux, comme ciment, comme pouzzolane. On en fait des cuvettes, des meulières, des auges, des plats à barbe, des fontaines, des statues, et jusqu’à des colonnes monumentales. Le bitume de Maroc est véritablement d’un emploi universel.
Du reste, cet ingrédient, à l’opposé de ceux qui usurpent son nom, n’exhale aucune espèce d’odeur désagréable ; liquide, il rappelle le parfum des genêts qui croissent autour des lacs de Mogador ; solidifié, il est inodore au-delà de toute expression.
Ce merveilleux produit naturel serait encore enfoui dans les solitudes de l’Afrique, si un jeune ingénieur civil du plus haut mérite. M. Napoléon Paturot n’eût résolut, au péril de ses jours, de doter sa patrie d’un bitume qui lui manquait. S’aidant du texte grec d’Hérodote et le complétant avec la version phénicienne du Périple d’Hannon, il est parvenu à retrouver des lacs qui semblaient perdus depuis l’éboulement de cette fabuleuse Atlantide, qui n’était qu’un promontoire avancé de la Mauritanie Tingitane. Honneur à M. Napoléon Paturot ! Il a plus fait pour son pays, dans un âge encore assez tendre, que d’autres arrivés au déclin de leur vie ; il a bien mérité des trottoirs et a ouvert aux bas-côtés des boulevards une nouvelle ère.
Dans une audience qu’il a obtenue de S.M. l’empereur de Maroc, Muley XXXIV, M. Napoléon Paturot a obtenu de ce souverain le privilège exclusif, avec jouissance de dix-huit cents ans, de tout le bitume que peuvent produire ses États. La concession embrasse deux mille kilomètres carrés ; elle est sans restriction et sans limites. Un Marocain qui loucherait à ce produit, dont Muley XXXIV a fait le généreux abandon, recevrait la bastonnade sur la plante des pieds, et serait assis sur un pal à la récidive. C’est ainsi qu’au Maroc on inspire le respect de la propriété.
Chimiste d’un ordre supérieur, M. Napoléon Paturot a dû analyser le bitume dont il voulait faire hommage à sa patrie. Cette analyse a prouvé qu’à la rigueur on pourrait extraire de l’argent et même de l’or de ce produit ; il contient, en outre, vingt-deux parties de silicate, trente et une de phosphate, quarante-trois d’oléine, sans compter les parties de platine qui y jouent un grand rôle. Dans un laboratoire attenant aux bureaux de l’administration, le jeune savant opérera la décomposition de tous ces éléments, à la volonté des actionnaires.
Les suffrages des célébrités européennes ne pouvaient pas manquer au Bitume impérial de Maroc. M. de Buch, le plus grand géologue de l’Allemagne, y a reconnu un bitume de première formation. M. Ottfried n’y voulait voir qu’un produit tertiaire ; mais sur un échantillon qui lui a été envoyé, il a déclaré, avec la franchise qui le caractérise, que son opinion se modifiait, et a assigné à ce bitume une origine antérieure encore à celle que lui attribuait M. de Buch. Est-il nécessaire, à côté de ces noms, de citer ceux de M. Picksous de Berlin, Godichson de Londres, Lazarilla de Madrid, et Compérano de Naples, sans compter les illustrations françaises qui composent le comité de surveillance, dont trois députés et dix pairs de France, rappelés seulement pour mémoire ?
Sans nul doute, M. Napoléon Paturot, cessionnaire de S.M. l’empereur de Maroc, aurait pu mettre seul à profit sa merveilleuse découverte. Il ne l’a pas voulu ; il a préféré associer ses concitoyens aux bénéfices de l’exploitation. Ces bénéfices seront immenses. La concession est inépuisable. On a calculé que les lacs de Mogador suffiraient pour daller en bitume l’Europe entière et toute la Russie asiatique. Sur les lieux, l’extraction se fait presque sans frais, et cet ingrédient étant, comme on l’a vu, bienfaisant pour les navires, il est à croire que le fret sera pour ainsi dire compensé par le séjour de la marchandise à bord. Aucun autre article ne possède cette propriété et ne jouirait de cet avantage.
Les évaluations les plus discrètes portent à trois cents le nombre des bâtiments qui pourront aller chaque année prendre un chargement complet de bitume. En estimant la moyenne de ces bâtiments à trois cents tonneaux, on a un total de quatre-vingt-dix mille tonneaux. Maintenant quel sera le profit ? Des hommes graves, vieillis dans le commerce et qui ne se payent pas d’illusions, n’hésiteraient pas à le porter au-delà de trois cents francs le tonneau. N’admettons pas cette donnée ; faisons la part des éventualités, des dépenses imprévues, des mécomptes de tout genre : n’élevons pas au-dessus de cent francs par tonneau le bénéfice présumé.
Alors il reste un calcul à faire.
Cent francs multipliés par quatre-vingt-dix mille tonneaux font une recette de neuf millions. Le capital social est de six millions. Les actionnaires seront donc intégralement remboursés dans le cours de la première année, et auront en outre trois millions à se partager.
S.M. l’empereur de Maroc, Muley XXXIV, a souscrit pour mille actions.
L’Allemagne a demandé qu’on lui réservât cinq cents actions, l’Angleterre six cents, les deux Péninsules trois cents, la Russie quatre cents, les États Barbaresques deux cents.
Il ne me reste plus que huit cents actions à placer en France. Le comité de surveillance en prend la moitié.
M. Napoléon Paturot est prêt à donner aux personnes qui désireront de plus amples renseignements toutes les explications nécessaires. Dans son dernier voyage au Maroc, il a fait dresser le plan cadastral des territoires compris dans la concession. Les lacs de bitume y sont figurés à l’aqua-tinta, et la profondeur en est indiquée.
« Chaque actionnaire a droit à un échantillon de bitume et à cinq mètres carrés de trottoir.
Prochainement un essai sera fait rue de la Paix : le gérant est en instance auprès du préfet de police pour obtenir l’autorisation nécessaire.
S’adresser rue n°
CAPITAL : SIX MILLIONS.
Actions : Mille francs.
Coupons : Cinq cents francs. – Sous-coupons : vingt-cinq francs.
Le gérant, NAPOLÉON PATUROT. »
Voilà ce que je lus dans un journal, monsieur : voilà ce qui circulait sous mon nom, avec ma signature, sous ma responsabilité. La foudre tombant à mes côtés ne m’aurait pas glacé de plus d’effroi que ne le fit la lecture de cette pièce infernale.
Monsieur, dans mon enfance, je n’avais eu autour de moi que de bons exemples, que de saines et pieuses leçons. Mon père était un de ces hommes austères que la loi dit devoir enchaîne à la pauvreté. Simple et faisant le bien, il avait traversé la vie sans éclat, mais non sans honneur : le nom qu’il me léguait avait la pureté du diamant. Ma mère, digue femme, n’avait eu, dans sa courte carrière, qu’une seule ambition, celle de faire de moi un homme religieux et honnête. C’était le tourment de sa pensée et l’objet de ses prières. Le souvenir de mes premières années ne me retraçait donc que des tableaux pleins de sérénité et éclairés de cette douce auréole qui entoure les gens de bien. Jugez de quel œil je dus envisager la situation nouvelle qui m’était faite, le rôle odieux auquel on me vouait, la part effrayante que l’on m’attribuait dans une œuvre d’iniquité, d’escroquerie et de mensonge ! On avait surpris ma bonne foi, a***é de mon inexpérience. J’aurais voulu mourir de honte.
Je me trouvais sous le coup de cette impression quand M. Flouchippe entra dans le bureau avec un air de fatuité négligente, et, regardant autour de lui :
« Eh bien, mon cher, vous devez être content, me dit-il. On vous a logé comme un prince… Mais il manque encore quelque chose à ce mobilier… On ne m’a pas compris… Il faut des divans ici, il faut des pipes turques. Que diable ! vous venez du Maroc ! il faut que vous ayez des objets du Maroc… Couleur locale, ça en impose ! »
Au lieu de répondre à la pensée de cet homme et de me prêter à sa petite diversion, je m’étais placé en face de lui et je le regardais fixement, les bras croisés, résolu à provoquer une explication. Quand je vis qu’il biaisait, j’attaquai de front.
« Vous savez bien que je ne suis jamais allé dans le Maroc. » lui dis-je.
Cette apostrophe directe parut le réveiller : il me regarda avec un dédain protecteur.
« C’est juste, mon cher, répliqua-t-il, vous n’êtes point allé au Maroc ; mais vous auriez pu y aller ; cela suffit. »
Ces paroles et le ton dont elles furent prononcées m’exaspérèrent. Je ne me contins plus, j’éclatai :
« Monsieur, m’écriai-je, cela peut suffire aux fripons, mais non aux honnêtes gens.
– Ah ça, et comment le prenez-vous, mon cher ? Vous êtes singulier, parole d’honneur ! On vous construit une réputation fabuleuse, on fait de vous un chimiste distingué, un savant, un géographe ; on vous ouvre le chemin de la postérité, on vous porte aux nues, on vous crée une position sociale, et tous n’êtes pas content ? Sur quelle herbe avez-vous donc marché ce matin ?
– Vous avez a***é de mon nom, monsieur, répliquai-je ; vous l’avez mis en scène d’une manière qui me compromet, qui révolte ma conscience.
– La conscience ! connais pas. Il fallait faire vos réflexions plus tôt, mon cher. Voilà tout ce que j’y vois.
– Moi, j’y vois autre chose, monsieur ; j’y vois un démenti public à vous donner.
– Allons donc ! pas de mauvaise plaisanterie.
– le plaisante si peu, que je vais de ce pas porter ma déclaration à tous les journaux, dévoiler vos impostures, dénoncer vos bitumes comme chimériques…
– Vous ne le ferez pas.
– Je le ferai, et sur l’heure. »
En même temps, je saisis vivement mon chapeau et m’apprêtai à sortir. Quand l’industriel vit ce mouvement et ne put douter de ma résolution, il changea de tactique, me prévint et quitta la place. Ce départ m’étonna, mais ne changea rien à mon dessein. Je descendis rapidement l’escalier, franchis la porte de la rue, et allais poursuivre mon chemin, quand je me trouvai en face de Malvina.
« Venez avec moi, Jérôme, me dit-elle, j’ai à vous parler. »
Dans sa retraite, le Parthe m’avait lancé son javelot, et s’était replié sur le corps d’armée. C’était lui évidemment qui m’envoyait un tentateur. Mon premier mouvement fut de fuir : impossible ! Malvina s’était emparée de mon bras, et, à moins d’un esclandre, il n’y avait pas moyen de se dérober à cette étreinte. Je la suivis, le cœur plein d’angoisse et comme une victime que l’on conduit au sacrificateur. Elle me ramena au logis, ferma la porte à clef, et là commença une explication des plus orageuses.
Je ne veux pas chercher à pallier mes torts, monsieur ; mais, sur l’honneur, il se livra dans cette chambre un combat de douze heures, mêlé d’imprécations et de larmes, de violences et de prières, comme il est donné à peu d’hommes d’en essuyer. J’essayai de prendre Malvina par les sentiments, je fis un appel à tout ce qu’il y avait en elle d’instincts honnêtes. Malheureusement cette fille, livrée à elle-même dès l’enfance, ne trouvait dans sa vie un peu bohémienne rien qui pût se mettre à l’unisson de mes scrupules. À mes objections elle répondait par des quolibets, et opposait des ricanements à mon cours de morale. Il fallut le prendre sur un ton plus impératif. Pour la première fois, je montrai de la résolution, de la fermeté. Elle se montra plus ferme, plus résolue que moi, m’accabla de sarcasmes, de reproches, de récriminations. Je m’oubliai alors, j’en vins aux injures, et, comme sa résistance ne cessait pas, j’usai de ma force, je méconnus ma dignité, je la battis… Hélas ! monsieur, ce fut ce qui me perdit. Les larmes, les sanglots arrivèrent. J’avais eu de la force contre la menace, je n’en eus pas contre la douleur. J’étais honteux de ma conduite ; je me crus obligé à une réparation, et cette réparation fut l’acquiescement à mon déshonneur. Je consentis à me taire.
Cependant je mis deux conditions à ce silence : la première était que je ne serais pas astreint à jouer le rôle effronté que me réservait le prospectus. Ce rôle, mon patron industriel s’en chargea, et il y avait en lui l’étoffe nécessaire pour le remplir d’une manière plus triomphante et plus fructueuse. La seconde condition était que tous les versements seraient faits entre mes mains et que la clef de la caisse me serait remise. À ma grande surprise, cette clause fut acceptée. Je crus mon honneur à couvert. Dépositaire du fonds social, j’étais toujours le maître, à un moment donné, d’en faire la restitution aux actionnaires et de leur prouver ainsi que, même en trempant dans ces manœuvres, je n’avais agi que dans leurs intérêts.
Est-il maintenant nécessaire de vous dire ce qui survint ? Cette histoire est celle de trente entreprises semblables. Quelques pauvres diables, attirés par l’appât d’un bénéfice exorbitant, éblouis par les amorces du prospectus, se hasardèrent à mettre les pieds dans les bureaux. Ils n’en sortirent qu’aliénés de leurs billets de banque. On leur fit voir du bitume, on le décomposa devant eux, on étala les plans figuratifs de la concession, on déroula le parchemin aux armes de l’empereur de Maroc, où se trouvait tracé, en caractères arabes, le firman du privilège. Les ressources du charlatanisme le plus vulgaire ne furent pas négligées. Deux mulâtres, servant comme employés, passaient pour des dignitaires de S.M. Muley XXXIV ; les commis avaient tous de longues pipes ; on faisait asseoir les visiteurs sur des divans presque au niveau du sol : on leur offrait du café à l’orientale dans de petites tasses de la capacité d’une coquille de noix ; bref, on faisait, suivant l’expression de M. Flouchippe, de la couleur locale.
Les dupes, heureusement, ne furent pas nombreuses. Cinquante mille francs environ furent pipés de cette manière. C’était loin des six millions : mais l’on ne s’attendait pas à une meilleure récolte. Cette somme reposait dans ma caisse, et j’espérais bien qu’elle n’en sortirait qu’à bonnes enseignes. À peine en avais-je distrait quelques centaines de francs pour payer les appointements des employés et les pages des domestiques. Je regardais le capital comme un dépôt, et, il faut le dire, mon patron n’avait jamais laissé percer l’intention d’y loucher. Cela dura ainsi quatre mois.
Un jour qu’une course assez longue m’avait retenu pendant quelques heures loin de nos bureaux, je fus étonné, en y rentrant, de trouver le local désert. Employés et serviteurs, tout s’était éclipsé. À cette vue, l’idée d’une immense mystification me saisit ; je vis comme un gouffre ouvert sous mes pas. Par un mouvement instinctif, je portai la main à la poche où je tenais la clef de ma caisse : cette clef y était ; cela me rassura un peu. J’examinai le coffre : aucune trace de violence ne s’y laissait voir. Je l’ouvris. Monsieur, il était vide ! ! !… Le misérable en avait une double clef.
Éperdu, désespéré, je m’élançai vers ma chambre avec le pressentiment d’un nouveau malheur. J’appelai, je cherchai dans tous les sens, dans tous les coins : personne, personne. Elle aussi, Malvina avait disparu.
Tant de secousses me vainquirent ; un nuage passa devant mes yeux ; mon cœur battait au point que je crus qu’il allait se rompre, les oreilles me sifflaient, tous les objets tourbillonnaient autour de moi, je tombai comme un homme ivre, et m’évanouis.